mardi, 12 février 2008
Paris à défaut de pouvoir d'achat le gouvernement se décharge sur l'immigration
PARIS (Reuters) - La police a placé en garde à vue 114 personnes à Paris, dont 105 étrangers qui seraient en situation irrégulière, à la suite d'une opération d'une ampleur rare qui a mobilisé 400 policiers dans un immeuble hébergeant des travailleurs immigrés du XIIIe arrondissement, apprend-on de source judiciaire.
Les policiers agissaient sur commission rogatoire d'un juge d'instruction qui enquête sur une présumée filière d'immigration illégale, un trafic de faux documents administratifs et l'hébergement "dans des conditions incompatibles avec la dignité humaine", qui est une infraction pénale.
Neuf des personnes arrêtées sont des animateurs présumés du réseau, les autres sont des résidents qui semblent être en situation irrégulière et qui seraient principalement maliens. Les premiers sont susceptibles de poursuites, les seconds d'une expulsion.
Deux étrangers hébergés dans le foyer ont par ailleurs été libérés après leur arrestation, car ils disposaient de papiers en règle, a-t-on précisé de même source judiciaire.
"L'information judiciaire a mis en évidence l'existence de filières de logeurs hébergeant à prix fort des travailleurs migrants dans des conditions insalubres", dit la préfecture de police dans un communiqué.
Le MRAP a vivement condamné ce qu'il a appelé une "rafle". L'association anti-raciste rapporte que 29 portes de chambres ont été fracassées lors de l'opération, de même que le bureau du directeur du foyer. Elle parle de 140 sans-papiers arrêtés.
Les policiers ont agi avec les contrôleurs de sécurité de l'habitat de la préfecture de police, service qui avait émis un avis défavorable à l'exploitation du foyer le 6 février.
Plusieurs incendies entre avril et septembre 2005 à Paris dans des foyers d'immigrés vétustes avaient fait une cinquantaine de morts. Ces drames avaient mis en lumière l'ampleur du problème dans la capitale, qui souffre d'un manque de capacité d'hébergement pour travailleurs à bas salaires.
Par ailleurs, le nouveau ministère de l'Immigration dirigé par Brice Hortefeux s'est vu officiellement assigner par l'Elysée des objectifs chiffrés d'expulsions, qui n'ont pu être complètement atteints l'année dernière. Des consignes de fermeté ont été données aux services spécialisés pour intensifier les actions.
Thierry Lévêque
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