lundi, 03 décembre 2007
Ouverture du procès des incendiaires d'un bus marseillais
AIX-EN-PROVENCE, Bouches-du-Rhône (Reuters) - Le procès de six des huit adolescents impliqués dans l'incendie d'un autobus en octobre 2006 à Marseille s'est ouvert à huis clos devant la cour d'assises des mineurs d'Aix-en-Provence.
Les prévenus, qui étaient âgés de 16 à 18 ans au moment des faits, sont jugés jusqu'à vendredi pour "incendie volontaire ayant entraîné une infirmité ou une mutilation volontaire".
Ils encourent une peine de trente ans de réclusion criminelle. Le verdict est attendu vendredi soir.
Le principale victime de l'incendie, Mama Galledou, a été brûlée sur 62% de la surface du corps.
"Elle attend de ce procès une vérité, autre chose que des excuses convenues", a expliqué son avocat, Me Alain Molla.
"Elle n'a eu aucune réponse à ses questions au premier procès. Elle en espère davantage au second", a-t-il ajouté.
L'audience s'est ouverte avec la sélection des neuf jurés. Le président devait ensuite lire l'ordonnance de mise en accusation avant de procéder, dans l'après-midi, à l'audition de Mama Galledou par un système de visioconférence.
Ce dispositif a déjà été employé lors du procès des deux autres prévenus de moins de 16 ans qui ont été condamnés, le 28 septembre, à huit ans de réclusion criminelle par le tribunal pour enfants de Marseille. Leur procès en appel se tiendra du 6 au 8 février 2008.
Pour Me Molla, Mama Galledou "veut une nouvelle fois décrire l'horreur du feu. Elle veut le dire et qu'ils l'entendent".
"Son témoignage au premier jour du procès est peut-être le meilleur moment pour choquer les mémoires", a-t-il précisé.
QUI A CRAQUE L'ALLUMETTE ?
Dans le box des accusés figurent ceux qui détiennent les éléments de réponse que réclame la victime. L'instruction n'a pas permis de définir avec certitude le rôle de chacun des adolescents, notamment celui qui a procédé à la mise à feu du bus.
"Les jeunes ont du mal à cerner leur participation à cette action de groupe qui a dérapé. Pour autant, il est faux de croire qu'ils ont peur de parler", a déclaré Me Dominique Mattéi, défenseur de l'un des principaux protagonistes de l'affaire.
"On ne sait pas qui a craqué l'allumette, mais il ne faut pas en tirer la conclusion qu'une loi du silence unit les accusés", a-t-il ajouté.
Selon l'instruction, l'incendie du bus 32, le 28 octobre 2006 dans les quartiers nord de Marseille, a été mûrement réfléchi par les huit incendiaires, tous mineurs au moment des faits.
Certains avocats de la défense craignent que le climat de violences urbaines - avec les incidents il y a une semaine en grande banlieue parisienne à Villiers-le-Bel, dans le Val-d'Oise - ne pèse sur le procès d'adolescents qui ne sont pas, à leurs yeux, "des marginaux mais des enfants normaux".
"Je ne souhaite pas que la décision de Marseille soit un préalable à ce qui va venir, à savoir une peine plancher de référence", a dit Me Thierry Ospital, l'avocat de l'un d'eux.
Selon Me Molla, la jeune femme âgée aujourd'hui de 27 ans n'attache aucune importance à la sévérité de la peine.
"Que ces agresseurs prennent quelques mois de prison ou beaucoup d'années a peu d'intérêt. Cela ne lui rendra pas sa santé", a-t-il dit. "Ce procès n'est qu'un élément de sa reconstruction".
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