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jeudi, 13 décembre 2007

L'Union européenne se met en ordre de marche

BRUXELLES (Reuters) - L'Union européenne mettra ce jeudi un point final à une longue période d'introspection en signant le traité de Lisbonne avant de lancer dès demain une réflexion sur le visage de l'Europe à l'horizon 2030.
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Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE, réunis dans la capitale portugaise, apposeront leur signature au bas du traité qui remplacera la défunte Constitution européenne rejetée par les Français et les Néerlandais au printemps 2005.

"En deux ans et demi, on est passé du fond du trou à une situation où l'Europe met sa maison en ordre", a ironisé un ambassadeur en se gaussant des Cassandre qui prévoyaient la mort de la construction européenne après ces deux "non".

C'était mal connaître la capacité de l'Union européenne à rebondir de crise en crise, comme s'il s'agissait d'un moteur.

Le traité qui sera signé reprend l'essentiel de la Constitution: vote à la double majorité - des pays et de la population -, qui deviendra la règle; nomination d'un président stable du Conseil européen; création d'un poste de "ministre" des Affaires étrangères de l'Union, etc.

Alors que le Royaume-Uni croyait en 2005 que l'heure de sa vision d'une Europe beaucoup moins intégrée avait sonné, il a dû s'y rallier du bout des doigts, comme le montre l'absence de Gordon Brown à la cérémonie de signature - le Premier ministre britannique le signera en catimini, après ses homologues.

Au bout du compte, Londres, qui ne participe pas à l'euro, est de plus en plus marginalisé puisqu'il ne participera pas à de nombreuses politiques, notamment en matière de coopération judiciaire et policière, et que ses citoyens ne pourront se prévaloir de la Charte européenne des droits fondamentaux.

COURSE À LA RATIFICATION

Il reste maintenant à ratifier le nouveau traité pour qu'il entre bien en vigueur à la date prévue du 1er janvier 2009.

Mais la situation est totalement différente par rapport à celle qui prévalait lors de la ratification du projet de Constitution, quand Londres, Varsovie ou Prague jouaient la montre en espérant un "accident" pour ne pas prendre de risque.

Tous les Etats membres sont désormais engagés dans une sorte de compétition pour être le premier à ratifier le texte.

La Pologne, qui a amorcé un virage pro-européen après la défaite du gouvernement eurosceptique de Jaroslaw Kaczynski, met les bouchées doubles, tout comme la France, où le parlement se réunira en Congrès dès le 4 février pour entériner le traité.

Il est vrai que, cette fois, le gouvernement français n'a rien à craindre: comme il l'avait promis avant son élection, Nicolas Sarkozy n'a pas voulu d'un nouveau référendum dont la perspective aurait à coup sûr bloqué la négociation.

Seule l'Irlande entend mener une consultation populaire qui n'est pas sans risque - sa population avait voté contre le traité de Nice, en 2001 -, mais la confiance règne à Bruxelles.

Les deux pays les plus susceptibles de rejeter le traité, le Royaume-Uni et le Danemark, ont opté pour la voie parlementaire et leurs partenaires s'engagent à leur faciliter la tâche en évitant de présenter le traité comme un complot fédéraliste.

GROUPE DE RÉFLEXION

L'UE peut donc s'atteler à une réalité plus concrète.

Les dirigeants européens évoqueront ainsi la manière dont ils seront appelés à prendre leurs responsabilités au Kosovo, qui se dirige vers une inéluctable indépendance.

S'ils ne sont pas tous unis sur la reconnaissance de ce futur nouveau pays, les Vingt-Sept sont décidés à y envoyer une mission de police pour éviter des violences et à apaiser le courroux de la Serbie en lui garantissant un avenir européen.

Ils s'engageront aussi à mettre sur pied une politique commune de l'immigration et à se montrer plus fermes dans la défense des intérêts européens lors des négociations commerciales pour démontrer que l'Union européenne entend défendre son modèle de société dans la mondialisation.

Les Européens restent toutefois désunis sur certains dossiers, comme l'adhésion de la Turquie à l'Union. Nicolas Sarkozy estime que ce pays "n'a pas sa place en Europe" mais, pour éviter une crise avec des pays comme le Royaume-Uni, il a accepté de laisser les négociations se poursuivre sur les chapitres qui ne mènent pas directement à l'adhésion, comme par exemple l'euro ou le budget.

En échange, il a également obtenu le lancement vendredi d'un "groupe de réflexion" d'une dizaine de personnes chargées de réfléchir au visage qu'aura l'UE à l'horizon 2020-2030.

Le mandat de ce groupe, dont le président pourrait, selon des responsables gouvernementaux, être l'ancienne présidente lettone Vaira Vike-Freiberga ou l'ancien président du gouvernement espagnol Felipe Gonzalez, est suffisamment vague pour satisfaire 27 pays aux visions parfois divergentes.

La modernisation du modèle économique et social européen, le développement durable, la sécurité, l'immigration, l'énergie, le réchauffement climatique et la lutte contre la criminalité internationale et le terrorisme y figurent.

Il n'y a dans le mandat aucune référence directe à la réponse à apporter à la candidature turque, ni aux frontières de l'Europe, mais les "sages" devront examiner comment assurer la stabilité de "la région européenne au sens large".

"On ne peut pas s'interroger sur le projet européen sans se poser la question de sa base territoriale", dit un diplomate.

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