lundi, 17 mars 2008
Sarkozy ou le début de la fin car il n'a guère autre alternative
PARIS (Reuters) - Le message des élections municipales a été entendu mais ne se traduira ni par un changement de cap politique ni par un remaniement gouvernemental majeur, ont fait savoir dimanche les dirigeants de la majorité.
Nicolas Sarkozy a essuyé son premier vrai revers, dix mois après son arrivée à l'Elysée, avec la confirmation d'une forte poussée de la gauche et la perte de villes comme Strasbourg ou Toulouse, même si la majorité a évité le pire à Marseille.
L'Elysée refuse cependant d'en tirer des conclusions nationales en invoquant la faiblesse du taux de participation, la "mosaïque des situations" et un simple "rééquilibrage".
"Les Français ont voulu exprimer un message d'exigence. Ce n'est ni le troisième tour, ni le match revanche de l'élection présidentielle", faisait valoir l'entourage du chef de l'Etat, en accusant la gauche d'essayer de "détourner" ce scrutin.
Une ligne de défense reprise par les dirigeants de la majorité. Seul le président du groupe UMP à l'Assemblée, Jean-François Copé, a reconnu que c'était un "soir de défaite".
Le chef de l'Etat aura à coeur de tourner rapidement cette page difficile du début de son quinquennat.
LES RÉFORMES
Il a averti qu'il entendait maintenir le cap et le rythme des réformes, ce que confirmait dimanche le Premier ministre François Fillon, même s'il cela n'exclut pas des inflexions.
"L'attente des Français porte davantage sur les résultats que sur un changement de politique ou de gouvernement", souligne le directeur des études à l'institut LH2, François Miquet-Marty.
Le chef de l'Etat et le gouvernement risquent cependant d'être rattrapés par un principe de réalité qui les a déjà amenés à en rabattre sur le projet d'Union pour la Méditerranée.
Avec la réforme des retraites et celle des institutions, la grande affaire des prochains mois sera la présidence française de l'UE, que Nicolas Sarkozy doit impérativement réussir pour asseoir sa stature de grand d'Europe.
Or la France court de nouveau le risque d'apparaître comme le mauvais élève de la classe européenne en matière de déficits publics, du fait d'une conjoncture internationale peu porteuse, assortie à la hausse de l'euro et du pétrole.
LE GOUVERNEMENT
La présidence de l'UE est une des raisons avancées par Nicolas Sarkozy pour écarter un bouleversement gouvernemental.
Selon le secrétaire général de l'Elysée, les ajustements se limiteront à la nomination de secrétaires d'Etat, en plus du remplacement à l'Outre-Mer de Christian Estrosi, élu à Nice.
"Les Français attendent que certaines fonctions soient assurées avec plus de visibilité", dit Claude Guéant au quotidien La Croix. Selon des proches du chef de l'Etat, cela concernerait des dossiers comme l'industrie, l'économie numérique, l'aménagement du territoire ou le "Grand Paris".
Des membres du gouvernement, comme Laurent Wauquiez (porte-parole) ou Luc Chatel (Consommation), qui ont arraché deux villes à la gauche, pourraient être promus et des ministères pourraient voir leur périmètre modifié.
"Il n'est pas question de toucher à l'architecture générale du gouvernement, ou aux grands postes avant le début de l'année prochaine", dit cependant Claude Guéant, selon qui le nombre de ministres d'ouverture sera maintenu. Une ouverture qui "ne prendra pas plus d'ampleur", ajoute-t-il. Ce qui semble exclure l'arrivée de l'ancien ministre socialiste Claude Allègre.
L'ÉLYSÉE
C'est peut-être dans ce secteur qu'interviendront les "ajustements" post-électoraux les plus visibles.
Le mot d'ordre à l'Elysée est la "présidentialisation" du chef de l'Etat, dont le style, les penchants "bling-bling", les emportements et l'extrême exposition médiatique ont nourri le désamour des Français à son égard depuis la fin de 2007.
Son agenda pour cette semaine illustre cette volonté de revenir à une conception plus classique de sa fonction : hommage national aux "poilus" de la Grande guerre lundi, aux maquisards de la Seconde guerre mondiale sur le plateau des Glières mardi, intervention sur la francophonie jeudi, lancement d'un sous-marin nucléaire lance-missile vendredi ...
La communication de l'Elysée sera entièrement revue, avec le départ du porte-parole David Martinon, proche de l'ex-épouse du chef de l'Etat, Cécilia, et victime collatérale des luttes fratricides de la droite dans la ville du président, Neuilly-sur-Seine, où il avait été parachuté par ce dernier.
Le porte-parolat sera supprimé, dit-on à l'Elysée. Franck Louvrier, conseiller communication du chef de l'Etat, verra son rôle de patron du service de presse renforcé.
Claude Guéant et le conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, Jean-David Levitte, interviendront ponctuellement, l'un sur les dossiers nationaux, l'autre sur l'international.
Nicolas Sarkozy s'efforcera lui-même d'adopter un mode d'intervention plus sobre et moins brouillon, dans un souci de "plus grande lisibilité et de pédagogie", sans renoncer pour autant être "réactif", dit-on dans son entourage.
Une mue engagée dès avant le premier tour. Reste à savoir si le naturel ne reviendra pas au galop à la première occasion.
L'UMP
La tentation risque d'être forte de chercher des boucs émissaires à la direction de l'UMP. Son secrétaire général, Patrick Devedjian, a déjà essuyé des attaques la semaine passée.
"Je pense que naturellement la responsabilité est collective et je veux bien accepter une part de responsabilité", a-t-il déclaré dimanche soir. Il a cependant exclu de démissionner ; "Le président de la République m'a renouvelé sa confiance."
Patrick Devedjian a en revanche dit à Reuters qu'il y aurait sans doute "quelques" remaniements à la direction de l'UMP.
Nicolas Sarkozy pourrait quant à lui être tenté de renforcer le contrôle de l'Elysée sur l'UMP, dont il reçoit régulièrement l'équipe dirigeante. Il devrait par ailleurs multiplier les contacts avec les parlementaires de la majorité.
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