vendredi, 11 juillet 2008
Sarkozy affirme que personne ne peut lui interdire de rencontrer le dalaï lama
STRASBOURG (Parlement européen) (AFP) - Le président français Nicolas Sarkozy a averti jeudi la Chine que personne ne pouvait lui "interdire" de rencontrer un prix Nobel comme le dalaï lama, et qu'il "communiquerait le moment venu" sur une éventuelle rencontre .
Interrogé lors d'une conférence de presse au Parlement européen à Strasbourg sur une rencontre avec le leader spirituel tibétain lors de sa venue en France en août, M. Sarkozy a répondu: "est-ce qu'il serait interdit de rencontrer un prix Nobel? Je me demande bien qui pourrait interdire une chose pareille".
Toutefois, il n'a pas dit clairement s'il le verrait. "J'aurais l'occasion de prendre d'autres initiatives et je les communiquerai le moment venu", a-t-il simplement ajouté.
Le chef de l'Etat français, président en exercice de l'UE, a ensuite fustigé en des termes très durs les mises en garde formulées cette semaine par l'ambassadeur de la Chine en France, M. Kong Quan.
"J'ai dit que les propos de l'ambassadeur de Chine étaient maladroits, étaient déplacés. Je rajoute qu'ils ont donné le sentiment d'une brutalité que je n'accepte pas", a-t-il déclaré. "Il s'est excusé. L'incident est clos", a ajouté le chef de l'Etat.
L'ambassadeur de Chine avait mis en garde les autorités françaises contre une rencontre avec le dalaï lama.
"Nous nous opposons à ce que les chefs d'Etat le reçoivent à l'étranger, ce qui pourrait très bien être considéré comme une sorte de soutien", avait-il lancé mardi à paris, après avoir menacé de "conséquences graves" sur les relations bilatérales en cas de rencontre avec le dalaï lama.
"L'ambassadeur de France en Chine a depuis fait un communiqué expliquant qu'il n'y avait pas de condition posée. D'ailleurs ses propos ne correspondaient en rien avec l'entretien que j'ai eu avec le président Hu Jintao" pendant le G8, a souligné jeudi le chef de l'Etat français.
"Il y a des choses que la Chine ne doit pas dire aux pays européens et notamment à la France" parce qu'ils "doivent être respectés au même égard que la Chine", a-t-il estimé devant le Parlement européen, en allusion à l'opposition de Pékin à toute rencontre entre Nicolas Sarkozy et le chef spirituel des Tibétains.
"Ce n'est pas à la Chine de fixer mon agenda et mes rendez-vous", a-t-il précisé.
Au chef du groupe parlementaire libéral Graham Watson qui lui avait demandé de "jouer collectif" en ne se rendant pas au nom de la présidence française de l'Union européenne à Pékin, M. Sarkozy a réaffirmé à Strasbourg avoir "reçu de tous les pays membres un accord" pour s'y rendre.
"A l'heure où je parle, treize seront représentés" à cette cérémonie, a-t-il ajouté.
"C'est une honte, c'est minable d'aller à l'ouverture des Jeux Olympiques", a tonné le coprésident des Verts, Daniel Cohn-Bendit, très ému, en soulignant que Nicolas Sarkozy avait "une occasion en or" de dire : "Je ne participerai pas à la mascarade du Parti communiste chinois".
"La France nous a donné les droits de l'Homme, maintenant la France doit être au premier plan dans leur défense, chez nous mais aussi à l'étranger en utilisant l'Union pour la Méditerranée et en condamnant les atteintes de la Chine envers les dissidents", avait ajouté pour sa part Graham Watson.
"Chacun a le droit d'avoir un regard sur la meilleure façon" de défendre les droits de l'Homme, leur a répondu le président français, tout en estimant que "ce n'est pas par l'humiliation de la Chine que l'on fera progresser la question des Droits de l'Homme".
Soulignant qu'il entendait "y aller, et parler des droits de l'Hommme, et les défendre", M. Sarkozy a précisé qu'il ne pensait "pas qu'on puisse boycotter un quart de l'humanité".
Avant l'intervention du président français devant la séance plénière, les députés européens avaient adopté une résolution très modérée des socialistes et des conservateurs qui, tout en déplorant la situation toujours "préoccupante" en Chine, évite d'aborder la question d'un boycott de la cérémonie d'ouverture des jeux Olympiques.
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