Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 11 juillet 2008

Ou va la Belgique?

Les Flamands attendent que les francophones entrent dans leur logique confédérale. Les francophones estiment avoir déjà fait des concessions et attendent des gestes précis concernant BHV. Yves Leterme se démène mais reste dans son camp.
42cd3d2b2415d1daaaac5ccc421990ef.jpg
Entre les présidents de partis, les ponts ne sont pas rompus. Chacun est conscient de l'enjeu, de la gravité de la situation. La volonté d'aboutir à un bon accord institutionnel demeure. Mais, tous le confessent, au Nord comme au Sud, la situation est délicate et la recherche du compromis est très difficile. Extrêmement difficile.

Pourquoi ? Parce que chacun attend que l'autre pose le premier pas. Au Nord, on estime que les francophones disent non à tout. Au Sud, on pense que les francophones ont, au contraire, déjà formulé de grandes concessions. Et qu'il appartient aux Flamands, à présent, de pratiquer des ouvertures, sur BHV notamment, plutôt que pratiquer la technique habituelle : offrir des droits aux francophones mais confier la tutelle de ce nouveau droit à la Flandre qui peut, d'un seul coup de décret magique, le réduire ou le biffer de la Constitution. C'est ce qui s'est déjà passé avec les facilités, rognées de décret en décret, voire anéanties d'une simple circulaire. Ainsi, aujourd'hui, pour compenser la scission de BHV, les Flamands acceptent-ils du bout des lèvres l'idée de transférer l'une ou l'autre voie de mobilité entre Bruxelles et la Wallonie. Mais ce serait pour en confier la tutelle à une cogestion assurée par les deux Régions. Inacceptable pour les francophones qui exigent, à tout le moins, que la responsabilité du sort de cette liaison soit confiée au pouvoir fédéral, seul réel lieu de discussion entre les deux Communautés. De toute manière, échanger la scission BHV contre une simple voie de mobilité serait hautement insuffisant pour les francophones qui attendent, exigent le maintien de véritables droits électoraux, administratifs et judiciaires pour les francophones installés en Flandre. Pas ceux de Gand ou d'Anvers, comme tentent de le faire croire les hommes politiques flamands. Mais ceux qui, résidant dans des communes à statut linguistique spécial, bénéficient aujourd'hui de droits inscrits dans la Constitution.

Les transferts

Pourtant, si les partis flamands pratiquaient une vraie ouverture sur BHV, il est probable que les francophones iraient assez vite et assez loin dans les transferts de compétences vers les Régions et les Communautés. Certains l'ont bien compris en Flandre. Mais il semble que les négociateurs, ou certains d'entre eux, soient traumatisés à l'idée de se voir conspuer par les ultras flamingants et par une partie de la presse, qui continuent d'espérer le "grand soir" institutionnel.

Le financement, parlons-en justement. Là aussi, les francophones ont réalisé des ouvertures importantes. Le passage, progressif, d'un système de dotation attribué aux entités fédérées à celui d'une responsabilité financière accrue semble accepté par les francophones. Mais pas à n'importe quelles conditions, évidemment. Celles couchées sur papier par les négociateurs flamands dans les notes déposées par Yves Leterme organisaient l'étranglement financier des francophones et des Wallons. Or il existe des clés, objectives (la natalité, la scolarité, par exemple) permettant de déterminer un autre financement plus juste. Là encore, les Flamands semblent hésiter à accepter un principe qui ne soit pas le copier-coller de leurs revendications.

Yves Leterme

Et Yves Leterme ? On le dit, non pas transformé, mais en tous les cas assidu, concentré et prolifique. Mercredi soir, par exemple, il a proposé un concept pour la Région bruxelloise, une sorte de Communauté urbaine rebaptisée "groupe européen d'intérêt économique" (© Yves Leterme). Mais il conserve lui aussi une peur bleue de se départir des balises flamandes, sous peine de se voir déshabiller par les partis flamands... et le sien en particulier. Osera-t-il prendre ses responsabilités ? (Voir page 3).

Bon. Que peut-on attendre, voire espérer pour les prochains jours ? Le comité de pilotage reprendra ses travaux samedi matin. Hors une petite escapade dimanche à Paris pour la création de l'Union Europe-Méditerrannée, le Premier ministre ne devrait pas quitter son bureau, ses notes, son ordinateur et ses négociateurs.

L'avenir ?

Ensuite. Soit les négociateurs débouchent sur un accord institutionnel global mais vague. Soit Yves Leterme se contente de présenter, le 15 à 15 heures, une déclaration d'intention, reportant la négociation à plus tard, mais une déclaration contenant un programme social et fiscal ambitieux, espérant ainsi rencontrer les attentes de ses concitoyens. Ceux du Sud, peut-être. Ceux du Nord, abreuvés de promesses institutionnelles ? Pas sûr.

V.d.W. et M. Bu.

Les commentaires sont fermés.