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lundi, 02 novembre 2009

Immigration : la « banalisation » de la rétention en France

La Cimade dénonce les conditions des immigrés sans-papiersarton17884-5b682.jpg
La Cimade dénonce dans son rapport 2008, publié jeudi, l’« industrialisation » des centres de rétention en France. L’association, qui fournit aide et assistance juridique aux sans-papiers dans « ces univers quasi-carcéraux », s’inquiète notamment de l’ouverture, début 2010, d’un nouveau centre, le Mesnil-Amelot II.
L’« industrialisation de la rétention » poursuit tranquillement son chemin. C’est ce qui ressort du rapport 2008 de la Cimade sur les centres de rétention administrative en France, publié jeudi. L’association d’aide aux étrangers critique la politique des quotas, instaurée en 2003, et menée tambour battant par les autorités françaises depuis la création en 2008 du ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale. La Cimade dresse un état des lieux très détaillé des 12 locaux et 23 centres de rétention en Métropole et en Outre-mer.

L’associaton appelle en outre à la mobilisation contre la mise en service prochaine d’un nouveau centre de rétention, Mesnil-Amelot II. Système de surveillance et de cloisonnement « ultra-moderne », 240 places comprenant un espace spécial familles et enfants, caméras, barbelés, le centre, qui a coûté 50 millions d’euros et dont l’ouverture est prévue début 2010, « accueillera plus d’étrangers qu’il n’y a d’électeurs dans cette petite commune de Seine-et-Marne », ironise la Cimade.

A travers des témoignages, l’association décrit le désespoir des sans-papiers dans ces « univers quasi carcéraux ». Elle dénonce la « banalisation » de l’enfermement et la « violence institutionnelle » qui ont conduit à l’expulsion, en 2008, de personnes malades au mépris de la loi, à l’enfermement de 230 enfants dans un « très grand flou juridique », mais aussi, et dans le but de « gonfler les chiffres », à l’internement de touristes en train de renter chez eux, pratique particulièrement répandue dans les régions frontalières.

Selon la Cimade, en 2008, 32 284 personnes, de 163 nationalités différentes, ont été retenues de 24 heures à 32 jours dans les centres de rétention de la Métropole. Le Maghreb occupe le haut du pavé : 12.32% des internés sont Algériens, 11.89% Marocain, 9.37% Tunisiens.

Une politique « coûteuse »

Combien coûte une expulsion ? La politique des quotas est « coûteuse », selon la Cimade. L’association estime à 533 millions d’euros le coût de la politique globale de reconduite aux frontières, soit 27 000 par expulsion. Un chiffre que conteste la ministre de l’Immigration, Eric Besson, qui affirme que le « coût global de la politique d’éloignement peut être estimé de 232 millions d’euros », soit un montant de 12.000 euros par reconduite, rapporte le journal.

Le rapport 2008 de la Cimade pourrait bien être le dernier. L’association, qui dresse depuis 8 ans un état des lieux de tous les centres de rétention en France, où elle est à ce jour la seule à intervenir, pourrait perdre prochainement son « monopole », au terme d’une longue bataille juridique contre le ministre de l’Immigration, Eric Besson. Ce dernier a signé, en mais dernier, un texte permettant à six autres associations d’assister les sans-papiers dans les centres de rétention. Une stratégie d’ « éclatement » destinée à « affaiblir les droits » des étrangers en instance de reconduite, dénonce l’association. Enième péripétie, le Conseil d’Etat devrait trancher la question dans les jours à venir. A suivre.

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