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lundi, 09 juin 2008

Belgique: Les arrestations continuent

Une cinquième arrestation est intervenue samedi à Gembloux dans le cadre de l’opération dirigée contre les anciens membres des Cellules communistes combattantes (CCC). Elle concerne Jean-François Legros, un membre du « Secours rouge » auquel appartenait également Bertrand Sassoye. Une vidéo montre par ailleurs l’usage que Sassoye fait de ses « bombes » : un feu d’artifices. 61ad73ceea19e043d5851b65a8ba7ba3.jpgBertrand Sassoye, l’ex-CCC, a placé sous mandat d’arrêt vendredi pour « participation à une organisation terroriste » par la juge d’instruction Bernardo-Mendez en raison de ses affinités avec l’organisation italienne PCPM qui projetait notamment des attentats contre Silvio Berlusconi, l’actuel Premier ministre, et dont le procès des militants s’est ouvert à Milan.

Alors qu’il purgeait sa peine à la prison de Lantin, Bertrand Sassoye animait des ateliers de réflexion politique, anglés sur le marxisme-léninisme, auquel participait, entre autres détenus Jean-François Legros. Libéré conditionnel et placé sous la surveillance d’un bracelet électronique, Legros participa à plusieurs réunions du « Secours rouge », y rencontrant Bertrand Sassoye, ce qui lui était interdit par ses conditions de libération conditionnelle. Il a donc été, comme Pierre Carette, l’objet d’une procédure en radiation de sa libération conditionnelle, une nouvelle privation de liberté que devra confirmer ou infirmer sous les sept jours le Tribunal d’application des peines (TAP).

L’enquête concernant Legros avait débuté le 21 juillet 1991, jour de fête nationale.

Ce jour-là, la belle-mère d’un mineur d’âge membre de la bande de Legros rentre plus tôt de vacances. Elle retrouve son appartement dans un désordre indescriptible. Mieux que cela : elle découvre un véritable arsenal chez elle. Son mari appelle les gendarmes : c’est le point de départ de l’enquête sur l’affaire Legros, et aussi la fin d’une folle équipée criminelle qui fit deux morts et bien d’autres victimes.

Les gendarmes identifièrent rapidement cet armement. Il s’agissait d’une partie du butin d’un vol commis quelques jours auparavant, dans la nuit du 16 au 17 juillet 1991, au Palais de Justice de Nivelles. Trois riot-guns, un Colt 45, plusieurs pièces d’armes à feu, beaucoup de munitions. Le trio de voleurs s’était connu à l’Athénée Royal de Gembloux, six ans plus tôt. Outre le mineur d’âge, il s’agissait de Jean-François Legros, de Gembloux, et d’Alain Amsters, de Chastre. Les enquêteurs se rendirent compte qu’ils venaient d’identifier la bande qui semait la terreur dans la région depuis deux mois, une bande qui attaquait des automobilistes et commettait des hold-up et agressions en tous genres.

Le mineur et Jean-François Legros furent arrêtés le lendemain, rue Culot à Gembloux. Ils étaient armés jusqu’aux dents. Legros portait un 7,65 à la ceinture, avec neuf cartouches, l’une d’elles étant déjà engagée dans la chambre. Dans ses poches, un couteau à cran d’arrêt, un coup-de-poing américain, des munitions et une bombe de gaz antiagression.

Le surlendemain, après de vaines recherches, Alain Amsters, le troisième de la bande, se présenta lui-même à la gendarmerie de Wavre. Il dit à l’officier : « J’en ai marre de ma cavale inutile ».

Le mineur fut immédiatement placé en institution par le juge de la jeunesse.

Les deux autres furent placés sous mandat d’arrêt par le juge Cruysmans. Jean-François Legros avoua que son « idole » était le truand français Jacques Mesrine, celui-là même qui fut abattu par les forces de l’ordre à une sortie du périphérique de Paris, au terme d’une longue carrière criminelle.

Devant la cour d’assises, ils eurent à répondre d’une brassée de faits criminels :

– Vendredi 17 mai 1991, peu après 23 h, un automobiliste est attaqué par trois individus portant cagoule, sur un parking situé le long de la Sambre, à Namur.

– Le lendemain, 18 mai, les trois cagoulards ainsi motorisés attaquent le « Snooker Academy » à Ottignies-Louvain-la-Neuve. Ils emportent la caisse et son contenu : 20.000 F.

– Le 26 mai, une mère de famille, professeur d’éducation physique, rejoint sa voiture à l’issue d’une petite fête scolaire, place de l’Orneau à Gembloux. Les trois cagoulards montent à bord sous la menace de leurs armes, se rendent dans les bois du Buis où ils attachent l’automobiliste à un arbre, bras autour du tronc, mains entravées par des menottes. Ils vident le compte Bancontact de la dame au maximum autorisé (10.000 F) puis attaquent le bar de l’hôtel Britannia, route de Tirlemont à Gembloux. Ils volent 17.000 F dans la caisse et blessent grièvement le patron de l’hôtel. Puis s’en vont libérer la mère de famille dans son bois, et abandonnent la voiture à proximité du cimetière de Grand-Manil.

– Un mois plus tard, le 28 juin 1991, ils agressent une étudiante pour lui voler sa voiture, sur un parking de la rue du Corgon. Ils volent l’argent de l’étudiante, l’abandonnent dans un chemin de terre menant au fort d’Emines, et délaissent le véhicule le lendemain dans la rue Baty de Fleurus à Gembloux.

– Au soir du 12 juillet, ils tentent de voler un véhicule sur le parking du centre sportif du Blocry, à Louvain-la-Neuve. L’automobiliste, Jean Deghelt, 56 ans, leur résiste. Il est abattu.

– Dans la nuit du 16 au 17 juillet 1991, fort peu impressionnés par leur première agression mortelle, les trois cagoulards commettront une agression mortelle à Chastre. La victime est un homme de 35 ans, Raymond Laurent. Les cagoulards seront confondus par l’examen balistique : c’est la même arme qui a tué deux fois.

Legros était considéré comme dangereux par les psychiatres qui le qualifiaient de psychopathe paranoïde.

Libéré sous conditions, il fréquentait occasionnellement les réunions du « Secours rouge ». Son interpellation s’est déroulée sans heurts au domicile gembloutois de sa grand-mère, où il résidait.

Par ailleurs, une manifestation de soutien aux militants d’extrême-gauche arrêtés jeudi et vendredi s’est déroulée samedi de 18 h à 19 h 30 devant la prison pour femmes de Berkendael (où est incarcérée la journaliste de la RTBF Wahoub Fayoumi), celle de Forest (où sont enfermés Bertrand Sassoye, le Libanais Ibrahim Abdallah) et de Saint-Gilles (qui accueille Pierre Carette et l’ex-truand Horsmans). La compagne de Pierre Carette, qui était présente lors de cette manifestation, nous a déclaré que l’ex chef des CCC « ne comprenait pas les raisons de son incarcération » et qu’il avait « toujours respecté scrupuleusement ses conditions de libération conditionnelle ». Il semblerait que la révocation de sa libération se fonde sur 157 coups de téléphone passés depuis cinq ans entre le poste de Pierre Carette et celui de Bernard Sassoye ; deux ex-compagnons de lutte qui avaient pourtant cessé de se voir depuis plus de deux ans.

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