samedi, 31 mai 2008
Barack Obama et Bush
Toute l'Amérique bruisse de la renommée du vainqueur de la primaire démocrate, le sénateur Barack Obama ; toute l'Amérique est en train de se réconcilier pour enterrer George W. Bush et son bilan. Le lecteur qui me fait l'honneur de me lire de temps à autre aura tout de suite compris que mon esprit négateur me porte évidemment à la rescousse de Bush et à l'assaut d'Obama. Mais ici nuance : Bush a aussi préparé les voies d'Obama.
L'analyse d'Alexandre Adler. www.figaro.fr
La vague Obama comporte plusieurs ramifications. Nombreux, et à juste titre, sont les Américains qui pensent que l'Amérique de 2008 a besoin d'une rupture véritable avec la société qui - de la crise du subprime à la dégradation spectaculaire des infrastructures et avec elles de toutes les politiques publiques - a bien besoin d'un véritable coup de balai. Ce ne sont pas des fumées obscurcissantes de Bagdad mais des eaux fétides et croupissantes d'une Nouvelle-Orléans abandonnée à elle-même qu'est tombé le verdict.
En désignant avec John McCain le candidat républicain le plus à gauche depuis 1948, les électeurs conservateurs des primaires ne s'y sont pas trompés. À cela s'ajoute la parabole biblique des «derniers qui seront un jour les premiers» : les élites noires américaines ont étonné le pays par leur compétence, leur dynamisme et leur courage.
Beaucoup d'Américains pensent qu'en élisant un président noir, ils rétabliront une justice depuis longtemps réclamée et sans nuire le moins du monde à la qualité de l'exécutif. Sur ce point également, l'opinion a parfaitement raison. Et je compte parmi ceux qui auraient aimé voir Colin Powell à la Maison-Blanche hier et peut-être un jour Candie Rice. Mais la victoire d'Obama tient aussi à l'envahissement extrêmement dangereux d'une vague pacifiste, isolationniste et protectionniste, dont le mot d'ordre véritable - America First - fut celui de Charles Lindbergh et de ses amis qui se refusaient contre Roosevelt à entrer dans la Seconde Guerre mondiale contre Hitler.
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