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mardi, 11 mars 2008

Wade veut un accord tchado-soudanais mercredi à Dakar

DAKAR (Reuters) - Le Sénégal souhaite que la communauté internationale se porte garante d'un accord de paix tchado-soudanais que le président Abdoulaye Wade voudrait voir signé à la veille du sommet l'Organisation de la Conférence islamique à Dakar.

Dans un entretien accordé à Reuters ce week-end, le chef de l'Etat sénégalais espère que le pacte de Dakar, qui devrait être paraphé mercredi par ses pairs tchadien et soudanais, Idriss Déby et Omar el Béchir, réussisse là où tous les accords précédents ont échoué.

Les deux pays voisins producteurs de pétrole, qui sont à cheval entre l'Afrique arabe et sub-saharienne, s'accusent mutuellement de fomenter des rébellions à leurs frontières, tout particulièrement au Darfour où une guerre civile fait rage depuis 2003.

Le conflit darfourien, accompagné d'exactions à grande échelle qui ont fait plus de 200.000 morts et déraciné 2,5 millions de personnes, déborde largement sur les Etats voisins, dont le Tchad et la Centrafrique, entraînant notamment de vastes mouvements de réfugiés et de déplacés.

Wade, qui fait partie des "sages de l'Afrique" et cherche à jouer les médiateurs dans une série de conflits sur le continent, invite le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, et les chefs d'Etat de l'Union africaine (UA) et de l'Union européenne (UE) à se porter garant du futur accord de paix entre N'Djamena et Khartoum.

"Je les ai impliqués dans le processus de mise en oeuvre ... nous aurons le témoignage, la présence de tiers qui vont garantir la sincérité des uns et des autres", explique-t-il lors d'un entretien accordé au palais présidentiel.

"C'est en cela que je crois que le prochain accord sera un accord définitif".

Le pacte de Dakar devrait être paraphé à la veille de l'ouverture du sommet, jeudi, des 57 pays membres de l'OCI.

Déby et Béchir se sont souvent rencontrés par le passé pour tenter d'aplanir leurs différends qui, à plusieurs reprises, ont failli dégénérer en un conflit armé ouvert.

Mais la série de pactes de non-agression et de promesses de paix signés par le passé par les deux hommes, souvent sous l'égide du Libyen Mouammar Kadhafi ou même de l'Arabie saoudite, ont toujours échoué.

"UN CACHET SOLENNEL"

Déby, dont l'armée vient de repousser in extremis et avec l'aide de la France une offensive de rebelles tchadiens venus de l'Est et qui étaient parvenus jusqu'aux portes de son palais de

N'Djamena, accuse Khartoum de soutenir les insurgés, ce que le Soudan nie.

Selon Wade, le pacte de réconciliation qu'il a préparé comporte non seulement un accord général de non-soutien à des rebelles, mais également des mesures concrètes pour son application.

Il n'a pas fourni de précisions mais a clairement fait comprendre que sa mise en oeuvre engagerait l'UE, l'UA et les Nations unies, qui sont en train de déployer des forces de paix (Eufor et Minuad) de part et d'autre de la frontière tchado-soudanaise pour faire cesser les violences au Darfour et à sa périphérie.

Wade souhaite ainsi "(...) donner au prochain accord, à sa mise en oeuvre, un cachet tout à fait solennel, qui engage même le Conseil de sécurité (de l'Onu), comme cela engage toutes les autres forces qui seront présentes", dit-il à Reuters.

Il reconnaît que l'accord n'implique pas, à ce stade, les rebelles tchadiens qui cherchent à renverser le président Déby, pas plus que les insurgés darfouris qui se battent contre l'armée gouvernementale soudanaise et ses milices arabes alliées.

Wade affirme aussi avoir été sollicité par une partie de l'opposition tchadienne, dont certains rebelles hostiles à Déby, pour favoriser une amorce de dialogue entre eux et le pouvoir sur un accord de partage du pouvoir.

"Le gouvernement du Tchad n'était pas favorable au début, même jusqu'à présent il n'a pas indiqué son accord, mais je pense que nous arriverons à lui faire accepter de discuter pour aboutir à un partage du pouvoir", assure-t-il.

Wade, surnommé par ses compatriotes "Ndiombor" (Le Lièvre, en wolof) en raison de son habilité politique, indique que l'engagement du Tchad et du Soudan à un accord de paix durable n'est que la première étape d'un processus ardu visant à démêler l'écheveau des conflits régionaux à leurs frontières communes.

Version française Jean-Loup Fiévet

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