lundi, 24 décembre 2007
Verhofstadt III en toute confiance
Verhofstadt III est sur les rails. Vendredi, le Premier ministre avait livré sa déclaration gouvernementale à la Chambre. Dimanche, après huit heures de débats, il a obtenu la confiance des dép
Le vote a été obtenu majorité (PS, MR, VLD, CD&V/N-VA et CDH) contre opposition (Ecolo, Groen, Vlaams Belang et Lijst Dedecker). Soit 97 oui et 46 non.
Comme annoncé, la N-VA a voté oui (pour soutenir l'aile CD&V du gouvernement…) mais une élue s'est abstenue pour marquer la défiance du parti nationaliste à l'égard d'un gouvernement dirigé par Guy Verhofstadt, le Premier ministre que l'on n'attendait plus et que la N-VA veut voir décamper le plus vite possible…
Le vote de confiance acquis, le gouvernement peut se mettre au travail. Au fait, ces prochains jours vont surtout permettre aux ministres de s'installer et former leurs cabinets. On sera donc en janvier quand ce gouvernement se mettra à vraiment tourner.
Le vote de confiance a conclu un débat d'intérêt variable. Il a fait percer une certitude : si l'institutionnel promet des étincelles, ce sera chaud aussi sur le socio-économique. Le PS a répété qu'il voulait apporter une « empreinte sociale forte » à un gouvernement dont Bart Tommelein (VLD) attend une « politique avec des accents libéraux forts. » Daniel Baquelaine (MR), lui aussi, a annoncé la couleur. Il soulignera qu'il n'y a pas de « pensée unique francophone » sur le socio-économique comme il en existe une sur l'institutionnel. Au passage, il moque le CDH : « Il est sain que les partis de gauche comme le PS et le CDH expriment leur sensibilité. Nous, nous développerons notre projet. » Piqué au vif, Melchior Wathelet (CDH) lui renverra : « Certains partenaires n'arrivent pas à s'extraire d'un jeu politique de bac à sable. »
Servais Verherstraeten, le nouveau chef du groupe CD&V (il remplace Pieter De Crem, devenu ministre), se fait applaudir quand il salue l'effort de Verhofstadt pour former ce gouvernement intérimaire. Et se fait huer quand il précise aussitôt que, tout de même, la « mission d'Yves Leterme était plus lourde. » Il tente de rassurer ses francophones : « La demande d'une réforme n'est pas axée sur le souci d'un bien-être flamand qui serait au détriment de la Wallonie ». Puis : « Toutes les réformes de l'Etat ont été des compromis. Celle-ci le sera aussi. Il faudra un “win win”. Et que ceux qui s'opposent à une réforme sachent qu'ils risquent de rendre ce pays ingouvernable ».
Jean-Marc Nollet (Ecolo) retient que les partis du Verhofstadt III se sont d'abord préoccupés de leurs postes ministériels avant de se soucier du contenu. Puis : « Vous dites avoir arrêté le compteur de la crise. Sachez que d'autres compteurs continuent de tourner : les compteurs du gaz, de l'électricité et du mazout… »
Bacquelaine revient sur la réforme de l'Etat et pose les balises du MR : « Nous ne souscrirons à aucune réforme susceptible d'atteindre aux droits et libertés des citoyens. Les droits attachés à la personne revêtent une portée universelle qu'aucune réforme ne pourra altérer. » Autre message : si on fédéralise des compétences (de l'Etat vers les régions), l'inverse doit être possible aussi.
Bart de Wever (N-VA) dit son parti « prêt à des compromis honorables ». Mais : « Pas question de s'aplatir. On ne l'a jamais fait. On ne le fera jamais ». Il explique pourquoi la N-VA n'a pas embarqué dans le gouvernement : « La réforme de l'Etat est, pour nous, plus importante. Les choses urgentes peuvent être gérées par d'autres. »
Elio Di Rupo, président du PS, intervient : « Aujourd'hui, après le désarroi, c'est le soulagement. Le PS s'était placé dans l'opposition. Je n'adresse aucun reproche à celles et ceux qui ne sont pas joints au gouvernement. Mais j'ai estimé qu'il était de mon devoir et celui de mon parti de prendre ses responsabilités. L'opposition est utile. Elle est souvent stérile pour résoudre les problèmes des gens. » Sur la réforme de l'Etat : « Nous devons retrouver le fil de la négociation constructive, pour mieux faire évoluer la Belgique. Je pense qu'il faut le faire pour tous et avec tous. C'est-à-dire, selon moi, avec une majorité parlementaire plus large encore que celle que compte le gouvernement qui se met en place. » En… néerlandais, il prônera la recherche de formules win-win pour apporter une meilleure qualité de vie à tous.
En clôture du débat, Verhofstadt répliquera au Belang qui disait représenter la Flandre. « Non. Vous ne représentez qu'une minorité de la Flandre, celle qui veut le séparatisme. » Le Premier ministre évoque le Fonds mazout, dont on tentera d'élargir les bénéficiaires. « Mais le carcan budgétaire est là. N'attendez pas de miracle. Mais ce que nous pourrons faire, nous le ferons… »
Réforme de l'Etat : le CD&V demande que le Groupe des 12, qui préparera le terrain dès janvier, associe les Régions. Verhofstadt parle plutôt d'un « contact permanent » entre le groupe et les régions. Puis : « Nous avons 25 ans de réformes institutionnelles derrière nous. Nos prédécesseurs sont parvenus à construire un état fédéral en dialoguant. » Il appelle chacun à se délivrer de ses tabous et « no pasaran ». Pour conclure : « Nous vivons dans un pays fantastique, sans chauvinisme. Avec des gens courageux, qui travaillent dur. Faisons la même chose ! »
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