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dimanche, 14 décembre 2008

Madoff, pilier de Wall Street, inculpé pour fraude

C'était l'un des piliers de Wall Street, c'est aujourd'hui l'auteur présumé d'une des plus grandes escroqueries individuelles jamais vues aux Etats-Unis : Bernard Madoff, ancien patron du Nasdaq et courtier de bonne renommée, est poursuivi pour une fraude pyramidale géante, évaluée par lui-même à 50 milliards de dollars. FRAUDE.jpg

Arrêté jeudi par le FBI, Bernard Madoff, 70 ans, a été remis en liberté en échange du versement d'une caution de 10 millions de dollars (7,4 millions d'euros). Inculpé pour fraude criminelle par un juge fédéral de Manhattan, il risque jusqu'à 20 ans de réclusion et cinq millions de dollars d'amende (3,7 millions d'euros). Il est par ailleurs sous le coup d'une plainte au civil de la SEC (Securities and Exchange Commission), le gendarme de la bourse.

Honorablement connu sur la place depuis des décennies, l'influent fondateur de la prestigieuse Bernard L. Madoff Investment Securities LLC avait en fait une seconde activité, secrète celle-là, de conseil en investissement auprès de 11 à 25 clients qui lui avaient selon ses propres dires confié la gestion de 17,1 milliards de dollars (12,8 milliards d'euros). Selon les avocats de plaignants, ces clients pourraient en fait se compter par centaines.

Véritable bombe dans le milieu de la finance, l'affaire a explosé mercredi, selon les documents judiciaires : Madoff a avoué son escroquerie à certains hauts responsables de sa société, reconnaissant qu'il était à la tête d'un gigantesque « schéma de Ponzi » (du nom de Charles Ponzi, le premier à avoir monté ce type d'arnaque en 1919).

Dans une société pyramidale, ce sont les dépôts des nouveaux arrivants qui payent les intérêts des anciens : un mécanisme qui se serait effondré à l'heure de la crise des liquidités et de clients souhaitant récupérer leur mise.

« Tout ça n'est qu'un grand mensonge », aurait donc reconnu Madoff, contraint et forcé, mercredi, se disant « fini » et estimant lui-même ses propres pertes à 50 milliards de dollars (37,4 milliards d'euros).

Selon le FBI, les proches et associés de Madoff ont prévenu la police fédérale après qu'il leur a confessé son escroquerie.

Vendredi, des investisseurs craignant avoir tout perdu et leurs avocats se sont entassés dans un tribunal, mais l'audience a été annulée après l'accord de gel des avoirs intervenu entre Madoff et la SEC : il reviendra à l'administrateur de déterminer le montant des pertes des uns et des autres, et d'évaluer l'ampleur exacte de la fraude.

L'un des investisseurs en question, Lawrence Velvel, 69 ans, recteur de l'Ecole de Droit du Massachusetts, a expliqué qu'il risquait avec un ami d'avoir perdu des millions de dollars : « C'est une catastrophe majeure pour beaucoup de gens. Vous travaillez toute votre vie, vous réussissez à économiser un peu, et la personne à qui vous avez confié vos économies se révèle être un escroc ».

Sterling Equities, une société d'investissement dirigée par Fred Wilpon, le patron de l'équipe de baseball new-yorkaise des Mets, a également reconnu avoir des investissements chez Madoff.

Ancien patron du Nasdaq, le marché américain des valeurs technologiques, Bernard Madoff avait fondé sa propre société en 1960, avec l'argent économisé, selon sa propre légende, en travaillant comme maître nageur sur les plages de Long Island.

Très respecté, il était connu pour ses investissements très rémunérateurs, à la rentabilité régulière. Ses clients, fonds spéculatifs ou investisseurs individuels, souvent des amis de longue date ou attirés par sa bonne réputation, ne s'interrogeaient guère, engrangeant juste de confortables bénéfices.

Avec ce dernier coup dur pour un monde de la finance américaine en pleine déconfiture, la SEC et les autres autorités fédérales de régulation financière se retrouvent plus que jamais sous le feu des critiques : comment ont-elles pu, malgré des inspections régulières de Bernard L. Madoff Investment Securities LLC, ne jamais remarquer les activités parallèles que menait son patron sous leur nez ? « Cela soulève des questions (…) sur la qualité de la régulation en général », estime Barbara Roper, directrice de la protection des investissements à la Fédération des consommateurs d'Amérique.

« C'est de toute évidence un dossier qui devra être étudié à fond par la nouvelle administration Obama ».

L'opacité des hedge funds et l'absence de supervision de ces fonds qui détiendraient des milliards de dollars d'actifs sont en effet tenues pour partiellement responsables de la crise financière qui ébranle la planète.

(d'après AP)


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