mercredi, 02 janvier 2008
Alerte le Kenya à Feu et à Sang après les élections présidentielles
NAIROBI (Reuters) - Le bilan des violences qui ont suivi la réélection controversée du président kenyan Mwai Kibaki a été porté à près de 250 morts avec l'incendie volontaire d'une église dans laquelle s'étaient réfugiés des villageois.
Près d'Eldoret, dans l'ouest du pays, l'incendie d'une église pentecôtiste dans laquelle s'étaient réfugiés quelque 200 membres de l'ethnie kikuyu de Kibaki a fait une trentaine de morts dont des femmes et des enfants.
La police, des journalistes et un responsable de la sécurité ont déclaré que cet incendie avait été délibérément allumé par une bande de jeunes.
"C'est la première fois dans l'histoire qu'un groupe attaque une église. Nous n'aurions jamais cru que la sauvagerie irait si loin", a déclaré Eric Kiraithe, porte-parole de la police.
Selon des habitants et une source proche des services de sécurité, les victimes s'étaient réfugiées dans l'église, à huit kilomètres d'Eldoret, lorsqu'une bande de jeunes est arrivée, a maîtrisé les garçons chargés de garder le lieu de culte et y a mis le feu.
LA FRANCE "CONSTERNÉE"
Cette explosion de violences dans l'une des démocraties les plus stables et l'une des économies les plus fortes du continent a choqué la communauté internationale et les Africains auxquels l'incendie de l'église rappelle les atrocités du génocide rwandais, en 1994.
Ces violences politiques doublées de vieilles rivalités tribales font craindre au quotidien Daily Nation que le Kenya soit "au bord de la liquéfaction complète".
Mardi, la police était déployée en force et les rues étaient plus calmes mais des violences ont de nouveau éclaté dans les bidonvilles à la nuit tombée.
La France a exprimé sa consternation face aux violences. Un communiqué du ministère des Affaires étrangères appelle tous les leaders politiques à contribuer au retour au calme.
Le gouvernement français dit par ailleurs partager les doutes exprimés par l'Union européenne quant à la régularité du scrutin de jeudi dernier.
Washington a dans un premier temps félicité Kibaki, avant d'infléchir sa position et d'exprimer ses "préoccupations face à des irrégularités".
Des diplomates occidentaux ont fait la navette entre les deux camps pour tenter une médiation. Le Premier ministre britannique, Gordon Brown, s'est entretenu au téléphone avec Odinga et Kibaki.
La région d'Eldoret est multiethnique mais elle est traditionnellement dominée par l'ethnie kalenjin. Elle a connu des violences ethniques en 1992 et 1997 lorsque des centaines d'habitants - kikuyus pour la plupart - ont été tués tandis que des milliers d'autres fuyaient.
Un responsable de la sécurité de la vallée du Rift a déclaré que quelque 15.000 personnes tentaient de se protéger des violences dans des églises et des commissariats de police d'Eldoret.
RASSEMBLEMENT INTERDIT
Il a accusé l'opposition d'avoir envenimé la situation alors que les différentes communautés "vivent ensemble depuis des années".
Un prêtre catholique irlandais, le père Paul Brennan, a rapporté que des jeunes gens armés sillonnaient les rues d'Eldoret.
"Des maisons sont incendiées. Il est trop dangereux d'aller dehors et de dénombrer les morts", a-t-il dit. "Les églises sont pleines. Il y a entre quatre et cinq mille personnes à la cathédrale".
Selon des témoins, la plupart des morts ont été touchés par des tirs de la police sur des manifestants, ce qui a fait dire à des mouvements de défense des droits de l'homme et à l'opposition que Kibaki avait fait du Kenya un Etat policier.
La police a fait état dans la soirée d'un bilan de 170 morts.
Les journalistes de Reuters évaluaient le nombre de victimes à environ 250.
Odinga a déclaré que son Mouvement démocratique orange disposait lundi soir d'un bilan confirmé de 160 morts mais qu'avec les morts de la nuit, le total atteindrait vraisemblablement 250 morts "ou un peu plus".
Odinga était en tête dans tous les sondages précédant le scrutin et aux élections législatives organisées le même jour. La plupart des ministres de Kibaki ont été battus par des membres du parti d'Odinga, formation qui a aussi remporté bien plus de sièges au Parlement.
Plusieurs pays, dont la France, ont déconseillé à leurs ressortissants de se rendre au Kenya auquel le tourisme rapporte 800 millions de dollars par an.
Odinga, qui revendique la victoire à l'élection présidentielle, a invité ses partisans à se rassembler jeudi dans un parc du centre de Nairobi mais la police a annoncé l'interdiction de ce rassemblement.
Avec Helen Nyambura-Mwaura, Nicolo Gnecchi, Duncan Miriri, Patrick Muiruri, Bryson Hull, Florence Muchori, Joseph Sudah, Andrew Cawthorne et Guled Mohamed à Kisumu, version française Nicole Dupont
08:58 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, kenya | del.icio.us | Facebook | | |
Commentaires
Merci pour ces infos...
http://blog.couleurs-eternite.com/index.php/2008/01/02/227-les-kikuyu
Écrit par : Joel | jeudi, 03 janvier 2008
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