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lundi, 13 octobre 2008

NOUVEL ORDRE MONDIAL : Me Wade appelle les intellectuels africains à refuser la marginalisation

La 1ère « World Policy Conférence » de l’IFRI a porté sur 3 questions : « Où en est le monde ? Où va le monde ? Que faire pour mieux orienter le monde ? » Seul africain à y être invité entre une vingtaine de chefs d’Etat et plus de 500 dirigeants du Pnud, d’Europe et du Moyen-Orient, le Président Wade a dès son retour, partagé sa vision avec les intellectuels qu’il exhorte à prendre en charge le destin de l’Afrique dans ce débat.
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Invité à la 1ère édition de la « World Policy Conference », aux côtés du français Sarkozy, du russe Medvedev et d’autres grands de ce monde, le président Abdoulaye Wade a prolongé le débat en invitant les intellectuels africains à prendre le train en marche. Car, selon lui, il s’agit de savoir si l’on cherche à marginaliser l’Afrique où si c’est l’Afrique elle-même qui se marginalise. En effet, réunis autour du thème « Reconstruction de la gouvernance mondiale », une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement ont lancé, sous l’égide de l’Institut français des relations internationales (IFRI), la première réflexion autour du nouvel ordre mondial dont l’avènement est dicté par la profondeur de la crise internationale. Entouré du Premier ministre Cheikh Aguibou Soumaré, du ministre d’Etat, ministres des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, du Cabinet et d’une bonne partie du gouvernement, c’est en professeur qu’il s’est adressé à plusieurs centaines d’universitaires sénégalais et africains résidents, pour partager la vision qu’il a dégagée à la rencontre qui s’est tenue dans la ville historique d’Evian. Face à la crise multiforme dont il a campé les tenants et aboutissants autour d’un effet de dominos déclenché par les crédits de logement aux Usa et aboutissant à des faillites de banques, Abdoulaye Wade se dit optimiste « par conviction de libéral néo-keynésien », parce que le monde a toujours su trouver les ressources nécessaires pour dépasser les problèmes.

Des militants de la cause africaine

Tout comme il est convaincu que l’incidence sera mineure en Afrique où les besoins fondamentaux sont d’ordre alimentaire. Le problème actuel se pose plutôt en termes de marginalisation de l’Afrique, comme elle l’a été dans la composition du Conseil de sécurité où c’est le seul continent non représenté. « L’Afrique s’exclut-elle ou l’exclut-on ? », telle est la question. Sachant que les réformes se feront avec ou sans elle, Me Wade exhorte donc les intellectuels à initier un vaste mouvement continental pour sensibiliser sur la nécessité de prendre le taureau par les cornes afin de ne pas rester sur le banc de touche. Il a réitéré l’idée lancée à la diaspora, selon laquelle ce sont les intellectuels qui font les révolutions, « intellectuels » étant entendu selon lui au sens de « gens capables d’imagination, ayant un certain niveau de culture et de connaissances et engagés dans la cause de l’Afrique ». Pour Me Wade, le système mondial actuel ne pouvait perdurer, en raison de la centralité du dollar qui a d’abord remplacé l’or étalon, avant que d’autres monnaies ne s’imposent comme le Yen ou l’Euro. Parce que dans une telle configuration, l’économie américaine s’est bâtie sur le déficit, perturbant les marchés, pour affecter le reste du monde. Pour le professeur qui l’a expliqué à travers une boutade mettant en scène trois personnes sur une plage, chacun défendant ses intérêts personnels, les Droits de tirages spéciaux (DTS), tout comme les quotas ont maintenu les inégalités, puisqu’ils sont distribués selon la puissance du pays. C’est contre ce rapport de force qu’il préconise de faire entendre la voix des Africains. Estimant sur cette base qu’il n’existe pas de système financier en tant que tel, Me Wade va plus loin en disant que ce qu’il y a lieu de réformer, c’est le système monétaire, voire le système politique, la façon de gérer les finances, le système judiciaire, etc. Ainsi que les organisations internationales, notamment dans le sillage du débat qui est déjà en cours sur le Conseil de sécurité où l’Afrique prétend à un poste avec droit de veto « maintenant ! », en attendant les autres réformes.

Les multiples interventions ont tourné autour de l’idée de mettre en place une structure ad hoc, qui élargira le débat aux autres africains et à la diaspora. Cheikh Tidiane Gadio a campé les avancées actuelles qui dénotent une prise de conscience accrue de cette injustice historique et un début de réponse africaine. Il a appelé ses collègues à éviter l’enlisement, à faire preuve de volonté politique réelle pour aller à l’unité à l’heure où, selon lui, l’Afrique est considérée par les Etats-Unis, l’Inde et les pays d’Asie comme le continent d’avenir.

L’idée du Forum des intellectuels africains sur la gouvernance mondiale a alors pris forme, diverses personnalités ayant été désignées pour piloter différents dossiers.



Auteur: Fara Sambe


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