vendredi, 16 novembre 2007
Belgique en crise: l'impasse totale
BRUXELLES Une trêve durable. C'est désormais ce que tous les ténors espèrent pour pouvoir, enfin, entrer dans un débat de fond, loin des ukases et autres actes profondément vexatoires.
Quand arrivera-t-elle ? Plus personne ne se hasarde au pronostic. On avait cru en percevoir l'amorce, mardi, lorsque le Souverain a reçu les présidents de l'hypothétique Orange bleue.
La journée de mercredi aura réduit à néant les espérances. La gaffe d'Armand De Decker (MR) le matin, puis - surtout - le dossier des bourgmestres de la périphérie qui a réexplosé le soir ont remis un sérieux coup de frais sur les petites tentatives qui s'esquissaient en coulisses. Bref, on est resté bien loin de l'apaisement réclamé.
Les partis francophones ont été unanimes, hier, pour condamner le refus du ministre de l'Intérieur flamand, Marino Keulen (Open VLD), de nommer les trois maïeurs concernés.
Le MR est resté aux premières loges, puisqu'ils sont tous trois membres. Son président, Didier Reynders, les a d'ailleurs rencontrés en fin de journée, une fois les festivités de la fête du Roi achevées.
Le même réunira encore ses parlementaires, ce matin, à 10 heures, pour prendre le pouls. Après quoi il pourrait convoquer le front francophone, geste auquel tous les autres partis l'invitent désormais, y compris le FDF.
Mais se réunir pour faire quoi ? Sans doute, d'abord, pour envisager ensemble la meilleure façon de défendre les bourgmestres mis à mal.
Il pourrait ensuite s'agir d'envisager la voie la plus opportune pour répondre à l'appel au dialogue lancé par le Roi en personne mardi soir. Et, enfin, de voir où en est cette fameuse commission Wallonie-Bruxelles destinée à réfléchir au destin des francophones et à leurs structures, annoncée à grands fracas en septembre dernier.
Mais pour cela, il faut aussi du calme retrouvé. Y compris parmi les francophones, entre lesquels le climat a nettement fait son retour à l'orage depuis vendredi passé. En plein vote de la riposte au vote flamand sur BHV, le PS s'était alors interrogé sur d'éventuelles manoeuvres de coulisses du MR. Ce qui avait remis le feu aux poudres.
L'Open VLD s'y met aussi
Et dans tout cela, l'Orange bleue reste-t-elle d'actualité ou a-t-elle, elle aussi, été emportée par la tornade ? Aussi étonnant cela puisse-t-il paraître, le scénario demeure. Aucune voix, en tout cas, ne s'est élevée au sein des partis concernés pour passer à autre chose.
Reste que les relations se complexifient. Car les deux derniers gestes forts en date - vote sur BHV et refus de nomination des bourgmestres - sont venus de l'Open VLD, pas du cartel CD & V/NV-A.
Simple jeu de musculation d'un parti libéral flamand qui a abandonné sa ligne douce des Verhofstadt et consorts ? Possible. Mais cela ne facilite guère les choses au sein de la famille, elle qui avait semblé plus unie que les chrétiens-humanistes depuis le lendemain des élections.
La clé de la crise pourrait-elle, cette fois, venir du formateur ? Yves Leterme (CD & V/NV-A) a assisté aux festivités royales dans le plus pieux des silences, hier. Mais personne ne l'exclut, "même si l'habileté n'a pas particulièrement été sa marque de fabrique, depuis cinq mois ", fait remarquer ce ténor.
"N'oubliez pas non plus que l'appel au dialogue est venu du Roi ", souligne ce cacique. "Si l'échec est constaté, ce sera aussi, par ricochet, celui du Palais ." Ce qui serait, ici aussi, pas loin d'être une première. Très dangereuse alors de conséquences...
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