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lundi, 19 octobre 2009

Renault traîné en justice pour un suicide au travail

ren.jpgParler de stress et de souffrance au travail aujourd'hui implique presque nécessairement une référence à France Télécom. Un plan d'ampleur inédite est mis en oeuvre au sein du groupe pour tenter d'enrayer la crise dont souffrent tous les salariés, tandis que le PDG est lui-même de plus en plus contesté, jusqu'au sein même du gouvernement. Le phénomène n'est pourtant pas neuf, et d'autres grands groupes ont connu aussi leurs vagues de suicide. Bien avant France Télécom, il y a ainsi eu Renault, avec la série de suicides de son technocentre de Guyancourt, un vaste pôle de 12.500 salariés. Les maux invoqués étaient très similaires : pression constante de la hiérarchie, dévalorisation permanente des salariés, objectifs inatteignables... L'un des tout premiers cas arrive aujourd'hui devant la justice. Plus précisément devant le tribunal des Affaires de Sécurité Sociale de Nanterre, où Renault est poursuivi pour "faute inexcusable".

Il s'appelait Antonio et il était technicien en informatique de Renault à Guyancourt. Le 20 octobre 2006, il s'était jeté du cinquième étage du bâtiment principal du technocentre. Le commissariat de Guyancourt chargé de l'enquête avait conclu à un suicide. Mais dès le 22 janvier suivant, un autre salarié se noyait. Dès lors, plusieurs suicides devaient se suivre, déclenchant une polémique grandissante au sein du groupe. Une marche silencieuse était organisée par des salariés du technocentre, en hommage à leurs collègues.

"Que mon fils sache que son père n'était pas fou"

L'épouse d'Antonio, pour sa part, devait avoir le plus grand mal à faire reconnaître la mort de son mari comme un accident du travail. D'autant plus que, lors de l'enquête sur ces premiers suicides, le parquet de Versailles, travaillant avec l'Inspection du travail, soulignait alors "qu'aucun élément ni infraction de l'employeur n'avaient été retenus qui auraient pu être liés à la mort de ces deux personnes". L'épouse du technicien en informatique, elle, se souvenait de son mari amaigri, épuisé, dévalorisé et ayant perdu le goût de vivre à cause de la pression de sa hiérarchie et d'objectifs impossibles à atteindre. Elle devait se battre pendant une année pour que le lien soit établi entre cette mort et les conditions de travail, et obtenir une indemnité de l'assurance maladie.

Si elle attaque aujourd'hui le groupe qu'elle accuse d'avoir provoqué la mort de son mari, ce n'est pas pour l'argent, mais, explique-t-elle dans un entretien à France Info, "pour que mon fils sache que son père n'était pas fou". Ce n'est pas non plus par vengeance contre les supérieur directs de son époux décédé, mais pour faire condamner tout un système. Elle ne demandera d'ailleurs qu'un euro symbolique de dommages et intérêts. Pour Renault toutefois, l'incidence financière serait réelle en cas de condamnation : c'est alors au groupe automobile, et non plus à l'assurance maladie, qu'il reviendrait d'indemniser les proches d'Antonio.

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