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samedi, 20 septembre 2008

Kabila et Kagamé à couteaux tirés

Les présidents congolais et rwandais s’affrontent par médias interposés
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Le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, accuse son homologue rwandais de soutenir la rébellion qui ensanglante l’est de son pays. Paul Kagamé s’en défend et taxe les accusations du président congolais de « fausses allégations ».

Depuis fin août dernier, les combats ont repris à l’est de la RDC, où l’armée gouvernementale affronte des groupes rebelles, dont le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) du chef rebelle Tutsi congolais Laurent Nkunda constitue la faction la plus active. Jeudi, en déplacement dans la région, Joseph Kabila a accusé le Rwanda d’être impliqué dans la reprise des hostilités. Le Rwanda a tout de suite démenti cette accusation qu’il juge faux et regrettable. La reprise des combats porte un coup dur au processus de paix en cours, et provoque des déplacements massifs de populations. L’Onu de son côté déplore le pillage des centres de santé par les belligérants.

Passe d’armes diplomatique entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. Jeudi, Joseph Kabila a accusé le Rwanda d’être impliqué dans la reprise de la guerre à l’est de la RDC. « Le Rwanda n’est pas loin des événements qui se passent actuellement au Nord Kivu, il n’est pas innocent non plus », a déclaré, jeudi, Joseph Kabila au cours d’un point de presse à Goma la capitale de cette province dans laquelle il effectuait un séjour de travail de six jours. « Les autres pays limitrophes, l’Ouganda, le Burundi, la Tanzanie sont bien avec nous. Nous avons déjà suivi plusieurs mécanismes pour rétablir la coopération avec le Rwanda, mais ça n’a pas encore bien marché », avait ajouté le président de la RDC.

Des accusations immédiatement démenti par le Rwanda. « Le Rwanda n’a jamais apporté son soutien au mouvement rebelle du général Nkunda », a soutenu jeudi dans la soirée Rosemary Museminali, la ministre rwandaise des affaires étrangères, qualifiant au passage les accusations de M. Kabila de « fausses allégations ».

De fait, les combats entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), l’armée régulière, et les rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) du chef rebelle Tutsi congolais Laurent Nkunda ont repris le 28 août dernier dans les collines de la province du Nord-Kivu, frontalière du Rwanda. Une transgression du cessez-le feu consécutif à l’accord de paix signé le 28 janvier à Goma (RDC), entre le gouvernement congolais, le CNDP et une vingtaine de groupes armés locaux.

Les combats ont repris au Nord-Kivu

Pour les détracteurs de Laurent Nkunda, celui-ci est instrumentalisé par Kigali. M. Kunda n’a pas commenté cette accusation contestée par le Rwanda. Son mouvement, le CNDP, s’est retiré depuis plusieurs mois du programme baptisé Amani mis en place pour faire appliquer l’accord de paix de Goma. Cet accord prévoyait l’éloignement réciproque des belligérants de leurs positions respectives pour permettre l’interposition des casques bleus de l’Onu et de la police congolaise.

Fidèle à ce processus, Joseph Kabila demande depuis au CNDP de rentrer sans condition dans les négociations de paix. Mais Laurent Nkunda ne l’entend pas de cette oreille. S’appuyant visiblement sur la combativité de son mouvement sur le terrain militaire – le CNDP a notamment repris aux FARDC les localités de Ngungu, dans le Nord-Kivu, et celle de Nundi dans le Sud-Kivu- le chef rebelle a déclaré avoir définitivement quitté le processus de paix. Il exige désormais d’avoir des négociations directes avec Kinshasa, dans un pays neutre. Elles pourraient, selon lui, se tenir à Addis Abeba la capitale éthiopienne, siège de l’Union africaine.

La reprise des combats à l’est du Congo a entraîné un vaste mouvement des populations civiles. Selon l’ONU, près de 100 000 personnes auraient ainsi été contraintes de se déplacer. L’ONU accuse également les différents belligérants de dévaster les centres de santé. « Nous devons déplorer des pillages systématiques de toutes les structures de santé dans les zones de combat. Ces pillages sont commis par toutes les forces en présence, sans exception », a déploré Nestor Yombo Djema, un porte-parole du bureau de coordination des Affaires humanitaires (OCHA) de l’ONU. Selon lui, l’absence de soins médicaux et l’indisponibilité des médicaments compliqueraient d’avantage la situation humanitaire.

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