jeudi, 17 avril 2008
Zimbabwe: le gouvernement accuse Tsvangirai de trahison
HARARE, Zimbabwe - Le gouvernement zimbabwéen a accusé le chef de l'opposition de trahison jeudi. Harare affirme que Morgan Tsvangirai ourdit un "changement de régime illégal" avec le soutien du Royaume-Uni pour renverser le président Robert Mugabe au pouvoir depuis 28 ans.
Dans un entretien à l'Associated Press jeudi, M. Tsvangirai rompt avec son refus habituel de mener une "chasse aux sorcières" et estime que le chef de l'Etat pourrait être traduit en justice pour répondre de ses actions. Il trouve "scandaleux" d'être accusé l'accusation de trahison.
Les autorités poursuivaient pendant ce temps jeudi leur campagne d'arrestations, d'agressions et autres mesures d'intimidation visant l'opposition du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) qui revendique la victoire à l'élection présidentielle du 29 mars dernier.
Trois semaines après, les résultats officiels de ce scrutin n'ont toujours pas été publiés mais des observateurs indépendants estiment que Morgan Tsvangirai a tout au moins pris de l'avance sur Robert Mugabe au premier tour. La tension est vive dans le pays, où l'omniprésence de la police antiémeute et des forces de sécurité montre qui tient le pouvoir pour le moment.
Mercredi, au Nations unies, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont soutenu la suggestion du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon de dépêcher des observateurs onusiens en cas de second tour présidentiel, mais le Zimbabwe a répondu qu'il leur faudrait d'abord une invitation officielle d'Harare. Lors du précédent scrutin, le gouvernement a refusé la présence d'observateurs occidentaux. Il n'a accepté qu'une équipe de la Communauté de développement de l'Afrique australe (CDAA) dirigée par un sous-ministre d'Angola, pays qui n'a pas connu d'élections depuis 1992.
Les accusations de trahison portées contre le leader de l'opposition sont rapportées par le journal d'Etat "Herald", selon lequel elles seraient étayées par une correspondance entre M. Tsvangirai et le premier ministre britannique Gordon Brown. Le MDC qualifie de faux ces documents auxquels le gouvernement de l'ancienne colonie britannique a fait référence à plusieurs reprises dans la semaine.
Pour le ministre de la Justice Patrich Chinamasa cité par le "Herald", "Tsvangirai et Brown veulent faire changer illégalement le régime au Zimbabwe et, de la part de Tsvangirai, c'est une trahison".
Ce n'est pas la première fois que Morgan Tsvangirai est considéré comme un traître par le régime en place. En 2003, il avait été acquitté de conspiration d'assassinat contre Robert Mugabe, à l'issue d'un procès de 18 mois.
Le pouvoir tente également de prévenir toute tentation de soutien à l'opposition dans la population. Le gouvernement a ainsi menacé de retirer leur permis aux employés des transports qui répondrait à l'appel à la grève de l'opposition pour obtenir la publication des résultats de la présidentielle. L'appel à la grève générale du MDC trouve peu d'écho dans un pays où 80% de la population active est au chômage mais le ministre des Transports Chris Mushowe déclare au "Herald" jeudi que certaines lignes de bus sont arrêtées "depuis lundi".
L'opposition accuse de son côté la commission électorale de mettre à profit une soi-disant vérification des votes pour manipuler les résultats et permettre à Robert Mugabe de garder les commandes. Elle estime qu'un second tour serait inévitablement truqué en ce sens. AP
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