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mardi, 19 février 2008

Pakistan:Premières tendances défavorables à Pervez Musharraf

SLAMABAD (Reuters) - Les adversaires du président pakistanais Pervez Musharraf semblent se diriger vers une victoire au lendemain d'élections législatives et provinciales sous haute tension, qui n'ont toutefois pas donné lieu à l'explosion de violence redoutée.

Selon des résultats officieux communiqués à 07h20 GMT et portant sur 241 des 342 sièges parlementaires, le Parti du peuple pakistanais (PPP, opposition) obtiendrait 80 élus, l'aile de la Ligue musulmane favorable à l'ancien Premier ministre Nawaz Sharif (PML-N), 64, tandis que celle qui soutient le chef de l'Etat (PML-Q) est créditée de 37 députés.

Il faudra attendre plus avant dans la journée pour avoir une idée claire de l'issue de la consultation, ce qui n'a pas empêché de petits groupes de partisans de l'opposition de laisser éclater leur joie dans les rues de Lahore et de Rawalpindi.

Plusieurs chaînes de télévision, sur la foi de résultats émanant de la commission électorale, annoncent d'ores et déjà la défaite du président de la PML-Q, Chaudhry Shujaat Hussain.

Cet ancien Premier ministre aurait ainsi perdu son siège de député dans la province du Pendjab, battu par un candidat du PPP de feu Benazir Bhutto.

Le président Pervez Musharraf, ancien chef des armées, a lancé un appel à la réconciliation nationale en déposant son bulletin de vote dans une école de Rawalpindi, où la chef de file de l'opposition a été assassinée le 27 décembre.

UNE VINGTAINE DE MORTS, SELON LE PPP

La disparition brutale de l'ancien Premier ministre a conduit au report de ces élections législatives et provinciales, d'abord programmées le 8 janvier.

D'après les témoignages recueillis à travers le pays, le vote n'a guère mobilisé la population, échaudée par la vague de violences pré-électorales. Mohammad Farooq, un responsable électoral, a évalué à 35% la participation dans son bureau de vote de Rawalpindi. "Etant donné la situation en termes de sécurité, c'est un bon résultat", a-t-il dit.

En plus de la police, 80.000 militaires ont été mobilisés pour assurer la sécurité.

Selon Asif Ali Zardari, veuf de Bhutto devenu chef de file du PPP, 20 personnes, dont 15 partisans de sa formation, ont été tuées lundi.

Aucun attentat majeur n'a ensanglanté le scrutin, comme samedi à Parachinar, dans le nord-ouest du pays, où 47 personnes avaient péri dans un attentat suicide visant un rassemblement du

PPP.

MUSHARRAF CONCILIANT

Musharraf ne remet pas en jeu son mandat mais son impopularité pourrait être l'un des facteurs décisifs de l'élection.

Après avoir déposé son bulletin dans une école de Rawalpindi, il a dit vouloir sortir de la "démarche de confrontation" et rester "engagé dans une politique de réconciliation avec tout le monde".

"Quel que soit le parti qui l'emportera (...), je le félicite et coopérerai pleinement avec lui en tant que président", a-t-il dit.

Un Parlement hostile à Musharraf pourrait remettre en question la constitutionnalité de sa réélection pour cinq ans par la chambre sortante, en octobre dernier.

Les deux principales forces de l'opposition - le PPP et la Ligue musulmane fidèle à Nawaz Sharif - sont largement en tête des sondages mais redoutent des fraudes massives.

"Il est plus que clair qu'un plan massif de truquage est à l'oeuvre", a lancé à Lahore Nawaz Sharif, ancien Premier ministre chassé du pouvoir par le putsch de Musharraf en 1999.

Sharif et le PPP ont annoncé qu'ils manifesteraient si on les prive de la victoire électorale, mais les observateurs s'interrogent sur la réaction de l'armée dans cette éventualité.

Outre l'impopularité de Musharraf, l'autre déterminant principal du vote semble être la vague d'émotion provoquée par la mort de Benazir Bhutto qui pourrait profiter à son parti.

Mais ni le PPP ni les deux autres grandes formations politiques - les deux ailes rivales pro-Musharraf et pro-Sharif de la Ligue musulmane du Pakistan - ne semblent en mesure d'emporter la majorité et une coalition semble inéluctable au sein de l'Assemblée nationale de 342 sièges.

Avec Zeeshan Haider, Jon Hemming et Kamran Haider, version française Jean-Stéphane Brosse, Jean-Loup Fiévet et Jean-Philippe Lefief

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