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lundi, 04 mai 2009

Congo : la coopération belge trop lente, trop dispersée

COLETTE BRAECKMAN  

EXCLU WEB Même s’ils veulent tourner la page et normaliser les relations avec la Belgique, les Congolais ont démontré à Charles Michel qu’ils avaient de la mémoire et qu’ils n’avaient rien oublié des griefs déjà exprimés l’an dernier à propos de la coopération belge, qu’ils estiment trop lente et trop dispersée.

Certes, avec Raymond Tshibanda, Ministre de la Coopération régionale, qui a ouvert avec Charles Michel la réunion du « comité des partenaires « le ton reste courtois, les propos sont feutrés. Mais le message délivré par cet homme qui, voici peu, était encore le directeur de cabinet du chef de l’Etat est on ne peut plus clair : « aux relations privilégiées doit correspondre une coopération exemplaire « Autrement dit, les Belges pourraient mieux faire… Et le ministre de poser subtilement quelques questions brûlantes : les experts nationaux, chargés de former des homologues congolais, sont-ils les meilleurs, les plus qualifiés, les mieux à même de transférer leur expérience ? Ces mêmes experts n’ont-ils pas tendance à se concentrer dans la capitale, où ils se retrouvent à 40 sur un total de 53 ? N’aurait-on pas intérêt à songer aussi au développement de l’intérieur du pays ?

Une autre question soulevée par le ministre est celle du très grand nombre d’organisations non gouvernementales chargées de mettre en œuvre les budgets de l’aide belge, des ONG qui n’informent pas toujours les autorités nationales à propos des actions qu’elles entreprennent…
Sans vouloir raviver d’anciennes polémiques, M.Tshibanda souhaita aussi que les procédures soient allégées et qu’au moment des appels d’offres, il soit mieux tenu compte des difficultés d’une population confrontée à la crise, et surtout des urgences qui se posent dans un pays « post-conflit « où tout reste à faire. Sur ce dernier point, le ministre exprimait visiblement un souci maintes fois évoqué par le président qui sait qu’en 2011 il devra se présenter devant ses électeurs et il relaya aussi une exigence « venue d’en haut « et qui, l’an dernier, avait été à l’origine de la crise avec De Gucht : « la coopération doit être fondée sur le respect mutuel entre les partenaires, au vu de l’importance qu’ils représentent l’un pour l’autre « .
Sur ces deux derniers points, le Congolais jouait sur du velours : non seulement Charles Michel est d’une courtoisie parfaite, mais surtout, soucieux d’efficacité, il souhaite lui aussi simplifier et accélérer les procédures, afin que les déboursements ne prennent pas des années. Le ministre belge préconise également une meilleure concentration de l’aide dans certains secteurs clés, comme les travaux publics, l’éducation et la santé ainsi qu’une meilleure visibilité de l’aide belge qui pour être trop éparpillée passe quelquefois inaperçue…
Répondant à son interlocuteur congolais, Charles Michel rappela cependant qu’en 2008, malgré les relations troublées entre les deux pays, la coopération belge avait déboursé 54 millions d’euros en faveur du Congo, une somme non négligeable, soit un quart du budget triannuel de 195 millions d’euros qui avait été décidé lors de la dernière commission mixte de 2007. De manière tout aussi subtile et courtoise que son homologue congolais, Charles Michel devait aussi rappeler, sans y toucher mais en le disant tout de même, que la Belgique continuait à plaider en faveur du Congo dans les enceintes internationales. C’est-à-dire auprès d’institutions comme le Fonds monétaire international qui, ce mois-ci encore, doit une nouvelle fois se prononcer sur le point de savoir si le Congo peut bénéficier d’une remise de dette substantielle. Un point sur lequel l’avis de la Belgique est incontournable…
A chacune de ses traversées de la ville, le ministre aura en tout cas eu l’occasion de constater que la présence chinoise, elle, est très visible et qu’au vu de l’ampleur des chantiers déjà entamés, il est évident que la coopération sino congolaise est devenue irréversible…

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