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samedi, 11 avril 2009

Mutawakil : «Les talibans

INTERVIEW - L'ancien chef de la diplomatie des talibans estime que les Américains doivent auparavant bâtir un climat de confiance avec les islamistes.

Wakeel Ahmed Mutawakil est l'ancien ministre des Affaires étrangères du gouvernement taliban de Kaboul (1995-2001). Il fut l'un des proches conseillers du chef de ce mouvement islamiste, le mollah Mohammed Omar. Fin et brillant, il se comporte toujours comme s'il était ministre. Il habite à l'ouest de Kaboul, où les services de sécurité afghans surveillent sa demeure. Il s'exprime rarement.

LE FIGARO. - Quel rôle pouvez-vous jouer dans une négociation ?
Ahmed MUTAWAKIL. - C'est déjà une étape remarquable que d'en parler, car la paix dépend de la volonté des deux camps. La majorité des Afghans sont pour ce processus de paix. La communauté internationale joue dans cette partie un rôle positif. La déclaration de M. Obama, à savoir que la guerre n'est pas gagnable par des voies militaires, est positive. Comme le sont les déclarations françaises.

Comment démarrer des négociations ?
Rien de pratique n'est enclenché, sinon que le gouvernement saoudien se dit prêt à les accueillir. Mais aucune commission spécifique n'a été désignée pour entamer ces pourparlers. Les deux parties ne devraient pas imposer de préalables. Il faut commencer par les choses faciles, pas par les choses difficiles. Bâtir un climat de confiance en parlant d'abord des choses consensuelles, les écoles ou les hôpitaux par exemple…

Vous aimeriez jouer un rôle dans ces négociations ?
Oui, certainement. Je connais la majorité des talibans. Si quelqu'un me le demande, j'aimerais exercer une action positive en faveur de la paix dans mon pays.

Comment jugez-vous la Constitution afghane ?
Elle est bonne, en général. Elle a été faite il y a un an, sans que nous soyons représentés, alors que nous sommes majoritaires dans le pays. Elle comporte des articles contradictoires. Par exemple ceux qui concernent la pratique religieuse et d'autres qui parlent du respect des droits de l'homme. Et quelques contradictions sur les dates des élections.

Les talibans seraient-ils prêts à l'accepter ?
Ce serait une seconde étape. La première, c'est que les forces étrangères quittent l'Afghanistan. Mais je ne suis pas un porte-parole officiel des talibans. Je les connais de près, et j'y réfléchis, c'est tout.

Les talibans sont-ils prêts à négocier ?
Oui, je suis certain que les talibans réalisent que la voie militaire est la mauvaise.

Quelles sont les forces des talibans ?
C'est difficile à dire, on ne dispose pas de statistiques ! Même leurs façons de combattre sont diverses. Pour les attentats suicides en ville, il ne faut pas beaucoup de monde. Je suis certain qu'ils ne manquent pas d'armements.

Pensez-vous que les talibans seraient prêts à participer à un gouvernement réunissant diverses tendances ?
Ils ont appris beaucoup de leurs expériences. Ils ont reconnu leurs erreurs. De ces signaux, je déduis qu'ils seraient prêts à partager le pouvoir.

Et vous, quelles leçons avez-vous tirées du passé ?
(Il balaie l'espace de ses mains, et sourit). Évidemment, on apprend toujours beaucoup lorsqu'on exerce des responsabilités. Aujourd'hui, je n'attends rien de personnel. Sinon la paix pour mon pays.

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