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lundi, 26 mai 2008

Bemba arreté à Bruxelles

aricaturer Jean-Pierre Bemba est une entreprise facile : cet homme de 44 ans, qui en a passé 21 en Belgique, a tout du gosse de riches. A première vue, il est un pur produit de la nouvelle bourgeoisie congolaise : son père, Jeannot Bemba, un homme d'affaires métis originaire de l'Equateur, fut longtemps le « patron des patrons », protégé par Mobutu et gérant quelquefois ses affaires. Une enfance de privilégié, de bonnes études à l'ICHEC, un brevet de pilote de Boeing, une carrière d'homme d'affaires à la tête de la société de télécommunications Comcell ou de Scibe Zaïre, sa place au sein de la famille de Mobutu (sa soeur Cathy avait épousé Nzanga le fils du président, aujourd'hui son adversaire politique) : Jean-Pierre Bemba avait tout pour être le Berlusconi du Congo, voire son George Bush junior.

Tout, sauf quelques « affaires », comme une condamnation en Belgique pour exploitation de domestiques entrés illégalement, ou quelques soupçons, comme la découverte de matériel d'impression de faux dollars, dans la villa paternelle de Rhode.

En 1998, profondément hostile à Laurent-Désiré Kabila, Bemba se laisse convaincre par le président ougandais Museveni de prendre la tête d'un mouvement armé rival du RCD-Goma, avec l'appui de quelques unités militaires ougandaises et de généraux de Kampala qui se transforment rapidement en affairistes.
Absence de scrupules

Campant à Gbadolite, la ville natale de Mobutu, Bemba devient un chef militaire, s'empare d'une large part de la province de l'Equateur, convoite l'Ituri et le Nord Kivu, embauchant les anciens militaires de Mobutu et distribue des armes aux enfants de la région, recrutés de force. Lusaka, Gaborone, Sun City : Bemba a participé à toutes les négociations et jusqu'à présent, il considère Joseph Kabila comme son cadet, voire un usurpateur. Le poste de vice-président lui assura une certaine immunité judiciaire, mais des crimes commis par ses troupes en Ituri et à Bangui en Centrafrique font aujourd'hui l'objet d'enquêtes par la Cour pénale internationale.

Le chef de guerre apparaît comme un homme pugnace, un bon stratège politique, un tribun hors du commun, capable de galvaniser les foules, de recruter des shégués, les enfants de la rue, d'attirer à lui les nombreux orphelins du mobutisme. Au service de ses talents politiques, Bemba a aussi mis son absence de scrupules : ses thuriféraires, ses chaînes de radio et de télévision ont repris jusqu'à la nausée le thème de la nationalité, opposant l'« enfant du pays » au candidat présenté comme étranger, s'en prenant aux Occidentaux censés soutenir ce dernier, jouant sur le chauvinisme, la xénophobie.

Avant le deuxième tour, Bemba a réussi à attirer autour de lui un grand nombre de candidats malchanceux, mais aussi l'ancien Premier ministre Kengo wa Dondo. Il n'est pas un homme seul : il peut compter sur son allié Museveni et sur des réseaux africains qui remontent vers le colonel Kaddhafi, en passant par Blaise Compaoré et tous les méandres de la « France-Afrique »...
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