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mardi, 22 avril 2008

Congo-Kinshasa - La mission belge:De Gucht ministre des Affaires étrangères belge s'attaque aux privilégiés

Le ministre des Affaires étrangères a lancé un appel fort, hier soir à Kinshasa. La rencontre de De Gucht et Michel avec le Président Kabila s'est fait attendre.

A peine revenu d'un entretien plusieurs fois reporté dans la journée avec le président congolais Kabila, le ministre belge des Affaires étrangères Karel De Gucht a lancé un message fort, lundi soir là Kinshasa en demandant au Congo de "s'attaquer aux privilèges fabuleux de certains".

Dans un discours à l'ambassade de Belgique à Kinshasa, devant un parterre de personnalités congolaises, il a déclaré que la reconstruction du Congo "signifie s'attaquer aux privilèges fabuleux de certains". "Il faut s'attendre", a-t-il ajouté, "à une farouche résistance de tous ceux qui n'hésitent pas à sacrifier le bien-être de la population par leur enrichissement personnel. Le combat n'est possible qu'avec la pleine adhésion de nos interlocuteurs congolais, adhésion qui doit se manifester clairement, en paroles et en actes ".

Ce discours musclé ponctuait une journée riche en incertitudes pour l'importante mission belge présente cette semaine au Congo, forte de trois ministres (Affaires étrangères, Défense et Coopération). Joseph Kabila n'a pas montré beaucoup d'empressement à recevoir cette délégation "de haut niveau". Prévue lundi à 11 heures, l'entrevue a été reportée à plusieurs reprises. Rentré dans la nuit des Etats-Unis après un voyage de 15 heures, M. Kabila aurait manifesté le désir de se reposer.

On sait cependant que le président congolais ne manque jamais l'occasion de faire attendre Karel De Gucht, depuis que ce dernier, il y a quelques années, a comparé le sens de l'Etat des dirigeants congolais et rwandais, à l'avantage de ces derniers.

En fin d'après-midi, la présidence a annoncé que Pieter De Crem, ministre de la Défense, serait reçu seul. Ce dernier a accepté de se départir de la solidarité gouvernementale parce que c'était sa première visite au Congo, fut-il expliqué. Le président Kabila a ensuite accepté de recevoir Karel de Gucht et Charles Michel pendant une demi-heure.

Ceux-ci avaient jusque-là mal caché une certaine impatience : "Nous sommes à la disposition du Président jusqu'à un certain moment", confiait le ministre belge des Affaires étrangères. "Nous ne sommes pour rien dans ce retard... Cela ne me surprend plus. Il y a plusieurs façons de regarder la vie. Cela peut être différent entre Bruxelles et Kinshasa. M. Kabila est victime du jet lag. Moi aussi. Mais je ne suis pas Président..."

Face à l'évolution des rapports belgo-congolais, Karel De Gucht n'a pas manqué d'afficher un certain dépit : "Un partenariat", a-t-il dit, "cela suppose que deux parties assument leurs responsabilités". Et de citer deux exemples à propos desquels les Congolais ne semblent pas avoir respecté leurs engagements. Primo, les Congolais s'étaient engagés à prolonger la mission du Rapporteur spécial de l'Onu sur les droits de l'homme. À Genève, ils ont adopté une autre attitude.

Secundo : le port d'Anvers s'est beaucoup investi dans la restauration de celui de Matadi. Les Belges s'étaient engagés à gérer le port à condition que cela se fasse dans la plus grande transparence. On vient d'apprendre que la gestion du port de Matadi a été confiée aux Emirats arabes unis.

La mission des Belges se déroule alors que Kinshasa bruisse de rumeurs sur les faramineux contrats conclus par les Chinois. En échange de la construction de routes - toutes ici sont dans un état inimaginable - de logements et de la réhabilitation de chemins de fer, pour un total de 15 milliards de dollars, ils ont obtenu des concessions de cuivre, cobalt et or dont ils devraient retirer des productions équivalent à environ 70 milliards de dollars. Les contrats n'ont pas encore été examinés par le parlement congolais.

C'est que les Chinois ne s'embarrassent pas de considérations politiques et n'attendent pas, comme les Occidentaux, que les conditions de bonne gouvernance et respect des droits de l'homme soient remplies. Si De Gucht et Michel estiment qu'il y a de la place dans ce grand pays "pour tous les investisseurs de bonne foi", ils s'interrogent sur les conséquences des contrats chinois : "C'est du troc", a précisé M. De Gucht, "une partie reçoit des investissements en infrastructure et l'autre des concessions en matières premières. Encore faut-il voir si tout cela est bien équilibré"..

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