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lundi, 22 décembre 2008

Dati et Yade : les kleenex de la diversité ?

Rachida Dati, ministre de la Justice, et Rama Yade, secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères et aux droits de l’Homme, représentaient le symbole de la diversité prônée par le président Nicolas Sarkozy. Aujourd’hui en disgrâce auprès du chef de l’Etat, c’est sur la place publique qu’elles sont vilipendées par ses proches qui réduisent leurs qualités à leur seule origine.arton15960.jpg

Il n’est pas bon de tomber en disgrâce en Sarkozie, surtout quand on est issu de la diversité, le nouveau mot à la mode pour désigner les turpitudes des Français qui ont le malheur d’être réduits à leur carnation. Une fois déchu, les courtisans s’acharnent sur vous. Rachida Dati, ministre de la Justice impopulaire, et Rama Yade, secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères et aux droits de l’Homme récalcitrante, en font les frais. Comme toujours, les courtisans sont plus impitoyables que le monarque, au risque même de nuire au roi. Nadine Morano, secrétaire d’Etat à la famille, qui appartient au "Club des sept", celui des sept ministres proches du président français, n’y est pas allée avec le dos de la cuillère pour commenter mercredi dernier les déboires de ses deux collègues du gouvernement. Deux collègues qui étaient dans un passé pas si lointain, elles aussi, membres de la garde rapprochée du chef de l’Etat. « On n’est pas protégé parce qu’on est d’origine maghrébine ou africaine. On doit (faire) comme les autres, et je dois dire même, plus que les autres, à partir du moment où on vous laisse cette opportunité, on a des devoirs. », a affirmé Nadine Morano lors de l’émission Question d’infos sur La Chaîne Parlementaire (LCP).

Issu de la diversité, reconnaissant tu seras !

Selon la secrétaire d’Etat à la famille, Rama Yade, qui a refusé d’être candidate aux élections européennes comme le souhaitait Nicolas Sarkozy, a « des devoirs comme tous les membres du gouvernement. [..] On n’est pas une icône, on est là pour servir son pays ». La veille, Nicolas Sarkozy, celui qui s’est érigé en chantre de la diversité dans la politique française, annonçait ses différentes mesures pour faire de l’égalité des chances une réalité dans la société française. Rama Yade n’a pas manqué de le souligner en réagissant à la déclaration de Nadine Morano. « Au moment où (il) fait des propositions pour améliorer la diversité dans notre pays, il ne faudrait pas en faire le procès parallèlement », a subtilement noté la secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme. « Il y en a qui n’ont jamais accepté cette diversité (...) et donc des relents conservateurs remontent », a-t-elle précisé.

Les langues se délient donc pour dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Pour Christian Estrosi, le député-maire de Nice, « il y des ministres qui ont de l’expérience, qui ont été des élus, qui ont eu des responsabilités publiques, locales et nationales avant d’être nommés ; d’autre part, il y a une autre catégorie de ministres - dont fait partie Rama Yade - qui ont été choisis pour leur compétence, leur talent, et parce qu’ils représentent éventuellement une certaine diversité ». Et ceux-là, semble-t-il, doivent se montrer éternellement reconnaissants d’avoir eu cet "insigne honneur". Ils doivent notamment, d’après Nadine Morano, en faire « plus que les autres ». C’est ce qu’on appelle aux Etats-Unis, le black tax. Le concept renvoie à cette idée que les Noirs américains doivent en faire deux fois plus que les Blancs, souvent à niveau de compétence égal, pour démontrer qu’ils méritent véritablement leur position. Pendant que les Etats-Unis et le monde saluent ce jour historique du 4 novembre 2008, le jour de l’élection de Barack Obama, le premier président Africain-Américain, la France doit se contenter d’un 17 décembre. Le jour où Nadine Morano, secrétaire d’Etat à la famille, le premier lieu où se mettent en place les valeurs d’une nation, a confirmé l’existence d’une "taxe de la diversité" dans l’Hexagone. De cela, à l’instar de Rama Yade qui avoue tout mettre en oeuvre pour qu’on ne juge que son action, Fadela Amara, la secrétaire d’Etat chargée de la Politique de la ville n’en veut pas. « Moi, je souhaiterais que l’on soit traité comme tout le monde, comme tous les ministres qu’il y a dans le gouvernement », a-t-elle déclaré vendredi dernier.

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