vendredi, 07 décembre 2007
Belgique 180 jours sans gouvernement fédéral.
L'idée d'une coalition élargie fait son chemin. Mais celle d'une tripartite bleu-rouge-orange boit la tasse.
Est-ce tactique, est-ce véridique ? Toujours est-il que, jeudi, le scénario de sortie de crise qui, la veille encore, tenait la route, a été attaqué tous azimuts. Une tripartite, après un gouvernement en affaires courantes « élargies » ? L'Open VLD, parti du dépanneur royal Guy Verhofstadt, a tiré le premier.
« Nous n'avons jamais changé d'avis. Nous nous sommes toujours opposés à une tripartite classique. Nous ne refusons aucune autre piste et nous privilégions toujours celle de l'Orange bleue, même si sa clef est entre les mains de la famille sociale-chrétienne. » Telle est la version officielle livrée jeudi par Tom Ongena, porte-parole du VLD.
Derrière cette déclaration, le parti du Grand Bleu réaffirme que, même s'il plaide en faveur d'une réforme de l'État, il rejette toute formule gouvernementale qui privilégierait essentiellement ce volet institutionnel.
« Ce n'est pas notre “core business”, rappelle-t-on dans l'entourage des négociateurs VLD. Ce que nous souhaitons, c'est un programme économique ambitieux, articulé sur la diminution de la fiscalité et des transformations profondes sur le terrain de l'emploi. »
Les libéraux flamands n'ont aucune intention d'embarquer dans un gouvernement qui se limiterait à réaliser le big-bang institutionnel dont rêve le cartel flamand, en snobant leurs priorités fiscales. Ce serait faire un pont d'or aux troupes de Leterme, au moment où la campagne des régionales 2009 se profile. En attendant, le VLD tente aussi de démontrer que les démocrates-chrétiens sont dispensables.
Sur le terrain de la tripartite, le CD&V fait la même allergie. « La piste qui conduirait dans un premier temps à voir un gouvernement violet suivi quatre mois plus tard d'une tripartite englobant le CD&V est une construction que nous ne soutenons pas », a ainsi déclaré le sénateur Hugo Vandenberghe, dans la foulée de la réunion de groupe CD&V de la Chambre et du Sénat, jeudi matin. Motif : « Ou bien vous êtes dans la majorité ou bien dans l'opposition, mais pas quelque part entre les deux. Les enfants peuvent croire à Saint Nicolas mais nous n'y croyons pas. »
Son collègue Tony Van Parys comme le ministre-président flamand, Kris Peeters, ajoutent : « Je pense que nous devons aller vers un gouvernement disposant d'une large majorité. » Pour, bien sûr, réaliser une réforme de l'État.
Au cabinet de Guy Verhofstadt lui-même, on affirme que « toutes les options restent ouvertes ». Et au MR, on n'apprécie pas davantage, et c'est peu dire, l'idée de la tripartite traditionnelle.
Parmi les pistes envisagées par Verhofstadt, celle d'un gouvernement violet (rouge-bleu) « réaménagé » – ce qui ne signifie pas élargi à certains partis d'opposition – et disposant d'« appuis extérieurs » pour voter certains dossiers urgents (touchant les produits énergétiques, la réforme fiscale…). Histoire, selon l'expression de Didier Reynders, d'arrêter « le compteur » de la crise.
Dans un deuxième temps, il s'agirait de former un nouveau gouvernement. Et ce gouvernement ne serait certainement pas, selon un avis libéral francophone cette fois, une tripartite classique : le MR n'en veut pas plus que le VLD. L'autre option bleue étant un gouvernement asymétrique, entre ses ailes nord et sud, excluant par exemple les humanistes du CDH.
Et si ce futur nouveau gouvernement dispose de la majorité des deux tiers, la Convention nord-sud pour réformer l'État sera morte : la nouvelle coalition s'en chargera elle-même…
Jeudi, Guy Verhofstadt réfléchissait à tout cela. Avant de s'envoler, ce vendredi après-midi, vers Lisbonne et le sommet Europe-Afrique. Dimanche, de retour au pays, il pourrait livrer le premier résultat de ses cogitations…
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