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lundi, 31 août 2009

Qu’est-ce que l’Islam ?

Par Nikolaos van Dam [1]

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Quelle relation y a-t-il entre l’islam et les actes commis par des personnes qui pratiquent la religion musulmane ? A mon sens, peu de choses ont un lien avec l’islam en tant que religion mais elles lui sont néanmoins attribuées parce que les personnes liées à l’islam se trouvent être musulmans.

Certains actes extrémistes ont été commis par des individus ou des groupes musulmans au nom de l’islam mais ils ne bénéficient pas du soutien de la majorité des musulmans qui, en général, les désapprouvent. Toutefois, il arrive que leur désapprobation ne soit pas assez explicite pour faire entendre que les musulmans radicaux, à l’origine de ces actions, ne représentent en aucune façon une majorité musulmane.

Tout cela a contribué à engendrer les malentendus existants. Beaucoup de ces malentendus ont à voir avec des idées reçues mais pas avec la réalité théorique. Néanmoins, on peut aussi avancer que les idées deviennent des réalités théoriques si les gens croient qu’elles sont justes.

Il appartient donc aux universitaires (musulmans et non-musulmans) de soumettre ces manières de voir à un test de réalité, surtout si ce faisant, cela peut aider à fournir un forum global qui pourrait contribuer à créer une plus grande compréhension mutuelle ainsi qu’une plus forte amitié interculturelle.

L’islam est un sujet brûlant en Occident ; dans le monde musulman aussi d’ailleurs. Beaucoup parlent de l’islam mais peu connaissent le sujet. Si vous voulez organiser un séminaire sur ‘‘La démocratie en Asie du Sud-Est’’ par exemple, la levée de fonds risque de se révéler difficile. En revanche, si vous ajoutez le mot ‘‘islam’’ et orientez le sujet sur le rôle de la démocratie et de l’islam en Asie du Sud-Est, vous multipliez vos chances de réaliser votre objectif.

Néanmoins, il ne convient peut être pas de souligner l’idée de tout rapport entre l’islam et les événements dans le monde. L’islam risquerait de devenir une sorte d’obsession, ajoutant ainsi un malentendu entre les musulmans et les non-musulmans ou entre les prétendus pays musulmans et non-musulmans.

Lorsque l’islam s’est répandu en dehors de la Péninsule arabique et est entré en contact avec d’autres cultures, il s’est adapté à ces régions : plusieurs habitudes et traditions locales ont non seulement été vues comme non-contradictoires avec l’islam, mais ont été plus tard parfois considérées, par les populations locales, comme en harmonie avec l’islam, voire islamiques. Beaucoup de nouveaux musulmans ont gardé une partie de leurs anciennes traditions et, peu à peu, ont fini par soutenir que ces traditions faisaient en fait partie de l’islam.

Plus généralement, on peut dire que dans beaucoup de régions d’Indonésie, l’islam s’est adapté aux cultures et traditions locales, ou qu’il s’est intégré à celles-ci, au lieu de s’adapter à la culture et aux traditions de la Péninsule arabique. On peut avancer qu’un phénomène semblable s’est produit dans d’autres régions considérées aujourd’hui comme appartenant au monde musulman. Dans bien des endroits, et bien qu’elles ne le soient pas vraiment, les habitudes et traditions locales sont considérées comme faisant partie de l’islam. En outre, les manifestations culturelles basées sur les différentes origines religieuses et culturelles coexistent en général pacifiquement en Indonésie.

D’autres pays musulmans ont leurs propres exemples concernant l’héritage culturel local et l’islam qui existent côte à côte. On peut relever, par exemple, que si en Arabie saoudite, qui a une tradition fortement islamique, les femmes n’ont pas le droit de conduire, en République islamique d’Iran, elles sont autorisées à le faire. Ces différences n’ont rien à voir avec l’islam mais plutôt avec les différentes cultures existantes dans ces pays.

De même, le dur traitement infligé aux femmes par les talibans en Afghanistan est bien plus le reflet de coutumes et de comportements régionaux et tribaux que le reflet de l’islam. Jeter de l’acide sur le visage des femmes est un acte qui se produit aussi dans bien d’autres régions d’Asie, notamment l’Inde et le Cambodge, et il peut être considéré comme un geste purement criminel. D’autres exemples concernent la circoncision des femmes, surtout pratiquée en Afrique, et les prétendus crimes ‘‘d’honneur’’.

Mais cela n’empêche pas des régions de plus en plus importantes du monde non-musulman de percevoir ces attitudes comme apparentées à l’islam, ce qui en général a un effet peu favorable sur l’attitude de l’Occident envers cette religion.

Il appartient aux intellectuels musulmans et non-musulmans d’expliquer les questions pertinentes mais aussi de préciser ce qui n’est pas apparenté à l’islam mais plutôt à d’autres facteurs comme la politique, la culture et les traditions locales. En agissant de la sorte, les universitaires ne contribuent pas seulement à dissiper les malentendus, ils permettent aussi de corriger les perceptions erronées.

Lors d’échanges de vues dans le cadre d’un dialogue interculturel ou interreligieux, nous ne devons pas nécessairement discuter des problèmes religieux en tant que tels. Après tout, il est courant pour la plupart des croyants de considérer que leurs propres convictions sont les meilleures et les plus justes. Ce qui importe avant tout, c’est de discuter des valeurs et croyances sous-jacentes que les différentes parties ont en commun.

Source : Jakarta Post, 1er mai 2009, Reproduction autorisée.

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