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mercredi, 19 décembre 2007

Verhofstadt met sur pied un gouvernement intérimaire en Belgique

BRUXELLES (Reuters) - Après six mois de crise, le Premier ministre belge sortant Guy Verhofstadt a obtenu un accord sur un gouvernement intérimaire chargé de gérer le pays et de préparer la grande négociation à venir entre Flamands et Wallons sur l'avenir de la Belgique.
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Le libéral flamand, qui avait été nommé "formateur" du gouvernement il y a neuf jours à peine par le roi Albert II, a réussi là où le démocrate-chrétien flamand Yves Leterme, grand vainqueur des élections du 10 juin dernier, avait échoué.

"L'ensemble des contacts que le formateur a pris ces derniers jours a permis de débloquer la situation", a déclaré Verhofstadt dans un communiqué qui sonne comme une revanche pour cet homme énergique devenu un peu le "sauveur" du pays.

Le ministre belge des Finances, Didier Reynders, n'a pas caché son admiration pour cette performance sur les ondes de la

RTBF.

"En 15 jours, sortir le pays d'une crise aussi grave, c'est assez remarquable", a-t-il dit. "Ces derniers jours, on a privilégié la sortie de la crise plutôt que les querelles."

La situation était devenue "intenable", a-t-il ajouté en estimant que la Belgique donnait à l'étranger l'image d'un pays en train de s'évaporer dans une crise de régime interminable.

Le président du PS, Elio di Rupo, entend lui aussi "tourner la page" pour assurer l'avenir de la Belgique: "On n'a jamais connu une crise aussi longue, on en sort, allez!".

Verhofstadt, qui dirigeait depuis 1999 une coalition entre socialistes et libéraux, obtiendra la confiance du parlement belge avant la Noël et gouvernera le pays jusqu'au 23 mars 2008 avant de céder théoriquement le relais à Yves Leterme.

LE RETOUR DES SOCIALISTES

Son gouvernement sera composé d'une coalition très complexe entre les libéraux et les démocrates-chrétiens du Nord et du Sud du pays, qui négociaient sans succès depuis six mois.

Mais les socialistes francophones, qui avaient pourtant subi une raclée électorale le 10 juin dernier, les rejoignent pour obtenir une majorité des deux tiers indispensable à l'adoption de la réforme de l'Etat voulue par les partis flamands.

Mardi, cette formule semblait pourtant vouée à l'échec, les libéraux francophones (MR), grands vainqueurs des élections au Sud du pays, ayant émis un veto à l'encontre de la présence dans la coalition des démocrates-chrétiens wallons (CDH).

Elus sur un programme de centre-droit, le MR, qui avait déjà dû accepter la présence de son ennemi juré socialiste dans la coalition, ne voulait pas y ajouter un CDH marqué à gauche.

Mais Verhofstadt a réussi à mettre les francophones d'accord en jouant sur la répartition des 14 portefeuilles ministériels.

Il a offert aux démocrates-chrétiens francophones un poste ministériel important - l'emploi et du travail - pris sur le "quota" de leurs homologues flamands, qui héritent de quatre maroquins. Les libéraux du Nord et du Sud du pays disposent chacun de trois ministres, comme les socialistes francophones.

Le gouvernement intérimaire devra prendre des mesures urgentes, comme l'adoption du budget 2008, et lancer un forum chargé de proposer un nouveau transfert de pouvoirs aux régions voulu par les Flamands, notamment en matière de sécurité sociale et de fiscalité, mais redouté par les francophones.

Le libéral francophone Didier Reynders sera vice-Premier ministre en charge du volet socio-économique, tandis qu'Yves Leterme pilotera les réformes institutionnelles qui seront débattues dans un forum où tous les partis seront représentés.

LA CRISE RISQUE DE RESSURGIR

Si la crise qui menaçait la pérennité du pays est provisoirement mise sous l'éteignoir, elle risque cependant de ressurgir très vite dans les mois qui viennent.

Certes, les francophones, qui s'opposaient frontalement au départ aux revendications flamandes, ont compris qu'il leur faudrait se mettre autour d'une table de négociation pour débattre de tous les problèmes, sans tabou.

Mais les mêmes causes pourraient produire les mêmes effets.

Les démocrates-chrétiens flamands entrent en effet au gouvernement avec leur allié de la NVA, un petit parti qui prône l'indépendance à terme de la Flandre et qui voit, au mieux, la Belgique comme une confédération aux liens très lâches.

Il existe bien une différence de taille: grâce à l'entrée des socialistes francophones au gouvernement, les cinq députés de la NVA ne sont plus indispensables pour obtenir une majorité simple afin de prendre les décisions socio-économiques.

Mais ils restent nécessaires pour parvenir à la majorité des deux tiers et la plupart de leurs revendications, qui restent inacceptables aujourd'hui et demain par les francophones, sont partagées par les autres partis démocratiques flamands.

Or, sur le terrain, le climat n'est pas à l'apaisement.

Mardi, la commune flamande de Zaventem, dans la banlieue de Bruxelles, a voté un règlement qui interdit aux personnes ne parlant pas le néerlandais d'acheter des terrains à bâtir.

C'est un peu comme si la France interdisait aux Britanniques ou aux Néerlandais d'acheter des maisons dans l'Hexagone s'ils ne parlent pas la langue de Voltaire.

Le nouveau gouvernement devra également trouver très rapidement un accord sur le sort du grand arrondissement électoral qui entoure la capitale belge et qui permet aux francophones vivant dans les communes flamandes de la périphérie bruxelloise de voter pour les partis de leur communauté.

Tous les partis flamands veulent mettre fin à cette possibilité, ce qui suscite une levée de boucliers au Sud.

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