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mercredi, 21 octobre 2009

C’est le jour J pour Villepin

pict_199286.jpgUn jour pour convaincre. Ce mercredi, c’est la dernière occasion dont dispose l’ex-Premier ministre Dominique de Villepin pour, via ses avocats, convaincre le tribunal correctionnel de Paris qu’il est innocent du délit de complicité de dénonciation calomnieuse, pour lequel il est jugé depuis un mois. Le jour J, donc. Avant les plaidoiries des autres prévenus, jeudi et vendredi, et la mise en délibéré du jugement, vendredi soir.

 

Ses avocats ont d’autant plus intérêt à être brillants que leur client vient de subir deux rudes journées. Lundi, l’avocat de Nicolas Sarkozy, emblématique partie civile de ce procès, a accusé Dominique de Villepin d’avoir été le principal instigateur, à des fins politiques, de la cabale qui, en 2004, a faussement accusé l’actuel Président notamment de détenir des comptes bancaires occultes chez Clearstream. Et mardi, comme attendu, le réquisitoire à son encontre (lire ci-contre) a été sévère.

 

Cela dit, de l’avis assez général, si, après un mois d’audiences, Dominique de Villepin se retrouve dans une position guère plus confortable qu’au début du procès, il n’est pas non plus dans une situation intenable.

 

A l’entame du procès, il n’y avait pas de preuves matérielles qu’il avait été au courant dès le début de la falsification des listings de Clearstream ni qu’il avait ordonné leur transmission à la justice. Mais une kyrielle d’accusations, venant de co-prévenus et de témoins, allait dans ce sens. Un mois plus tard, faute d’avoir apporté ces preuves, les audiences ont montré qu’à l’époque, l’ex-Premier ministre s’était intéressé beaucoup plus qu’il ne l’a toujours prétendu à ce dossier potentiellement explosif pour son rival. Et, des confrontations, on n’a pas pu exclure qu’il n’avait pas tout dit, voire qu’il n’avait pas menti. Cela ne redore pas l’image d’un homme qui était déjà réputé orfèvre en petites combines de cabinets noirs.

Mais, d’un strict point de vue juridique, Dominique de Villepin n’a pas été accablé. Pour qu’il soit reconnu coupable de dénonciation calomnieuse, il faut prouver qu’il était au courant de la fausseté des faits qui ont été dénoncés. Or, la tonalité générale qui s’est dégagée des débats était que Dominique de Villepin croyait dur comme fer à la véracité des fichiers de Clearstream.

Mercredi, ses avocats plaideront la bonne foi d’un serviteur de l’Etat qui n’aurait fait que son devoir : laisser les experts creuser un dossier potentiellement sérieux. Et qui, lorsque ces fichiers se sont révélés faux, n’était pas le seul membre du gouvernement à avoir été au courant de leur existence.

Ils mettront aussi le doigt sur les contradictions des co-prévenus et témoins l’ayant accusé. Autre contradiction : ils rappelleront que le parquet lui-même, jadis, avait d’abord conclu à l’absence de charges pesant contre lui. Et tenteront de fragiliser la thèse initiale de l’accusation, selon laquelle il s’est rendu complice de dénonciation calomnieuse en n’ayant pas fait savoir que les listings étaient faux. Une complicité uniquement par abstention, donc : un concept qui, d’après maints juristes, n’est pas aisé à manier.

On ne peut exclure que cette estocade finale fasse mouche auprès des juges. Alors que, depuis un mois, avec une réelle habileté médiatique, Dominique de Villepin a noyé le poisson - ou élevé le débat, c’est selon - en focalisant l’attention sur le fonctionnement d’une justice décrite aux ordres d’un chef de l’Etat qui l’aurait, comme partie civile, privatisée. Des envolées qui n’ont en rien répondu sur le fond mais qui, sur la forme, ont impressionné. Ont, en tout cas, fait sensation sur l’opinion, qui, dans les sondages, a refait de l’intéressé le premier opposant à Nicolas Sarkozy.

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