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lundi, 01 septembre 2008

Milquet : « Des myopes face aux défis »

EMPLOI, ASILE, immigration, la ministre Joëlle Milquet entend passer à l'action. Selon elle, la situation est « grave ».e292158d36f6362200ca24134e26ca07.jpg

Comme toujours : constructif, volontaire et ferme. Ce gouvernement n'est pas nécessairement une histoire d'amour – je suis lucide sur les “attelages” imposés du moment – mais nous avons l'obligation morale d'assurer un avenir institutionnel à ce pays et, surtout, d'appréhender une situation socio-économique grave. Je reconnais que les derniers mois nous ont fait nous investir jusqu'à l'extrême pour des résultats qui ne sont pas ce que j'aurais souhaité… Il n'y a pas toujours eu la volonté politique autour de la table. Et j'appelle à la solidarité entre partenaires et partis.

UCB, sans-papiers, pouvoir d'achat, contrôle budgétaire, la rentrée s'annonce surtout socio-économique


Elle doit être socio-économique ! L'institutionnel est un outil. Le 14 octobre, jour de la rentrée du parlement, le gouvernement doit se présenter devant le parlement avec un budget audacieux et en équilibre. Et un plan de relance sociale et économique concerté avec les partenaires sociaux, pour un accord interprofessionnel équilibré, et avec les Régions.

Le CDH avait annoncé, pour la rentrée, une évaluation des réalisations, au vu des promesses de l'accord de gouvernement. Un premier bilan ?

Il y a eu des avancées en matière budgétaire et d'emploi. Nous aurions pu avoir un accord sur l'asile et l'immigration pour le 15 juillet. Nous n'avons pas apprécié la manière dont l'année s'est terminée… Il y a eu une volonté manifeste de ne pas aboutir dans le chef de certaines formations politiques, dont celle de la ministre en charge (NDLR, Annemie Turtelboom, Open VLD). Pour le 14 octobre, il nous faut un accord sur la circulaire des sans-papiers, sur la nationalité, l'immigration économique et le regroupement familial, dans le respect de l'accord de gouvernement.

Le gouvernement est toujours confronté à une double problématique : le maintien du pouvoir d'achat et celui de la compétitivité des entreprises


Pour la compétitivité des entreprises, nous ne pouvons pas nier notre handicap salarial. Nous voulons réduire de manière importante le coût du travail. Nous allons drastiquement simplifier les plans d'embauche, limiter les groupes cibles. Cinq cents millions (sur un budget de sept cents millions) seront affectés à la réduction du coût du travail pour l'ensemble des entreprises. Et au moins 60 % de ces 500 millions seront ciblés radicalement sur les bas salaires. J'aimerais que cela soit conclu au cours du dernier trimestre 2008. Outre les bas salaires, d'autres mesures cibleront les chercheurs, le travail en équipe et les heures supplémentaires. Tout cela sera négocié dans l'accord interprofessionnel. On pourrait ainsi arriver à ce qu'en 2009 on n'ait plus que 10 % de cotisation patronale sur les bas salaires, à redéfinir. L'ambition est d'arriver à 0 %, au terme de cette législature, en 2011. Par ailleurs, pour le travailleur à bas salaire (environ 1.300 euros), il y aurait, au 1er octobre 2008, une réduction de la cotisation personnelle allant jusqu'à 175 euros. Avec, à terme également, 0 % de cotisation personnelle pour ces bas salaires.

Pouvez-vous garantir la pérennité de l'indexation des salaires ?

Elle a un impact très lourd pour les entreprises mais elle ne peut pas être remise en question…

Quelles autres mesures envisagez-vous pour le maintien du pouvoir d'achat ?

En septembre, l'enveloppe de la liaison au bien-être des allocations – minimums sociaux, pensions, etc. – devra être décidée par les partenaires sociaux, soit 375 millions étalés sur deux ans. Au 1er octobre, le revenu minimum garanti va augmenter de 25 euros. On a relevé la quotité exonérée d'impôts à 6.400 euros, etc. Au-delà de cette enveloppe “bien-être”, il nous en faut une seconde, pour le rattrapage des pensions les plus anciennes et les plus basses. A la fin de la législature, nous devrions arriver à une augmentation de 3 % pour toutes les pensions (5 % pour les plus basses d'entre elles), et à un treizième mois d'allocations familiales.

Sur le plan institutionnel, les médiateurs ont annoncé une réforme « approfondie » de l'Etat…

Il faut une réforme équilibrée. Ce n'est pas parce qu'il y a des crispations et du chantage qu'il faut que, in fine, les francophones reproduisent les erreurs du passé : faire les carpettes pour répondre aux ukases… Trouvons une méthode de négociation qui implique tous les niveaux de pouvoir, Région bruxelloise y compris… Pour respecter la Constitution. Un des points faibles de notre fédéralisme est l'insuffisance de coopération entre les entités. Mais il faudra toujours une stratégie nationale en matière d'emploi, par exemple.

Certains, en Flandre, souhaitent remplacer la solidarité interpersonnelle par la solidarité interrégionale…

C'est le piège où il ne faut pas tomber… La sécurité interpersonnelle est garantie par la Sécurité sociale, le “business” du fédéral…

Votre université d'été s'est penchée sur « une société en Révolutions »


Quand je vois l'absurdité de nos débats belges, enfermés dans un aquarium, je me dis : “où sommes-nous ?” On se trouve face à des défis – énergétique, démographique, environnemental, familial, éducatif, de consommation et de communication – planétaires. Et nous, partis politiques, nous sommes myopes, empêtrés dans des débats sur les outils institutionnels ! Notre société est beaucoup trop figée et conservatrice. Retrouvons les valeurs et donnons du sens aux choses.

Estimez-vous raisonnable que le patron de Belgacom gagne jusqu'à deux millions d'euros par an (salaire revu à la baisse), quelles que soient, par ailleurs, ses compétences et ses performances ?

C'est évidemment très choquant, disproportionné et déraisonnable. Il y a une dichotomie totale avec le salaire moyen de la population européenne et mondiale. Mais nous vivons dans une économie mondialisée, il n'y a pas de règle de gouvernance internationale, il n'y a que des codes de bonne conduite. Il faudrait évidemment encadrer tout cela…

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