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mercredi, 02 septembre 2009

Reynders prêt à changer le nom du parti

Didier Reynders rentre en force. Le vice-Premier vise l’équilibre budgétaire en 2015, pousse à baisser la TVA dans l’Horeca et à prolonger la vie des centrales nucléaires. Quant au MR, un grand congrès aura lieu au printemps, sans tabous. Son cumul gouvernement-présidence ? On votera. S’il doit choisir, il choisira la présidence.

On a pris des vacances, cela faisait longtemps que ce n’était plus arrivé ».Didier Reynders, vice- Premier, ministre des Finances, président du MR, nous reçoit à la Toison d’Or, à Bruxelles, au siège du parti. Un choix. Il s’exprime entouré de son staff en communication : Clémentine Barzin (pour le parti), David Maréchal (gouvernement), et de son chef de Cabinet aux Finances, Pierre Wunsch, pris à témoin de la ligne. Que voici.

 

Le débat budgétaire commence. Un trou de 25 milliards d’euros...

D’abord, j’insiste sur le fait que l’on vit les conséquences d’une récession, et pas les conséquences de dépenses dans le secteur bancaire. On a beaucoup investi, 15 milliards d’euros, pour protéger l’épargnant, le personnel et les clients. Mais quelle est la situation aujourd’hui ? Le cours de Dexia est remonté, comme celui de BNP Paribas, et nous sommes payés pour l’ensemble des prêts consentis. Donc la valeur d’investissement est toujours là, le contribuable n’a pas dépensé à fonds perdus.

 

Cela ne pèse pas sur le budget 2009 ?

Le budget gagne de l’argent. Les dividendes payés par BNP Paribas, les remboursements d’emprunts mais aussi le paiement des primes pour des garanties, tout cela rapporte entre 200 et 250 millions de recettes.

 

Cela étant, après le krach financier d’il y a un an, tout peut repartir comme avant ?

Non. Il faut mettre en œuvre les recommandations du groupe Lamfalussy, et de la commission Chambre-Sénat sur la crise financière. Je pense au contrôle macro-prudentiel, avec la création d’un organe où toutes les grandes banques qui ont un impact sur le système économique seraient clairement localisées. Aussi à la protection du consommateur.

 

Quid des bonus et parachutes dorés ?

Je propose que l’on puisse appliquer les règles les plus strictes adoptées au plan international. Des collègues au gouvernement cherchent des solutions via le droit du travail... Je dis que si on n’y arrive pas, on peut agir par la solution fiscale.

 

C’est-à-dire ?

Des mesures fiscales qui pénaliseraient les bonus et les parachutes dorés. Je suis prêt. J’ajoute que je suis favorable à une taxation des opérations financières plus généralement. Ces activités ont quand même entraîné la crise... N’y a-t-il pas moyen d’imaginer un prélèvement des Etats ? Le faire au niveau de la Belgique, cela n’a pas beaucoup de sens. Mais je vois que l’autorité de marché britannique commence à en parler.

D’autres réformes du genre ?

Oui. Il serait bon de se doter d’une loi de crise, qui nous permettrait de prendre rapidement des mesures en cas de défaillance du système. Aux Pays-Bas, le gouverneur de la banque centrale peut mettre la main sur une institution en difficulté, la nationaliser. Je ne dis pas qu’il faut faire la même chose, mais il serait bon de se doter de lois de crise...

 

Les discussions budgétaires commencent. Que proposez-vous pour résorber le déficit ?

Je propose de pointer 2015, et mon raisonnement est le suivant : pour que toute la famille Belgique soit à l’équilibre en 2015, faisons en sorte que tous les membres de la famille soient à l’équilibre en 2015...

Vous proposez de répartir l’effort sur 5 ans ?

On peut réfléchir à des mesures et à une évaluation sur toute la période. Bien sûr, il faut établir les budgets 2010 et 2011, mais tout en traçant des perspectives pour les années suivantes dans de multiples domaines.

 

Dites

...

 

Prenons le nucléaire. Va-t-on oser affronter le débat ? Si on prolonge l’activité des centrales, on peut générer plus de 500 millions de recettes. C’est une des rares façons d’avoir des moyens si l’on veut investir dans l’isolation des maisons, ou dans les transports moins polluants.

 

Et de nouvelles rentrées fiscales ? Vous y êtes favorable ?

Un point sur lequel tout le monde est d’accord : la pression fiscale sur le travail est beaucoup trop élevée. Donc, dans une perspective 2015, il faut la diminuer. Sur les revenus les plus faibles et sur la classe moyenne.

 

Anne Demelenne (FGTB) propose de taxer les plus hauts revenus...

Anne Demelenne dit qu’à partir de 60.000 euros par an, on peut augmenter les taux marginaux... Si on estime qu’à partir de 2.500 euros mensuels net les gens sont suffisamment riches pour payer plus...

 

Donc, pas de taxation renforcée des hauts revenus ?

Le rendement d’une telle fiscalité est très réduit, car ces revenus-là sont à l’étranger ou dans une autre forme de gestion, en société ou autrement.

 

Quelles autres recettes alors ?

On peut, je l’ai dit, opérer des prélèvements sur l’ensemble de l’activité financière professionnelle, la Bourse, les banques, l’économie financière. Il faut mettre un frein à ces activités, et en tirer une recette. L’idée, je le précise, n’est pas d’augmenter le précompte immobilier ou la fiscalité de l’épargne.

 

Bon nombre de vos collègues parlent également de taxes vertes...

J’ai lu Michel Rocard, il parle, lui, de « taxe carbone ».

 

Notez qu’au PS français, Ségolène Royal et Martine Aubry ne sont pas d’accord...

Rocard dit que ce n’est pas parce qu’une idée n’est pas de gauche qu’elle est nécessairement mauvaise...

 

Vous allez taxer le diesel ?

On l’a déjà fait, en instaurant un diesel professionnel, pour les transporteurs routiers. Et pour les autres, il y a des cliquets, et cela fonctionne très bien. On peut donc réfléchir à des transferts de fiscalité vers l’environnement.

 

Taxer les voitures de société ?

On a déjà mis en place un système de déduction en fonction des émissions de CO2. On peut aller plus loin. Exemple : quelqu’un dans une société doit déménager. Pourquoi ne pas intervenir dans son déménagement ou l’achat de sa maison plutôt que de lui payer une voiture ?

 

Sur la table aussi : des réductions de coût dans la fonction publique.

Demandons-nous là encore : de quoi a-t-on besoin comme fonctionnaires d’ici 2015 ? Doit-on remplacer tous les départs partout ?

 

Vous maintenez le projet de baisser la TVA dans l’Horeca ?

On a pris un engagement d’obtenir l’autorisation européenne de baisser la TVA. Les Français viennent de baisser le taux, en excluant les boissons alcoolisées, comme le veut la règle européenne. Opérons de même.

Cela ne creusera pas le déficit ?

Mais si effectivement on crée de l’emploi et on lutte contre la fraude, il y aura un « retour ». Ou prenez les titres-services : ça coûte, mais ça crée de l’emploi.

 

Justement, la CSC propose de supprimer leur avantage fiscal...

C’est une manie de vouloir systématiquement s’en prendre aux revenus du travail. Il y a eu comme un emballement syndical fin août – c’est vrai que le mois a été très chaud – de vouloir s’attaquer aux revenus du travail...

 

Sur la fraude fiscale, certains citent des chiffres faramineux...

Oh, vous savez, il y a des gens qui savent combien il y a de clandestins en Belgique... Je me souviens d’un ministre de la Justice qui avait dit : il y en a 100.000. Très fort. Si quelqu’un me donne le montant de la fraude fiscale, je dis chapeau, et il faut surtout lui demander quelles sont ses sources. L’essentiel de cette fraude, c’est le travail au noir, ces gens qui ne paient pas de cotisations sociales et qui perçoivent un revenu sur lequel il n’y a pas d’impôt. Il est de bon ton de dire que c’est de la fraude fiscale. Mais je signale que si l’inspection sociale arrivait à détecter ce genre de situation, la fiscalité suivrait sans problème...

Il faudra conscientiser les organisations patronales...

C’est vrai. On a beaucoup progressé dans la construction. A une époque, on parlait de « négriers », ne l’oublions pas. La baisse de TVA et les partenariats avec la confédération de la construction a bien fonctionné.

 

Quid de la norme de croissance des soins de santé, de 4,5 % ? La FEB veut la réduire...

La norme existe, et je constate qu’on ne l’utilise jamais pleinement. L’important, c’est de mettre le surplus en réserve pour les années ultérieures, notamment pour les charges de vieillissement, comme Demotte et Onkelinx l’ont fait à la Santé

.

Toutes ces politiques requièrent la collaboration des Régions. Où d’autres majorités gouvernent... L’Olivier, vous en pensez quoi ?

J’attends les mesures. Les programmes, vous savez. Les catalogues...

 

Mais vous ne trouvez rien de scandaleux dans ce que dit l’Olivier jusqu’à présent...

Je n’ai pas entendu grand-chose. J’attends de voir concrètement. J’ai un préjugé, un a priori favorable au sens où j’attends de voir quelles seront concrètement les mesures prises. Mais fondamentalement, dans tout ce que je viens d’évoquer, il y a une série de politiques que l’on peut regarder ensemble. Quand je parle de l’horizon 2015, opérons ensemble, en effet.

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