mercredi, 16 juillet 2008
Belgique , à quand la fin de la crise politique?
La première option demeure le maintien d'Yves Leterme au "16". Mais les Flamands considèrent que le tour des francophones est arrivé. L'heure de Didier Reynders, président du MR est-elle enfin arrivée ? Prématuré.
Et maintenant, que peut-il se passer ? Le maintien d'Yves Leterme ? Le sacre de Didier Reynders ? De nouvelles élections ?
1 Yves Leterme reste Premier ministre. Aussi surprenant que cela puisse paraître, c'est la première option citée par les présidents de partis francophones de la majorité. Pourquoi ? Principalement pour ne pas réduire à néant le travail socio-économique réalisé par le gouvernement. Il faut rappeler que l'équipe d'Yves Leterme venait de boucler avec succès un ajustement budgétaire, dégager des marges financières et dessiner un plan pluriannuel social et fiscal qui offraient aux citoyens (salariés, familles, pensionnés, chômeurs) la perspective d'un renforcement de leur pouvoir d'achat.
Dans les discours, les hommes et femmes politiques (francophones !), n'excluaient pas hier le maintien d'Yves Leterme au "16". En Flandre, en revanche, le CD&V estime, lui, avoir assez donné et assez sacrifié d'hommes : Leterme, Dehaene, Van Rompuy.
Si Yves Leterme venait à rempiler, ce serait évidemment dans un cadre plus stricte, avec un calendrier plus serré et avec des garanties très précises en terme de calendrier et de contenu. Donc voilà le plan A : on remet Yves Leterme en piste... jusqu'à la prochaine démission ?
2 On prend un autre Premier ministre flamand. Il n'y a pas mille formules possibles. En Flandre, on l'a dit, le CD&V, n'a plus beaucoup de candidats. Leterme brûlé, ne resteraient que Kris Peeters (lequel est sans doute trop bien là où il est à la présidence du gouvernement flamand), Jo Vandeurzen (sympathique mais pas assez d'envergure) ou encore Heman Van Rompuy (mais il ne fait plus de consensus au sein de son parti). Chez les libéraux flamands, on imagine que Guy Verhofstadt y pense de temps à autre et que si on le lui proposait, il n'est pas certain qu'il préférerait rester en Toscane. Problème, dans son parti, on ne l'attend pas les bras ouverts. Donc on oublie.
3 On choisit un Premier ministre francophone. Enfin ! Quarante ans que les francophones attendent cela. Qui ? Pour l'instant, il n'y a qu'un homme qui soit en mesure de revendiquer ce poste : Didier Reynders, le président du MR, actuel vice-premier ministre et ministre des Finances. Il y a un an, déjà, il avait bien cru que son heure était arrivée. Mais son humour tranchant l'avait rendu peu sympathique à une partie de la Flandre. Et surtout, les autres partis francophones, par peur peut-être de le voir réussir... ne semblaient pas prêts à le soutenir.
Aujourd'hui, la donne a un peu changé. D'abord, les échecs successifs d'Yves Leterme ont démontré à la Flandre qu'il ne suffisait pas d'être Flamand pour être un bon Premier ministre et imposer une réforme de l'Etat. Donc l'idée d'un Premier ministre francophone, théorique il y a quelques mois encore, refait surface. Certains, au Nord du pays, sont même persuadés qu'ils obtiendraient plus, en matière de réforme de l'Etat, avec un Premier ministre francophone. Car ils feraient ainsi payer au locataire du "16" le poste de Premier ministre en termes de concessions institutionnelles. Suivant cette logique, le meilleur supporter de Didier Reynders est... Bart De Wever.
Chez les libéraux francophones, on retient donc son souffle. Et l'on envoie des messages aux Flamands. Oui, les libéraux francophones sont partisans d'une grande réforme de l'Etat. "P as d'un petit lifting, pas d'un simple maquillage à la commissure des lèvres", explique Louis Michel (voir page 5) qui exhorte les francophones à ne pas avoir peur de prendre de nouvelles responsabilités. "Les francophones, dit-il, ne peuvent plus échapper à leur propre réalité. Il est temps d'accorder plus de responsabilités aux entités fédérées." Avec ce genre de déclarations, les Flamands ne devraient plus être effrayés à l'idée de rompre la très longue lignée de Premiers ministres flamands. Le 48e Premier ministre belge pourrait donc être un francophone, un libéral francophone. Beau cadeau pour un homme qui fêtera, début août son 50e anniversaire.
Mais on en est encore loin, même si les autres présidents francophones sont, en paroles en tous les cas, moins réticents à l'idée de voir Didier Reynders embrasser la charge la plus élevée de l'Etat. Ainsi, Elio Di Rupo a-t-il précisé que son parti était disposé à soutenir toute personnalité voulant assurer la stabilité du gouvernement. Mais à condition, a-t-il souligné, "que les francophones ne paient pas le prix fort". Un sentiment partagé par la présidente du CDH, Joëlle Milquet. C'est donc un "oui, mais" qui remplace le "non" d'il y a quelques mois.
4 Et si l'on anticipait les élections ? Quel en serait l'avantage ? Les Belges ont déjà voté en juin 2007. Ils voteront, pour les élections régionales et européennes, en juin 2009. Organiser de nouvelles élections à l'automne ne serait pas très sérieux. Et cela ne ferait, sans doute, que renforcer les partis extrémistes ou vaguement poujadistes au Nord du pays. Au Sud, même Jean-Michel Javaux, co-président d'Ecolo, s'est déclaré peu favorable à l'anticipation de nouvelles élections. Le sentiment est qu'un nouveau gouvernement issu d'une nouvelle majorité ne changerait pas grand-chose à la donne actuelle. Mieux vaut sans doute attendre 2009 et voir si, à ce moment-là, il ne sera pas préférable de jumeler les élections fédérales et régionales. Notons encore que selon certains, il faudra résoudre le dossier BHV avant l'organisation de nouvelles élections fédérales pour répondre aux objections de la Cour d'arbitrage. D'autres estiment que ce n'est pas nécessaire.
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