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mercredi, 30 avril 2008

Le père incestueux écroué en Autriche, les tests ADN positifs

AMSTETTEN, Autriche (Reuters) - Josef Fritzl, un Autrichien de 73 ans qui a reconnu avoir séquestré et violé sa fille pendant 24 ans dans un sous-sol et avoir eu avec elle sept enfants, a été confondu par des tests ADN et placé en détention provisoire par un juge de Sankt-Pölten.

Le vieil homme refuse de s'exprimer, sur les conseils de son avocat, et le juge a autorisé la police à le maintenir en détention pendant la durée de l'enquête.

Des tests ADN, dont les résultats ont été communiqués mardi par la police, prouvent que Fritzl est bien le père des six enfants encore en vie mis au monde par sa fille Elisabeth.

Le septième, dont Fritzl a avoué avoir incinéré le cadavre, est décédé peu de temps après sa naissance.

"Les résultats montrent que les six enfants auxquels la malheureuse Elisabeth Fritzl a donné naissance dans la cave sont sans aucun doute de son propre père, Josef Fritzl", a déclaré lors d'une conférence de presse Franz Polzer, chef de l'unité d'enquête criminelle chargée de l'affaire.

L'ancien électricien de 73 ans a passé la nuit de lundi à mardi dans la prison de Sankt-Pölten, chef lieu de la province de Basse-Autriche, où il a été placé dans une grande cellule de deux personnes et surveillé en permanence afin de s'assurer qu'il ne tente pas de se suicider, a déclaré le directeur de l'établissement, Günther Mörwald.

Parallèlement, les enquêteurs poursuivaient mardi leurs recherches dans le sous-sol de 60 mètres carrés où Fritzl séquestrait depuis 1984 sa fille Elisabeth, âgée de 42 ans.

"UN MILLION DE QUESTIONS SANS REPONSES"

Elisabeth Fritzl a déclaré dimanche à la police que son père, Josef Fritzl, l'avait attirée en 1984 dans la cave de l'immeuble où ils vivaient, l'avait droguée puis menottée avant de la séquestrer et de la violer à de nombreuses reprises.

De ces relations incestueuses sont nés sept enfants, dont trois, âgés de 19, 18 et 5 ans, ont vécu enfermés toute leur vie dans la cave avec leur mère. Trois autres ont été élevés par Josef Fritzl et sa femme, le dernier étant décédé peu de temps après sa naissance.

Elisabeth et ses six enfants se sont retrouvés dimanche et cette rencontre s'est "incroyablement" bien déroulée, a témoigné mardi Berthold Kepplinger, directeur de la clinique provinciale de Basse-Autriche, lors d'une conférence de presse. "Les enfants vont bien", a-t-il souligné.

Les autorités et la presse autrichiennes se demandent comment de tels événements ont pu se produire sans éveiller la curiosité des voisins, alors que la maison des Fritzl est située dans une rue commerçante et animée de la petite ville d'Amstetten, à 180 km à l'ouest de Vienne.

Deux-cents habitants munis de cierges se sont rassemblés sur la place centrale pour exprimer leur soutien à la famille.

"Le monde extérieur semble croire qu'Amstetten est une ville abominable et que ses habitants se fichent les uns des autres. Nous voulons montrer que ce n'est pas vrai", a déclaré Elisabeth Anderson, organisatrice du rassemblement.

La police croit que la femme de Josef, Rosemarie, ignorait tout, son mari lui ayant affirmé au moment de la disparition de leur fille que celle-ci avait fui pour rejoindre une secte avant "d'abandonner" trois de ses enfants recueillis par le couple.

Josef Fritzl avait ensuite forcé Elisabeth à écrire des lettres de sa propre main pour rendre crédible ce scénario, a précisé la police.

DES DESSINS D'ENFANTS SUR LE SOL

L'affaire a éclaté lorsque l'aînée des enfants est tombée gravement malade et a été hospitalisée à Amstetten, vendredi dernier.

Le médecin qui soigne la jeune fille, le dr Albert Reiter, a déclaré mardi que son état était toujours critique et qu'elle devait être maintenue dans un coma artificiel encore plusieurs jours.

"Le pronostic vital de notre patiente est sérieusement engagé car elle a été victime d'un manque d'oxygène à un moment, entre mercredi et vendredi derniers", a-t-il déclaré à la télévision allemande N24.

"Outre vingt ans passés sous terre, vingt ans sans lumière du jour, vingt ans de stress psychologique, il y a d'autres facteurs comme une infection", a ajouté le médecin.

Après l'hospitalisation de l'aînée, Josef Fritzl avait sorti Elisabeth et les deux autres enfants séquestrés de la cave, déclarant simplement à sa femme que leur fille avait décidé de rentrer à la maison.

Des photographies du sous-sol, qui n'excédait pas 1,70m de hauteur par endroit, montrent un passage étroit conduisant à plusieurs pièces dont un espace pour faire la cuisine, une zone aménagée pour le sommeil et une petite salle de bain avec une douche. Sur le sol, on aperçoit des dessins d'enfants.

Le ministre de la Justice a présenté mardi un projet de loi pour renforcer la "protection légale des victimes", en particulier dans les affaires de sévices sexuels.

Version française Clément Dossin

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