mardi, 20 octobre 2009
ça Tourbillonne chez les libéraux belges
Lundi 19 octobre. Bruxelles. Avenue de la Toison d’or, 84 le siège du Mouvement réformateur. Il est 9 heures 30. Quatre députés, Frédérique Ries, députée européenne, Marie-Christine Marghem, députée fédérale, Olivier Destrebecq, député fédéral, et Gilles Mouyard, député régional, demandent à être reçus par le président du MR, Didier Reynders. Ils lui remettent une lettre d’une page et demie, signée par 37 personnalités, des députés, ministres, anciens ministres, sénateur. Dans cette lettre, les signataires regrettent que les signes d’apaisement, envoyés par Didier Reynders aux membres en juillet dernier, n’aient pas été suivis d’effet. A preuve : le débarquement pour le moins brutal de la cheffe de groupe au Sénat, Christine Defraigne, et les commentaires violents qui ont suivi. Ils demandent donc que soit organisée une nouvelle élection interne. Et que, dans l’immédiat, Didier Reynders reçoive une délégation des personnes qui contestent sa manière de diriger le Mouvement. Chacun des mots de cette lettre a été pesé et soupesé la veille lors d’une réunion organisée dans un des salons de l’hôtel "Renaissance" à Bruxelles. Renaissance Cela ne s’invente pas. Là, une trentaine d’amis s’y sont réunis pour approuver le contenu de cette lettre, rédigée en direct sur l’ordinateur mis à la disposition des "insoumis". Il ne s’agit nullement de membres organisés en clan ou en famille. Mais les derniers événements les ont rapprochés et ils se sont quasiment juré fidélité et solidarité. Si on touche encore à un cheveu de l’un ou l’autre, tous se mobiliseront. Un pour tous, tous pour un Pour le président du MR, la surprise semble être totale. Il survole la lettre et s’attarde un moment sur le nom des signataires. Il semble accomplir des efforts surhumains pour ne rien laisser transparaître de son trouble interne. Car cette fois, ce ne sont pas que les habituels voltigeurs qui se rebellent. Pas de moins de 37 signatures accompagnent le document : deux membres du gouvernement sur trois (Charles Michel et Olivier Chastel), 27 députés, des anciens ministres, un sénateur Au total : ces personnes représentent plus de 760000 voix. Sur papier et en Wallonie, Didier Reynders semble avoir perdu le contrôle de son parti.
Quelques instants après, le président du MR ouvre la réunion du Conseil de fédération. Surprise : il ne dit mot de cette lettre mais évoque le printemps des réformes, ce congrès qui doit avoir lieu au printemps prochain. Malaise dans la salle.
C’est Alain Courtois, sénateur (un des signataires de l’appel qui avait aussi voté le débarquement de Christine Defraigne) qui se lance : "Tu as reçu une lettre ce matin. On aimerait avoir des réponses de ta part "
Sans savoir très bien de quoi il retourne, la garde rapprochée de Didier Reynders monte en créneau. Daniel Bacquelaine ironise sur la qualité de signataires. D’autres protecteurs habituels prennent la parole : Corine De Permentier, Armand de Decker ou encore Jean-Luc Crucke essayent de minimiser la révolte. En vain. Il est, en revanche, des silences remarqués. Ceux de Pierre-Yves Jeholet, par exemple, le porte-parole du MR, sans doute informé de la teneur de la lettre et surtout de la qualité des signataires.
Les interventions des proches de Didier Reynders provoquent quelques réactions. Celle, très remarquée, de Frédérique Ries qui, rappelant le poids politique de cette démarche, s’en prend aussi à ceux qui essayent de la tourner en ridicule. Elle vise Armand De Decker "à qui il n’était peut-être pas judicieux de confier la tête de liste bruxelloise aux dernières élections ". Elle vise aussi Dominique Tilmans, la nouvelle cheffe de groupe au sénat, laquelle a donné une piètre image du Mouvement en provoquant Christine Defraigne, en radio, vendredi matin. Dominique Tilmans reconnaîtra s’être trompée.
Alain Destexhe, ex-rebelle assagi, conteste le reproche que l’on adresse à Didier Reynders : jamais, dit-il, la liberté de parole n’a été aussi grande au MR. Et il propose un vote.
On attend Louis Michel, un des signataires de la lettre. Il précise que cette démarche n’est pas une démarche de division, qu’il veut, lui aussi l’unité du parti, et qu’il n’est même pas candidat à la présidence. Ce qu’il veut, lui, c’est la présidence de l’assemblée de Nations Unies. D’autres hésitent : Richard Miller ou Marie-Hélène Crombez qui ne savent plus finalement, dans quel camp ils se trouvent.
Didier Reynders reprend la parole. À mots couverts, il admet qu’il est prêt à faire un travail interne et à revoir l’organisation du parti. Mais il le dit avec une certaine fermeté : j’ai été élu il y a un an à la présidence du MR à une très large majorité. Et j’y resterai jusqu’au terme normal de mon mandat. Je n’ai pas l’intention d’ouvrir ce débat-là chaque semaine. Néanmoins, le président se dit prêt à recevoir les personnes qui ont sollicité un entretien.
Fin de l’épisode du 19 octobre. Il y a une semaine, avec l’éviction de Christine Defraigne, ce sont les amis de Didier Reynders qui se frottaient les mains et qui disaient : que cela serve d’exemples à ceux qui osent encore contester notre président. Quelques jours plus tard, la situation s’est complètement renversée. Une chose est sûre: avec le temps, il n’y a plus aucun gagnants. Tous sont perdants.
Que peut-il se passer dans 8 jours ?
09:57 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mr | del.icio.us | Facebook | | |
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