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dimanche, 06 janvier 2008

Kenya: Odinga refuse l'offre de gouvernement d'unité nationale du président Kibaki

NAIROBI - Le chef de l'opposition kenyane Raila Odinga a rejeté dimanche l'offre du président Mwaï Kibaki de former un gouvernement d'unité nationale pour tenter de résoudre la crise, marquée par des émeutes meurtrières qui ont fait au moins 300 morts et 250.000 déplacés dans tout le pays. Lors d'une conférence de presse, M. Odinga a affirmé que son parti organiserait des manifestations dans le pays mardi, ce qui pourrait se traduire par de nouvelles violences après le retour d'un calme relatif.

Ce week-end, des affrontements inter-ethniques isolés ont été recensés et la police a tiré des grenades lacrymogènes sur des manifestants pour les disperser dans la ville touristique de Mombasa, sur l'océan Indien.

"S'il y a une effusion de sang pendant ces manifestations, ce sera la responsabilité du gouvernement", a averti Raila Odinga.

L'opposant, qui accuse M. Kibaki d'avoir truqué le scrutin du 27 décembre pour permettre sa réélection, a assuré que le président kenyan "ne peut rien nous offrir parce qu'il n'a pas gagné l'élection". "Il ne peut pas y avoir de paix sans justice", a poursuivi M. Odinga. "Nous voulons un médiateur. Nous voulons un accord négocié correctement, pas un gouvernement de coalition".

Il a donc accueilli favorablement la venue, la semaine prochaine, du président ghanéen John Kufuor, également président de l'Union africaine, pour effectuer une médiation. Et un peu baissé le ton, ne réclamant plus la démission de Kibaki.

Samedi, ce dernier avait proposé de former un gouvernement d'unité nationale, à l'issue d'une rencontre avec Jendayi Frazer, secrétaire d'Etat adjointe américaine aux Affaires africaines. Celle-ci était toujours à Nairobi dimanche, mais on ignorait si elle rencontrerait à nouveau MM. Kibaki et Odinga.

Si un calme précaire est revenu à Nairobi, 23 organisations de défense des droits de l'Homme accusent la police d'un recours excessif à la force et d'avoir procédé à des "exécutions extrajudiciaires" en riposte aux émeutes. "Quand j'ai montré mes papiers, (les policiers) ont dit: 'c'est un Luhya (...) tire-lui dessus", accuse Noor Adam, de l'ethnie luhya, l'une des 42 du Kenya. Les policiers lui ont tiré dans la jambe avant de mettre le feu à sa boutique, où dormaient ses enfants. Les petits avaient sept et 17 ans, ils sont morts brûlés vifs.

Au cours d'une conférence de presse dimanche, le chef de la police Hussein Ali a refusé de répondre aux questions sur ces violences, avant de dire: "Nous n'avons abattu personne". De son côté, le porte-parole du gouvernement Alfred Mutua affirmait que quiconque avait été tué par la police était probablement un violeur.

A l'hôpital Makina, dans le bidonville de Kibera, à Nairobi, les médecins affirment que la moitié des victimes qu'ils ont soignées ont déclaré avoir été blessées par la police.

Privés d'approvisionnement par la crise, des dizaines de milliers de Kenyans attendaient de l'aide. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a envoyé 20 camions transportant des vivres destinés à 100.000 déplacés dans la Vallée du Rift et à Nairobi. Le convoi, bloqué à Mombasa depuis plusieurs jours, a pu prendre la route dimanche. AP

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