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mardi, 12 février 2008

En Guyane, Nicolas Sarkozy snobe les journalistes parisiens

CAYENNE, Guyane (Reuters) - Nicolas Sarkozy a snobé toute la journée de lundi les journalistes parisiens venus couvrir sa visite en Guyane et désireux de l'interroger sur l'imbroglio de Neuilly et sa chute dans les sondages.
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"Je ne vous cacherai pas que certains, à Paris, m'ont conseillé d'annuler notre rencontre. C'est bien mal me connaître! Je pense qu'au contraire cette rencontre est plus nécessaire que jamais", déclare-t-il lundi soir à Cayenne, en préambule à son cinquième et dernier discours de la journée.

Mais il s'adresse à des représentants des milieux économiques guyanais furieux de son véto contre un projet de mine d'or dans ce département d'outre-mer.

Les journalistes n'ont pas cette chance. A Camopi, village amérindien à la frontière du Brésil et première étape de sa visite, il prononce trois discours mais refuse systématiquement de répondre aux questions de la presse pour finir par lancer : "Pas de commentaire pour l'instant. Profitez de la Guyane."

Pendant ce temps à Paris, les mauvaises nouvelles s'accumulent pour le chef de l'Etat.

A quatre semaines du premier tour de l'élection municipale, l'UMP est en quête d'un candidat à la succession de Nicolas Sarkozy à la mairie de Neuilly, après le renoncement de David Martinon, porte-parole de l'Elysée, lâché par ses principaux colistiers, dont l'un des fils du chef de l'Etat, Jean.

Et la cote de popularité de Nicolas Sarkozy dévisse de dix points dans le baromètre Ipsos-Le Point, à 39%, et de six dans le sondage CSA-Le Parisien, à 42%.

A Kourou, lors de la visite du hall de montage de la fusée Ariane 5, Nicolas Sarkozy a le visage fermé et, contrairement à son habitude, fuit le regard des journalistes.

Les ministres qui l'accompagnent ne se montrent guère plus enclins à répondre aux questions.

"Je ne suis pas au courant, moi. Je n'ai pas regardé la télé depuis qu'on est parti", affirme sérieusement la secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme, Rama Yade.

POPULAIRE "DANS LA FORET AMAZONIENNE"

Un peu plus tard, à la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Cayenne, la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie lance à ceux qui se plaignent de l'attitude du chef de l'Etat : "Vous n'avez pas été gentils, vous êtes punis."

La ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Valérie Pécresse, l'esprit sans doute encore au centre spatial de Kourou, esquive avec une pirouette : "J'ai parlé de Mars mais personne ne s'intéresse à Mars !"

"C'est drôle que vous veniez jusqu'ici pour parler d'autre chose que ce qui concerne notre déplacement", feint de s'étonner le secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer, Christian Estrosi. "Ça me surprend parce que je crois que les Françaises et les Français qui méritent l'égalité des chances, la justice, l'équité, ont besoin qu'on s'occupe d'eux ici et que les services que vous représentez devraient se montrer à leur image."

"Vous avez vu sa popularité dans la forêt amazonienne ?" ajoute-t-il à propos du chef de l'Etat.

Un peu plus tard, Sarkozy, à qui l'on demande s'il est fâché contre les journalistes, consent à répondre : "Je ne suis pas du tout fâché contre vous, je tiens absolument à ce que vous parliez de la Guyane."

Les journalistes ont failli rater son arrivée à la CCI : un accrochage entre des badauds et des policiers à l'autre bout de la place centrale de Cayenne, la place des Palmistes, a fait opportunément diversion.

Au départ de Nicolas Sarkozy de la CCI, après son discours, ils tentent une nouvelle fois leur chance : "Et les sondages ?"

"Vous posez toujours les mêmes questions (...) Je suis moins inquiet que vous", lance le président de la République avant de s'engouffrer dans sa voiture.

Au loin, quelques dizaines de badauds tenus en lisière par des barrières métalliques et un cordon de policiers regarde s'ébranler le carrosse de l'Etat.

Nicolas Sarkozy descendra quelques secondes de sa voiture pour serrer quelques mains avant de disparaître dans la nuit guyanaise, suivi par le long cortège de ses ministres. Une fois encore, les journalistes arriveront trop tard ...

Emmanuel Jarry

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