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vendredi, 28 novembre 2008

APE : la Côte d’Ivoire quitte le camp des résistants

Le pays a conclu avec l’Union européenne l’accord de partenariat économique intérimaire rejeté par les autres Etats africains

La Côte d’Ivoire a finalisé ce mercredi son accord de partenariat économique (APE) intérimaire signé en décembre 2007 avec l’Union européenne. Elle devient le premier Etat de la sous-région ouest africaine à conclure cet accord décrié par les autres pays. En attendant la libéralisation totale de ses échanges commerciaux avec l’Europe, certains secteurs de l’économie ivoirienne continueront de bénéficier de conditions préférentielles d’accès au marché européen.

La Côte d’Ivoire vient de finaliser l’accord étape devant conduire à l’Accord de partenariat économique (APE) entre l’Union européenne et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). Elle devient ainsi le premier pays de la sous-région ouest-africaine à avoir franchi définitivement cette étape que les autres Etats rejettent.

Bruxelles est ravie : « c’est un événement très important, car nous signons pour la première fois en Afrique un accord de nouvelle génération qui combine intelligemment commerce et aide au développement dans le but d’accéder à la croissance et au développement de la Côte d’Ivoire », a déclaré ce mercredi Karl-Friedrich Falkenberg adjoint au Commerce de la Commission européenne lors de la cérémonie de signature du document.

Cet accord étape prévoit la suppression immédiate des taxes sur un certain nombre des exportations européennes et la diminution progressive des tarifs douaniers sur 15 ans. Ainsi, en attendant la libéralisation totale de ses échanges commerciaux avec l’Europe, la Côte d’Ivoire continuera à bénéficier de conditions préférentielles d’accès au marché européen pour certains secteurs de son économie, dit-on à Bruxelles.

Proposé par l’Union européenne aux Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) pour remplacer l’accord de Cotonou qui régissait les relations commerciales entre les deux zones jusqu’au 31 décembre 2007, l’APE a été rejeté par la grande majorité des pays africains. Selon eux, cet accord détruirait leur tissu économique, puisqu’il propose de démanteler, à terme, les barrières douanières entre le Vieux continent et les pays ACP.

Louis Michel : « la Côte d’Ivoire a Intérêt à signer ces accords »

Mais Bruxelles brandit la non-conformité de l’accord de Cotonou aux normes de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Selon l’institution européenne cet accord ne pouvant plus bénéficier de la dérogation dont il jouissait jusque-là, devait être remplacé. Et le nouvel accord de partenariat économique qu’elle propose était supposé rentrer en vigueur le 1er janvier 2008.

Mais face à la réticence des pays africains à signer cet APE, l’Union européenne a donc proposé un accord intérimaire. Les pays africains, comme la Côte d’Ivoire et le Ghana, gros exportateurs de produits agricoles de base se sont vus signifier l’obligation de le signer. « La Côte d’Ivoire a intérêt à signer les accords commerciaux intérimaires proposés par l’Union européenne, en attendant la conclusion des APE, car, à défaut, à partir du 1er janvier, les bateaux européens ne pourront plus transporter les produits de base ivoiriens, comme la banane et le cacao », avait déclaré en décembre Louis Michel, le Commissaire européen au Développement.

Quelques jours plus tard, les négociateurs ivoiriens, outrepassant les principes de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) lui interdisant de signer unilatéralement un accord commercial international, paraphent cet accord intérimaire. Le Ghana lui emboîtera ensuite les pas. Entériné par les parlementaires ivoiriens, cet accord a été finalisé ce mercredi.

Pourtant, les risques que comporte un tel accord paraissent évidents. Le département Recherche de l’Agence française de développement cite entre autres la baisse considérable des recettes fiscales dont dépendent en grande partie les budgets de nombreux pays, et le risque de désindustrialisation du continent. Une industrialisation pourtant capitale pour le développement et la croissance soutenue en Afrique.

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