mercredi, 16 avril 2008
CONGO :Crash aérien à Goma
Un cercueil volant s’écrase au décollage sur un quartier populaire de Goma, en République démocratique du Congo (RDC). Au moins 21 personnes sont mortes. Deux Belges ont survécu au crash.
Alors que je me dirigeais vers l’aéroport pour accueillir l’abbé Malu Malu, médiateur pour le Nord-Kivu, j’ai vu le DC9 de la compagnie Hewa Bora qui n’arrivait pas à décoller. Il a tangué jusqu’au bout de la piste, où se trouvaient encore des blocs de lave volcanique, et il a pris feu… C’était un appareil nouvellement acquis par la compagnie. » Joint par téléphone dans la capitale du Nord-Kivu encore sous le choc, ce témoin nous a confirmé l’ampleur de la catastrophe : non seulement l’avion a pris feu, mais il s’est écrasé sur le quartier populaire de Birere, construit juste au-delà des pistes de l’aéroport.
Un agent de la tour de contrôle a déclaré que l’avion ne comptait au moment du décollage que 85 personnes à bord, plusieurs passagers ayant été débarqués avant le départ. Parmi ceux-ci, au moins deux Belges, un collaborateur de « Solidarité socialiste » et une représentante du musée de Tervueren. Ils sont sains et saufs.
On ne comptait en début de soirée que six survivants, dont le pilote et le copilote qui ont réussi à s’éjecter de l’appareil en flammes. La plupart des passagers sont restés coincés dans l’avion après qu’il se fut écrasé, sous les yeux horrifiés des employés de l’aéroport et des Casques bleus de la Mission des Nations unies au Congo, dont le campement se trouve à proximité de la piste.
Les pompiers de la Monuc se sont d’ailleurs immédiatement portés au secours des survivants, essayant en vain d’éteindre l’incendie. Trois corps calcinés et une soixantaine de blessés, des habitants du quartier de Birere ont été transportés à l’hôpital général de Goma.
Selon le témoignage d’un rescapé recueilli par radio Okapi, un pneu aurait éclaté au moment du décollage, alors que l’avion avait déjà pris beaucoup de vitesse. Le pilote a tenté de freiner mais a perdu le contrôle de son appareil et a fini par s’éjecter.
En dépit des efforts des pompiers l’appareil a été entièrement détruit, ailes arrachées, ventre et queue calcinés et déchiquetés lors de la tentative de freinage.
Depuis quelques jours, l’aéroport de Goma avait retrouvé son agitation habituelle et la compagnie Hewa Bora avait ajouté une fréquence sur Kinshasa, compte tenu du nombre croissant de passagers. En outre, de nombreuses rotations d’avions petits porteurs avaient repris entre Goma et la ville minière de Walikale, où se trouve un important site d’exploitation minière et où des milliers de creuseurs extraient le colombo-tantalite, dont les sacs sont alors acheminés en avion sur Goma. L’exploitation minière avait été interdite en février par le ministre national des Mines, M. Martin Kabwelulu mais les autorités locales souhaitaient que cette activité puisse reprendre.
Liste noire
Ce drame confirme la terrible réputation du Congo en matière de sécurité aérienne : toutes les compagnies aériennes du pays, une cinquantaine identifiées, figurent sur la liste noire de l’Union européenne qui leur a interdit son espace aérien. Seule la compagnie Hewa Bora, considérée comme la plus fiable (et qui avait affrété l’avion qui s’est crashé à Goma), avait été autorisée à effectuer une liaison régulière sur Bruxelles, avant d’être elle aussi interdite le 9 avril dernier.
Le crash de Goma survient moins de six mois après un autre accident d’avion à Kinshasa, où un avion appartenant à une firme privée congolaise s’était écrasé, le 4 octobre 2007, sur un quartier populaire de la capitale, faisant au moins 50 morts et 32 blessés. A la veille de son départ pour le Congo, où il doit se rendre en compagnie des ministres De Gucht et Pieter De Crem, le ministre Charles Michel a proposé l’aide de la Coopération belge.
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