lundi, 28 avril 2008
Sans l'Afrique que fera Sarkozy
TUNIS (Reuters) - La France doit parapher ce lundi soir un accord de partenariat dans le nucléaire civil avec la Tunisie et Airbus signer avec Tunis Air la vente de 16 avions, au premier jour de la visite d'Etat de Nicolas Sarkozy à Tunis.
Les organisations de défense des droits de l'homme, très sévères pour le pouvoir tunisien, attendent pour leur part un geste du président français, arrivé en fin d'après-midi à Tunis avec son épouse Carla et sept ministres et secrétaires d'Etat.
Le président tunisien Zine el Abidine Ben Ali a accueilli ses invités à leur descente d'avion. Il leur avait réservé un "accueil populaire" sur l'avenue Bourguiba, la principale artère de la capitale tunisienne - 20 minutes montre en main.
Les deux chefs d'Etat, la délégation française et Carla Bruni-Sarkozy en robe bleu nuit et cheveux en queue de cheval, ont descendu cette avenue ombragée entre deux haies d'habitants de Tunis contenus par des barrières métalliques et strictement encadrés par les forces de sécurité, au son des you-you et d'un concert tonitruant de tambours et de bombardes ("zokra").
La foule agitait des petits drapeaux français et tunisiens et des portraits des deux présidents mais scandait surtout le nom de Zine el Abidine Ben Ali, qui achève son quatrième mandat et pourrait se représenter en 2009. Toutes les rues voisines avaient été bouclées et pratiquement vidées de leurs passants.
Les deux présidents ont eu ensuite un premier entretien, avant la signature d'accords et un dîner.
La France devait parapher un accord cadre de partenariat dans le nucléaire civil avec la Tunisie, comme ceux qu'elle a déjà paraphés avec la Libye, le Maroc et l'Algérie, susceptible d'ouvrir la voie à la fourniture d'une centrale nucléaire.
Le ministre de l'immigration, Brice Hortefeux, qui est du voyage, devait pour sa part signer des accords sur la gestion concertée des flux migratoires, comme ceux que la France a déjà signé avec le Gabon, le Sénégal, le Congo et le Bénin.
Deux accords commerciaux devaient par ailleurs être annoncés à la même occasion, selon une source diplomatique française : la vente par Airbus de dix A320 et de trois A350 ferme et de deux A320 et d'un A350 en option, pour un montant total d'un milliard d'euros ; la fourniture par Alstom d'une centrale électrique thermique pour 360 millions d'euros.
DROITS DE L'HOMME
Nicolas Sarkozy évoquera les relations économiques entre les deux pays mardi devant 500 entrepreneurs français et tunisiens.
Le projet d'Union pour la Méditerranée (UPM) est également un des grands thèmes de sa visite.
La France milite pour que le secrétariat de la future UPM, initiative d'origine française reprise par l'Union européenne pour renforcer la coopération entre les deux rives du bassin méditerranéen, ait son siège dans un pays de la rive sud.
La Tunisie et le Maroc sont candidats, avec, semble-t-il, une préférence de Paris pour la première.
Cette perspective fait grincer les dents des défenseurs des droits de l'Homme, qui accusent le pouvoir tunisien d'attenter aux libertés fondamentales sous couvert de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme islamique et souhaitent que Nicolas Sarkozy fasse pression sur le président tunisien.
"En juillet 2007, quand le président Sarkozy avait effectué une visite éclair à Tunis, il avait totalement ignoré la société civile tunisienne. Nous aimerions que ce ne soit pas le cas cette fois", déclarait samedi dans Le Monde le président de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme, Mokhtar Trifi.
"M. Sarkozy pourrait user de son amitié pour rappeler que la démocratie en Tunisie est de l'intérêt de tous", ajoutait-il.
Le même jour, le rédacteur en chef et le directeur de la rédaction de l'hebdomadaire Al Mawkef, organe du Parti démocratique et progressiste, parti d'opposition, annonçaient qu'ils entamaient une grève de la faim illimitée pour protester contre les tracasseries dont ils se disent victimes.
La secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme, Rama Yade, aussi du voyage, rencontrera des "représentants de la société civile" tunisienne, dont Mokhtar Trifi et d'autres défenseurs des droits de l'Homme, dit-on de source diplomatique française.
"S'agissant des droits de l'Homme, naturellement le président de la République en dira un mot public, d'abord parce que nous estimons juste de souligner les acquis réels de deux générations d'indépendance de la Tunisie", dit pour sa part l'Elysée.
"Pour le reste, le président aura à coeur d'évoquer un certain nombre de dossiers lors de son tête-à-tête avec le président Ben Ali", ajoute-t-on de même source.
21:10 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Sarko | del.icio.us | Facebook | | |
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