mercredi, 16 janvier 2008
Plan Banlieue: confusion au sommet de l'Etat après les propos d'Amara et Boutin
PARIS (AFP) - Une semaine après que le président Sarkozy eut annoncé "un plan extrêmement ambitieux" en faveur des banlieues, la confusion paraissait totale au sommet de l'Etat entre le tandem exécutif toujours partisan d'un plan et les ministres chargés du dossier, qui ne le jugent plus pertinent.
Dans une tribune publiée dans Le Monde daté de mercredi, la secrétaire d'Etat à la Ville Fadela Amara a déclaré que "ce n'est pas d'un plan que nos quartiers ont besoin", mais "d'une nouvelle dynamique".
Elle s'inscrit ainsi dans la foulée de sa ministre de tutelle, Christine Boutin qui, la veille, avait affirmé dans une interview à La Croix "ne pas croire en un plan banlieue".
"Le plan +Egalité des chances+ de Fadela Amara est centré sur les banlieues. Moi, disait-elle, je crois en la réponse beaucoup plus globale d'une nouvelle politique de la Ville. On ne résoudra pas les problèmes des quartiers par un énième plan qui se résumerait à leur donner encore plus de moyens".
Au-delà des questions sémantiques, le "plan Marshall" des banlieues que promettait le candidat Sarkozy est devenu une "dynamique" aux contours encore très mal définis.
Alors que le président était mardi en visite au Qatar, on indiquait dans son entourage que ce plan, que Nicolas Sarkozy conçoit comme "extrêmement ambitieux", serait présenté "à la mi-février".
Lors de sa conférence de presse de rentrée, le chef de l'Etat avait repoussé à "début février" sa présentation, promise d'abord par Fadela Amara pour fin 2007, puis annoncée pour le 22 janvier à Vaulx-en-Velin (Rhône) par le porte-parole du gouvernement, Laurent Wauquiez.
Une source gouvernementale a expliqué que si le "plan" avait été repoussé à février par le président Sarkozy, c'était parce qu'il n'était pas "assez solide". En conséquence, a-t-on poursuivi, "le dossier a été repris en main par l'Elysée et Matignon".
Le Premier ministre François Fillon a ajouté encore à la confusion, lors de ses voeux à la presse, en se posant à lui-même la question: "est-ce qu'il faut aujourd'hui un plan banlieue?". Avant de juger que "la réduction du chômage, la réforme de l'école primaire, la lutte contre l'immigration clandestine, la politique de la ville sont évidemment des éléments essentiels d'une politique d'intégration des quartiers".
"Mais il n'en reste pas moins qu'une politique spécifique aux quartiers les plus défavorisés est absolument nécessaire", a-t-il insisté.
M. Fillon a décliné les "trois idées principales" - déjà énoncées par Fadela Amara - autour desquelles s'articulera "cette politique" en faveur des quartiers: "accompagnement personnalisé des jeunes sans emploi, auxquels" il sera "proposer de manière systématique une formation longue débouchant sur un métier", "plan de désenclavement des quartiers" et "renforcement des moyens de lutte contre l'échec scolaire".
En tout état de cause, il semble acquis que ce plan, "ciblé", ne devrait pas bénéficier d'une manne financière importante, après les déclarations de M. Sarkozy faisant état de "caisses" de l'Etat "vides". Selon différentes estimations, il devrait être doté d'un peu moins d'un milliard d'euros.
Fadela Amara a également annoncé dans Le Monde une "réforme des dotations de solidarité de l'Etat aux communes", une réforme ardemment demandée par les maires de banlieue qui ont été reçus récemment par les deux ministres en charge de la politique de la Ville.
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