jeudi, 15 novembre 2007
Belgique çà va de plus moribond:Les trois maïeurs francophones ignorés
Le ministre flamand des Affaires intérieures, Marino Keulen, ne nommera pas les bourgmestres francophones de Crainhem, Linkebeek et Wezembeek-Oppem. Il demande au conseil communal de ces trois communes à facilités de la périphérie bruxelloise de présenter un autre candidat au maïorat.
Le président du MR, Didier Reynders se refuse à commenter à ce stade la décision du ministre flamand des Affaires intérieures, le libéral flamand Marino Keulen de ne pas nommer trois bourgmestres francophones dans la périphérie bruxelloise.
A la présidence du MR, on renvoyait jeudi matin aux déclarations d'Olivier Maingain.
Le vice-président du MR et président du FDF, Olivier Maingain rappelle en effet que le vote du 7 novembre sur la scission de BHV était d'une gravité exceptionnelle. Il précise que la décision du ministre Keulen de ne pas nommer les bourgmestres francophones "est pire encore" car "on s'en prend cette fois à la démocratie et au suffrage universel".
M. Maingain a encore qualifié la décision du ministre Keulen "d'affront contre les francophones et la démocratie".
Le président du FDF a appelé les partis francophones à se réunir avec l'UF (la liste d'Union des francophones dans la périphérie) pour élaborer une position et une riposte communes.
« Arguments juridiques »
Le ministre flamand des Affaires intérieures, Marino Keulen sa décision de ne pas nommer les bourgmestres francophones de Crainhem, Linkebeek et Wezembeek-Oppemsur des arguments juridiques et non politiques, a-t-il affirmé dans un communiqué. Il dit s’appuyer sur les avis que lui a remis le gouverneur de la province de Brabant flamand.
M. Keulen invoque une série de faits liés d’une part à l’organisation des élections communales d’octobre 2006 et législatives du 10 juin dernier et d’autre part à la tenue des conseils communaux extraordinaires du 22 octobre. Selon lui, les trois maïeurs ont démontré qu’ils ne souhaitaient pas respecter la loi.
Lors de la préparation des élections communales de l’an passé, les quatre bourgmestres n’ont pas suivi la circulaire Peeters et ont envoyé directement les convocations électorales dans la langue de l’habitant, c’est-à-dire en français pour les habitants francophones. Trois maïeurs, à savoir ceux de Wezembeek-Oppem, de Crainhem et de Linkebeek, ont fait de même pour le scrutin du 10 juin.
Le 22 octobre dernier, les majorités francophones à Wezembeek-Oppem, Crainhem et Linkebeek ont convoqué des conseils communaux extraordinaires au cours desquels des motions demandant l’élargissement de la Région bruxelloise, la tenue de réunions du conseil en français, et et la nomination des bourgmestres suspendus ont été votées.
« Ces points ne relèvent pas de la compétence du conseil communal et étaient exclusivement destinés à provoquer les Flamands », estime M. Keulen.
Le ministre avance en outre une violation de la loi puisque le français a été utilisé au cours des différentes réunions. Or, les trois bourgmestres n’ont soit rien fait pour empêcher l’utilisation du français, soit déclaré qu’ils savaient ce qu’ils faisaient, contre le prescrit de la loi, mais ne feraient rien pour l’empêcher, a expliqué M. Keulen.
A la suite de ces différents faits, M. Keulen avait demandé une enquête au gouverneur de Brabant flamand.
Le ministre s’en est pris en outre plus particulièrement à François van Hoobrouck, bourgmestre de Wezembeek, et à ses déclarations après le vote intervenu en Commission de l’Intérieur de la Chambre sur l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Il avait évoqué un « état de guerre », considéré les Flamands comme des ennemis et annoncé qu’il ne se sentait plus obligé de suivre la loi, a fait remarquer le ministre.
Nomination à Rhode-Saint-Genèse
La bourgmestre de Rhode-Saint-Genèse, francophone également, sera quant à elle nommée.
Elle avait quant à elle suivi la circulaire Peeters lors des élections du 10 juin et « n’a pas collaboré au cirque du 22 octobre », a souligné M. Keulen. Elle était en effet intervenue lorsque des conseillers communaux avaient pris la parole en français et avait finalement suspendu la séance.
« Ces décisions ne sont pas motivées par les positions politiques des candidats-bourgmestres. Adopter un point de vue politique qui est diamétralement opposé aux points de vue du gouvernement flamand ne peut constituer un obstacle à la nomination d’un bourgmestre. Comme le fait également le gouverneur dans ses avis, le ministre Keulen fonde ses décisions sur des bases juridiques et non politiques », a-t-il expliqué dans un communiqué.
Il a reproché aux trois maïeurs d’avoir montré à plusieurs reprises et de manière provocante qu’ils ne souhaitaient pas respecter les règles d’un Etat de droit et les principes d’une bonne gestion. Or, il s’agit là, d’après lui, des piliers de la démocratie.
« En tant que ministre des Affaires intérieures et démocrate convaincu, je ne peux pas faire autrement que de ne pas nommer les candidats bourgmestres de Crainhem, Linkebeek et Rhode-Saint-Genèse », a-t-il conclu.
Cette décision prise par le ministre flamand ne va pas simplifier la formation d’un gouvernement orange bleue. La nomination des quatre bourgmestres de la périphérie à laquelle n’avait toujours pas procédé le gouvernement flamand faisait partie de la position que les partis francophones à la négociation avaient transmise le 16 août au formateur Yves Leterme.
Le maïeur de Crainhem inquiet
« Après le vote de la Commission de l’Intérieur de la Chambre sur la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde, c’est le deuxième acte que les Flamands posent à notre encontre. Après la première décision, nous espérions toutefois encore un geste positif. Je suis inquiet pour l’avenir de ce pays », a indiqué mercredi le bourgmestre de Crainhem faisant fonction, Arnold d’Oreye de Lantremagne. Tout comme ses vis-à-vis de Wezembeek-Oppem et de Linkebeek, il n’a pas été nommé comme bourgmestre mercredi soir par le ministre flamand des Affaires intérieures, Marino Keulen.
Arnold D’Oreye de Lantremagne n’a pas encore décidé s’il allait faire appel ou si un autre candidat-bourgmestre allait être proposé. « Je viens d’apprendre la nouvelle. Je dois encore en discuter avec mes collègues et avec le président du parti. Je trouve certaines dispositions de l’arrêté peu correctes notamment la mention selon laquelle je n’aurais pas les caractéristiques intellectuelles pour devenir bourgmestre. Après le tollé qu’avait suscité l’envoi des convocations électorales, le procureur-général avait pourtant estimé en début d’année que je pouvais être nommé bourgmestre », ajoute Arnold d’Oreye de Lantremagne.
François Van Hoobrouck, bourgmestre faisant fonction de Wezembeek-Oppem, ne voulait pas faire de commentaires ce mercredi soir. Il souhaite d’abord considérer les aspects juridiques de l’arrêté.
« C’est machiavélique »
La décision du ministre des Affaires intérieures flamandes Marino Keulen (Open VLD) de ne pas nommer 3 des 4 bourgmestres des communes à facilités, dont la nomination était suspendue, est machiavélique. Elle met en péril le travail des réconciliateurs MM. Van Rompuy et De Decker, a affirmé mercredi soir le bourgmestre de Linkebeek Damien Thiéry (MR).
« Si cette décision se confirme, c’est machiavélique car c’est une manière de tenter de créer une brèche dans le front francophone. Mais la prendre maintenant, c’est aussi mettre en péril le travail des réconciliateurs Herman Van Rompuy et Armand De Decker », a commenté Damien Thiéry.
Souhaitant se donner le temps de procéder à un examen juridique de la décision dont il attend la confirmation officielle, Damien Thiéry a estimé que celle-ci pourrait néanmoins renforcer le front francophone des communes à facilités.
« Je trouve incroyable que dans un pays comme la Belgique vanté comme modèle de démocratie en Europe, on balaie ainsi le point de vue d’un bourgmestre qui a recueilli à lui seul 40 % des voix de sa commune et de sa liste qui a obtenu quant à elle 66 % des suffrages. Voilà qui risque de provoquer des remous », a-t-il ajouté.
Selon lui, un autre problème politique ne manquera pas de surgir : la majorité du conseil communal ne veut pas proposer quelqu’un d’autre que lui au poste de bourgmestre.
« Jusqu’à présent, je me suis toujours porté garant du bon déroulement des choses dans ma commune, mais avec une telle décision, je ne peux plus rien garantir », a-t-il conclu, dans une première réaction.
Damien Thiéry a enfin fait savoir qu’il comptait introduire un recours, concerté ou non, contre la décision du ministre Keulen.
(D’après Belga)
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