mardi, 10 juin 2008
Belgique: Voilà un an que le royaume demeure sans être gouverné
C'était il y a un an. Yves Leterme et le CD&V sortaient vainqueurs des élections fédérales au nord du pays. Didier Reynders, lui, réussissait à "faire bouger le centre de gravité politique" au sud du pays.
C'était le 10 juin 2007. Les électeurs allaient figer un paysage politique délicat. 365 jours plus tard, les blocages demeurent, les questions vitales et essentielles restent sans réponse. Dans un an, on revotera déjà. Pour renouveler les assemblées régionales. Et peut-être aussi fédérales.
Un an plus tard, après la plus longue crise que le pays ait jamais connue, la Belgique ne figure plus au rang des pays "ingouvernés". Est-elle passée dans la catégorie des pays "ingouvernables" ?
Rarement, les Belges auront à ce point douté de leur avenir commun. Aura-t-il un jour 200 ans, ce pays ?
La question, complètement déplacée, grossière, inconvenante il y a peu de temps encore, est aujourd'hui sur beaucoup de lèvres. Au nord du pays, où les indépendantistes gagnent tous les jours du terrain. Mais au Sud aussi, où les velléités séparatistes des Flamands entraînent des réactions du style : s'ils veulent leur indépendance, qu'ils la prennent... Pas par conviction. Mais parce que la vie, ensemble, est de plus en plus conflictuelle. Et parce que les francophones, qu'ils soient Bruxellois ou habitants de Wallonie, ne veulent plus être montrés du doigt, être considérés comme les fainéants du Royaume, comme ceux qui empêchent la Flandre de décoller.
Faut-il pour autant baisser les bras, renoncer, jeter l'éponge ? Non. Les semaines à venir seront cruciales pour la majorité qui tente de gouverner le pays tant bien que mal. A force de repousser les échéances, le Premier ministre, qui convainc de moins en moins les francophones - depuis le début de son mandat - mais aussi les Flamands - c'est plus récent -, s'est imposé une date butoir. Pour le 15 juillet, il devra présenter au Parlement une "déclaration" autour de trois thèmes : le budget, le programme socio-économique et les réformes institutionnelles.
Le budget : ce sera une obligation. Il faudra contrôler le budget 2008 et confectionner le budget 2009. On verra alors les marges disponibles pour les réformes fiscales et sociales concoctées par les partenaires libéraux et socialistes.
Le plus dur sera évidemment la négociation institutionnelle. Sur les transferts de compétences, des accords sont possibles. C'est, de toute évidence, sur la question de l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde - que les Flamands veulent scinder - que les négociations seront les plus délicates et les plus tendues. Y a-t-il un compromis possible ? Oui, si les Flamands acceptent soit un élargissement de Bruxelles, soit une forme d'extraterritorialité au profit des francophones de quelques communes en périphérie. Sinon... L'aventure commencera.
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