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lundi, 22 septembre 2008

Belgique - CHAOS au Nord, crise au fédéral : le gouvernement flamand sans majorité, le fédéral dans l'impasse. Leterme s'accroche

On confirme le cartel. On reste, en cartel, au gouvernement flamand. Pour le gouvernement fédéral, on verra plus tard »… Tout est là, dans cette déclaration de Marianne Thyssen, présidente du CD&V, dimanche, vers 19 heures, à Zellik, devant le quartier général de son parti. Le choix des sociaux-chrétiens flamands : le parti d'abord, le gouvernement flamand ensuite, quant au gouvernement fédéral… Qui y croit encore ?
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La crise ouverte vendredi, et confirmée dimanche par la N-VA (lire ci-contre), est ravageuse. Ça brûle désormais sur tous les fronts.

1 Le gouvernement flamand dans le chaos. La N-VA, dimanche, a retiré sa confiance en le gouvernement fédéral et, au passage, signifié son refus de participer au dialogue institutionnel. Or, côté flamand, c'est le gouvernement flamand qui participe aux négociations… Difficile, pour la N-VA, de siéger au gouvernement flamand mais de ne pas en cautionner certaines décisions – toutes celles qui concerneront la réforme de l'Etat. Inimaginable pour les partenaires du CD&V dans l'exécutif flamand, le SP.A et l'Open VLD. Les nationalistes flamands doivent quitter l'exécutif de Kris Peeters réclament, en chœur, leurs partenaires libéraux et socialistes ! Pour les président(e)s du VLD et du SP.A, Bart Somers et Caroline Gennez, la N-VA, et son ministre régional, Geert Bourgeois, doivent être conséquents, s'effacer.

La présidente du SP.A expliquait hier soir sans fioritures : « Le ministre-président Kris Peeters doit faire un choix entre le gouvernement flamand et le tas d'enquiquineurs de la N-VA ».

Martelé dimanche sur les plateaux de la VRT, le message des libéraux et des socialistes flamands s'oppose à une fin de non-recevoir du CD&V. Pour Kris Peeters et Marianne Thyssen, « le cartel reste uni au gouvernement flamand »…

Oui, mais : « Alors le gouvernement flamand n'a plus de majorité », assurent, en retour, les présidents des socialistes et libéraux flamands… Un chassé-croisé infini. Sans issue.

Et ce, alors que, ce lundi, à 15 heures, Kris Peeters, est attendu au Parlement flamand pour y lire sa déclaration de politique générale !… « Et alors que le problème doit être résolu avant », insiste Bart Somers. Dimanche soir, le gouvernement flamand ne tenait plus qu'à un fil. Le fédéral n'est pas mieux loti…

2 Le gouvernement fédéral en danger. Sans la N-VA, les partis flamands du gouvernement (CD&V et VLD) n'ont plus la majorité, à la Chambre, dans le groupe linguistique flamand. Ce n'est pas nécessaire, constitutionnellement ; mais c'est préférable, politiquement.

Ajoutez que la famille « libérale » est dominante désormais au parlement fédéral (41 sièges, contre 34 pour les sociaux-chrétiens). L'autorité d'Yves Leterme, relative déjà, est sujette à caution. Cela sans compter avec l'état de son « cartel », en charpie désormais, au nom duquel il avait remporté les élections de juin 2007 et attiré 800.000 voix sur son nom.

Quid dans ces conditions ? De deux choses l'une. Ou bien le cartel CD&V/N-VA éclate, les chrétiens-démocrates font leur deuil de leur alliance électorale avec les nationalistes de Bart De Wever, et les affaires continuent vaille que vaille, au gouvernement régional flamand, comme au fédéral.

Ou bien l'état-major de l'ex-CVP décide de faire bloc, et alors, le pays roule de crise politique en élections anticipées.

Ce second scénario est tenu pour « vraisemblable », même s'il générerait un chaos incroyable dans le paysage politique. L'hypothétique calendrier électoral : soit aller aux urnes en octobre ou novembre (à quelques mois des élections régionales, une aventure…) ; soit poursuivre au fédéral, via un exécutif technique, de transition, jusqu'à Pâques 2009, et accoler les élections législatives anticipées aux scrutins régionaux et européen, prévu le 7 juin. Une aventure là encore : comment « durer » six à sept mois dans ce climat ?, sans la « confiance » minimale ?

Contre vents et marées, toutefois, Yves Leterme prétend pouvoir continuer. Dimanche matin, il devait d'ailleurs délivrer un message en ce sens. Il espérait pouvoir infléchir le cours des choses au congrès de la N-VA… Se rendant finalement à l'évidence que quelques mots d'apaisement ne suffiraient pas, le Premier ministre a reporté sa communication à la soirée . La confinant au dossier BHV (lire ci-dessous).

Un retour sur la scène belge très attendu : le gouvernement flamand n'a-t-il pas réclamé, dès vendredi soir, des éclaircissements de la part du Premier ministre ? Mais voilà, Yves Leterme était à Moscou. De retour samedi matin, le Premier ministre s'est refusé à tout commentaire… « Il n'a pas pour habitude de commenter l'actualité politique belge depuis l'étranger où il ne maîtrise pas toutes les finesses des dossiers en cours », a précisé son porte-parole… Dommage car, dès ce lundi, Yves Leterme doit (normalement) s'envoler pour New York, où il est attendu au Conseil de sécurité.

3 Le dialogue institutionnel en péril. Officiellement, Kris Peeters va « dans les prochains jours tenter de rendre le dialogue institutionnel crédible ». Pour cela, il entend lever les « incertitudes » nées des déclarations de Didier Reynders qui, vendredi, réclamait une négociation parallèle sur BHV, englobant l'élargissement de Bruxelles et la nomination des bourgmestres – imbuvable pour la Flandre en général, pour la N-VA tout particulièrement. Raison pour laquelle le ministre-président flamand a rencontré, dimanche en fin de soirée Yves Leterme. « Je veux savoir quelle est la position des francophones », a précisé, à son arrivée au Lambermont, Kris Peeters.

A sa sortie, le ministre-président s'est montré confiant. « Le gouvernement fédéral ne prendra pas d'initiative en ce qui concerne BHV », a-t-il indiqué. Reprenant les termes d'un communiqué diffusé quelques minutes auparavant par les services du Premier ministres. « Le gouvernement fédéral ne prendra pas d'initiatives concernant le dossier BHV et les procédures (parlementaires) pendantes sont indépendantes du gouvernement. » Ce communiqué laisse libre cours à toutes les interprétations. Il n'exclut en effet pas la possibilité, pour les francophones, de retarder la procédure en usant du conflit d'intérêt. Par ailleurs, le communiqué n'interdit pas non plus la création d'un groupe de travail sur BHV dont l'initiative ne relèverait pas du gouvernement. « Tout le monde peut négocier », a admis dimanche Kris Peeters. Le communiqué du Premier ministre énonce encore qu'il « doit être possible de surmonter les difficultés restantes afin que le dialogue de communauté à communauté puisse démarrer ».

S'estimant satisfait des garanties reçues, Kris Peeters a annoncé qu'il rencontrerait ce lundi, à 9 h 30, les présidents de parti francophones. Espère-t-il puiser dans cette rencontre des éléments susceptibles de faire revenir la N-VA sur sa décision de ne pas participer au dialogue ? Cela semble hautement improbable, quasi inimaginable. Pourtant, ce n'est qu'à ce prix que Kris Peeters pourra lire sa déclaration gouvernementale.

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