vendredi, 11 avril 2008
Kennya, le processus de paix en danger
Le processus de paix enclenché depuis fin janvier est menacé. L'opposition a suspendu sa participation aux négociations pour former un gouvernement d'union. Elle réclame un partage plus équitable des ministères.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Milliband, a appelé le parti du président kényan Mwai Kibaki et celui de l'opposant Raila Odinga à faire "des concessions", alors que le processus de paix dans ce pays est menacé par la suspension des négociations.
Elections frauduleuses
Le Kénya a connu un mois de violences, en janvier dernier, après que le président sortant, Mwai Kibaki, a tenté de tricher sur les résultats de la présidentielle du 27 décembre. Les législatives, qui se déroulaient le même jour, n'ont pas fait l'objet de plaintes et ont donné une courte majorité à l'opposition.
Après qu'on eut déploré environ 1200 morts et 300000 déplacés, les deux parties ont commencé à négocier fin janvier. Un mois plus tard, elles annonçaient un accord de principe sur un partage du pouvoir, Mwai Kibaki restant président et Raila Odinga devenant Premier ministre - un poste à créer par une modification de la Constitution. Visiblement, toutefois, le premier entendait que ce poste soit purement d'apparat, tandis que le second entendait lui donner tout le pouvoir possible.
Le 18 mars, le Parlement a entériné la création d'un poste de Premier ministre et, depuis lors, les deux parties négocient la répartition des ministères.
Le nouveau gouvernement devait être annoncé dimanche dernier. Deux fois, cependant, il a été reporté en raison de dissensions de dernière minute, dont chacune des parties rejetait la responsabilité sur l'autre.
Mardi, alors que la communauté internationale s'inquiétait ouvertement du retard pris dans le processus, l'opposition a suspendu sa participation aux négociations en réclamant que le gouvernement dissolve le gouvernement "illégal" formé par Mwai Kibaki le 8 janvier dernier pour pouvoir annoncer le nouveau cabinet. Le camp Kibaki s'est dit disposé à le faire.
L'opposition réclame également que le camp Kibaki "reconnaisse le principe de partage à 50pc du pouvoir". Le ministre britannique des Affaires étrangères a apparemment appuyé cette position puisqu'il a souligné que le gouvernement d'union devait être formé "de manière équitable, avec un équilibre entre les portefeuilles". Tout en exhortant les deux parties à "des concessions", M. Miliband a ajouté que celles-ci devaient être le fait "notamment des partisans du président Mwai Kibaki (qui doivent être prêts à ) céder des portefeuilles importants".
Les ministères disputés sont apparemment ceux des Affaires étrangères, du Gouvernement local, des Finances, des Transports, de l'Energie, de la Défense, de la Sécurité intérieure et de la Justice.
L'opposition souhaite par ailleurs que le gouvernement, qui devrait comporter quarante ministres, soit réduit à trente-quatre membres. La presse kényane s'est inquiétée de cette inflation de postes, craignant pour les finances publiques.
Emeutes
La population des quartiers populaires de Nairobi, acquise à Raila Odinga, a manifesté violemment, mardi, son exigence d'un gouvernement de partage du pouvoir. Des centaines de manifestants ont bloqué des routes en brûlant des pneus aux cris de "pas de Raila, pas de paix", "pas de gouvernement, pas de paix", ou réclamant la démission de Kibaki, voire de nouvelles élections.
Ces slogans sont ceux qui étaient criés lors des violences du mois de janvier, soit avant l'accord de partage du pouvoir, dont le principe semble "passer" à moitié auprès des partisans de Raila Odinga. Les violences se sont étendues à la ville de Kisumu, à l'ouest du Kenya, place forte de l'opposition.
La police a dispersé les manifestants avec des gaz lacrymogènes et a reçu des pierres.
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