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mercredi, 21 octobre 2009

Gueule de bois au MR

pict_199282.jpgLundi, 37 personnalités du MR (on murmure qu’elles sont plus nombreuses encore aujourd’hui) ont adressé une lettre à Didier Reynders, le président du MR, lui demandant d’organiser des élections internes. La riposte à la défenestration, organisée il y a moins d’une semaine, de Christine Defraigne, cheffe de groupe au Sénat, ne s’est donc pas fait attendre et la démonstration de force que croyaient apporter les sénateurs fidèles à leur président s’est retournée contre eux.

Didier Reynders, que d’aucuns disent affaibli, dérouté, humainement très atteint par les derniers événements - on le serait à moins - a accusé le coup. Mais il veut faire face et garder le contrôle du Mouvement, un contrôle menacé par la fronde qui prend de plus en plus d’ampleur. La violence des réactions (Jean-Luc Crucke, Véronique Cornet ) tranche avec le calme apparent du communiqué de presse diffusé mardi soir par Didier Reynders : "Assumer la présidence du Mouvement réformateur, c’est aussi être l’artisan farouche de l’unité du parti", écrit-il tout en rappelant que sa présidence répond au choix effectué par une large majorité de militants. Rejetant la logique de confrontation qui conduit à la division, il plaide pour le retour au calme et pour l’ouverture de discussions collectives. Il souligne que cela n’est possible que dans un parti apaisé et conclut : "Assumer la présidence du MR, c’est être à l’écoute de tous pour que chacun trouve sa place dans le parti et contribue à un projet fort, partagé par tous".

Il tend donc la main aux rebelles. Lesquels se demandent si la main restera ouverte ou si elle prendra bientôt la forme d’un poing que l’on frappe sur la table. Il est en tout cas bien difficile de connaître les intentions réelles de chaque camp.

Les rebelles ont décidé de rester très discrets dans leur prise de parole. En tous les cas, jusqu’à ce que la rencontre avec Didier Reynders ait eu lieu. Ils ne veulent pas apparaître, aux yeux des militants, comme ceux qui divisent mais plutôt comme ceux qui cherchent à rassembler. Un statut, on l’a vu, que revendique également le président du MR. Les contestataires ont également désigné un porte-parole, le sénateur Alain Courtois. Et ils ont constitué la délégation qui rencontrera Didier Reynders et défini les arguments qui seront développés pendant la rencontre. Ils le répètent : ce qu’ils veulent, ce sont des élections internes, pas de vagues promesses de rencontre ou de débat. Il faut du concret, du changement.

pict_199282.jpgDu côté de Didier Reynders, on s’étonne, non seulement de l’initiative épistolaire, mais aussi du peu de contenu qui accompagne cette démarche. Que veulent-ils réellement, ces insurgés ? Et qui proposent-ils pour remplacer Didier Reynders dès lors que les Michel, Louis et Charles, refusent ou tardent à se dévoiler. Les partisans de Didier Reynders jugent la démarche particulièrement maladroite car elle conduit, disent-ils, à affaiblir non seulement le président du MR mais aussi et peut-être même surtout, le vice-Premier et ministre des Finances dans son action au sein du gouvernement. Autrement dit, éreinter Reynders, c’est affaiblir sa capacité à défendre les idéaux libéraux. "Il serait bien plus fort, précisément, s’il mettait fin à ce cumul", rétorquent ses opposants.

Parlons-en de ce cumul, précisément. Car la dernière idée qui circule, mais sans doute n’est-ce aussi qu’une rumeur, est que Didier Reynders pourrait peut-être un jour mettre fin à son cumul de fonctions. Mais pas dans le sens souhaité par les insoumis. Certains affirment en effet qu’il pourrait quitter le gouvernement et se consacrer ainsi à 150 % à son parti, le MR. La fin du cumul, n’est-ce pas ce que ses opposants attendent ? La réponse est "non", bien sûr. On sait que ce qu’ils veulent aujourd’hui, c’est tout simplement qu’il plie bagage car ils l’estiment incapable de conduire le MR à la victoire électorale en 2011 et 2012.

Une autre question fait débat dans l’un et l’autre camp. Elle concerne l’entourage du président. Car pour avoir commis tant de fautes stratégiques ces derniers temps ou pour ne pas avoir vu la fronde, il fallait quand même être aveugle et sourd. Des doigts pointent ainsi le porte-parole, Pierre-Yves Jeholet, qui a, semble-t-il, perdu la confiance d’une partie significative du MR. On signale aussi que Daniel Ducarme, l’ancien président, serait à nouveau bien en cour et très influent auprès de Didier Reynders

Que va-t-il se passer à présent ? L’idée d’une contre-lettre, de soutien cette fois, à Didier Reynders, est évoquée dans le camp de ses partisans. Mais d’autres la jugent inutile et dangereuse. Il est vrai qu’à Bruxelles, Didier Reynders semble perdre chaque jour quelques soutiens. La répartition des influences ne serait donc plus à l’avantage du président. On parle aussi de l’idée, au cas où Didier Reynders jetterait l’éponge, d’un président transitoire, qui ferait la jonction entre les deux camps. Un homme s’est dévoilé pour ce travail : Richard Miller, ancien porte-parole de Louis Michel, ancien ministre et ancien président du Parlement wallon, aujourd’hui proche de Didier Reynders. On ne sait jamais : dans une telle guérilla, on aurait peut-être besoin d’un casque bleu.

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