vendredi, 11 avril 2008
Russie: ouverture d'une information judiciaire après une plainte contre Total
NANTERRE (AFP) - Une information judiciaire a été ouverte fin novembre 2007 contre X pour abus de confiance au parquet de Nanterre à la suite d'une plainte de deux régions russes contre Total, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.
L'information judiciaire, ouverte par le procureur de Nanterre Philippe Courroye, fait suite à une plainte avec constitution de partie civile. Elle a été confiée au doyen des juges d'instruction du tribunal, Alain Philibeaux, selon la même source.
Le Pdg de Total Christophe de Margerie lors d'une conférence de presse, le 13 février 2008 à Paris
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Toutefois, selon les autorités russes, l'information est le fait d'un intermédiaire français, l'homme d'affaires André Guelfi, et non pas des deux régions de Russie, Volgograd et Saratov.
Selon Le Figaro, les deux régions, Volgograd et Saratov, situées dans la partie européenne de la Russie dans la région de la Volga, ont signé en 1993 un contrat avec Elf portant sur l'exploitation de champs pétrolifères. Elles poursuivent la société française pour un préjudice qu'elles estiment à 170 milliards de dollars.
Cette somme représente, selon elles, les bénéfices virtuels qui auraient pu être engrangés si la compagnie française avait effectivement exploité ces champs pétrolifères.
L'avocat de Total, Me Emmanuel Rosenfeld, a qualifié l'information judiciaire de "manipulation grossière" et de "pétard mouillé", évoquant une "contre-attaque judiciaire" d'André Guelfi, toujours en litige avec le groupe pétrolier après sa condamnation dans le volet principal de l'affaire Elf en 2003.
"Cette contre-attaque judiciaire est une mise en scène imaginée par André Guelfi qui considère que sa réclamation (de dommages-intérêts pour avoir servi d'intermédiaire dans ces contrats, ndlr) présentera mieux s'il la place sous l'égide des Russes", a déclaré Me Rosenfeld à l'AFP.
Le patron de Total, Christophe de Margerie, a abondé dans ce sens, estimant que l'affaire "ne vient certainement pas du gouvernement russe".
"La région de Saratov n'a pas de grief (à l'égard de Total) et n'a pas porté plainte", a de son côté assuré à l'AFP Margarita Zassedateleva, porte-parole de l'administrtaion régionale de Saratov.
Elle a renvoyé au comité olympique russe, structure ayant collaboré dans les années 1990 avec l'homme d'affaires André Guelfi dans ce dossier, en faisant du lobbying pour lui auprès de la direction russe de l'époque.
"Le comité olympique a soutenu dans les années 90 un projet d'André Guelfi qui devait aider Elf à s'implanter sur le marché russe. Après un changement de direction, Total a perdu son intérêt pour ce projet, alors qu'il était à un stade avancé, et Guelfi a lancé des poursuites", a déclaré à l'AFP Guennadi Chvets, porte-parole du comité olympique.
Il a assuré que le comité n'était pas l'auteur de la plainte contre Total, mais a suggéré que le comité olympique était dans une certaine mesure solidaire de M. Guelfi.
La révélation de cette affaire intervient alors qu'une audience doit se tenir lundi devant le tribunal de commerce de Paris dans un dossier parallèle: le Comité olympique russe (COR) et la société panaméenne Blue Rapid, représentée par André Guelfi, réclament à Total des dommages-intérêts après le retrait supposé d'Elf, absorbé depuis par Total, d'un projet en Russie
Dans ce volet, l'intermédiaire André Guelfi, âgé aujourd'hui de 88 ans réclame 2,5 milliards d'euros à Total, selon son avocat, Me Jean-Michel Bargiarelli, interrogé par l'AFP.
"André Guelfi était intervenu, sur désignation d'Elf, pour régler un problème lié au contrat d'exploitation-partage" avec les deux régions russes, a affirmé Me Bargiarelli. Il avait notamment utilisé ses relations avec le COR dans cet objectif.
"En 1993, Elf a communiqué que tout était réglé, mais lorsque Loïk Le Floch-Prigent a été remplacé par Philippe Jaffré (aujourd'hui décédé, ndlr), ce dernier s'est ingénié à anéantir ce contrat. André Guelfi n'a jamais perçu le bénéfice qu'aurait dû lui procurer son intervention", a poursuivi Me Bargiarelli.
Selon l'avocat, la plainte ouverte fin novembre et l'action de M. Guelfi sont "des procédures différentes, mais elles ont le même fondement".
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