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vendredi, 07 septembre 2007

Le corps de Pavarotti transféré à la cathédrale de Modène

MODENE, Italie (Reuters) - Le plus célèbre des chanteurs d'opéra de sa génération, l'Italien Luciano Pavarotti, est décédé jeudi dans sa ville natale de Modène après un long combat contre le cancer. Il avait 71 ans.

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Des aficionados du ténor ont applaudi au passage du fourgon mortuaire, lorsqu'il est arrivé à la cathédrale de Modène. La dépouille mortelle de Pavarotti sera exposée à son public jusqu'à ses funérailles prévues samedi aux alentours de 13h00.

A l'intérieur de la cathédrale du XIIe siècle, un flux d'aficionados en deuil a défilé pour une veillée funèbre devant le cercueil ouvert, s'arrêtant un instant pour un dernier hommage, alors que sa veuve et d'autres membres de la famille se tenaient en silence à proximité.

Son état de santé s'était détérioré depuis un an mais l'annonce du décès de l'imposant ténor à la barbe noire, surnommé "Big Luciano", a suscité une grande émotion. Artistes, impresarios, critiques mais aussi des fans qui pouvaient à peine s'offrir des places pour assister à ses prestations ont exprimé leur grande tristesse.

"Il est l'un des rares artistes à avoir touché la vie des gens de tous milieux à travers le monde", souligne dans un communiqué le Royal Opera House de Covent Garden, à Londres.

"A travers les nombreuses émissions auxquelles il a participé, ses enregistrements et ses concerts, il a fait connaître l'extraordinaire puissance de l'opéra à des gens qui peut-être n'auraient jamais connu l'opéra ou le chant classique. En faisant cela, il a enrichi leurs vies", poursuit le communiqué de Covent Garden.

SUPERSTAR

"Il y avait des ténors, et puis il y a eu Pavarotti", souligne le réalisateur italien Franco Zeffirelli. Le ténor espagnol Placido Domingo, qui avait chanté aux côtés de Pavarotti et de Jose Carreras dans le cadre de la tournée des "Trois ténors" retient, pour sa part, "sa voix divine" et son sens de l'humour.

Dans un communiqué, Nicolas Sarkozy rend hommage au "chanteur classique le plus connu au monde, la meilleure incarnation du grand ténor populaire depuis Enrico Caruso".

Alors que de nombreux chanteurs d'opéra sont restés enfermés dans une petit monde élitiste, les téléspectateurs du monde entier ont pu voir Pavarotti chanter aux côtés de Bono et de Sting lors de ses concerts caritatifs "Pavarotti and Friends".

Déjà très connu dans le monde l'opéra, il a accédé au statut de superstar planétaire après son concert dans les majestueuses ruines des thermes de Caracalla à Rome à l'occasion de la Coupe du monde de football disputée en Italie en 1990, concert suivi à la télévision par 800 millions de personnes à travers le monde.

Les ventes de disques d'opéra explosèrent après ce concert et l'air "Nessun dorma" de "Turandot", un opéra de Puccini, a trouvé sa place parmi les autres chants dans les stades.

Les habitants de Modène pleurent un homme qui était resté très attaché à sa ville natale, même après être devenu une star mondiale. Les obsèques du ténor seront d'ailleurs célébrées samedi dans cette ville du nord-est de l'Italie.

Venusta Nascetti, une habitante de Modène âgée de 71 ans qui avait l'habitude de servir des cafés à Pavarotti dans un bar de la ville lorsqu'il était adolescent, se souvient d'un homme "plein d'entrain, il avait un esprit enjoué".

Pavarotti a accédé à la notoriété un soir de 1963 à Covent Garden, où il avait remplacé à la dernière minute Giuseppe di Stefano dans "La Bohème" de Puccini. Il avait alors enthousiasmé le public et la critique.

DERNIER ACTE

En 1972, au Metropolitan Opera de New York - "chez moi", disait-il - il suscite le délire en enchaînant sans difficulté les neuf contre-uts de l'air "Ah mes amis, quel jour de fête" de "La fille du régiment" de Donizetti.

Il avait chanté une dernière fois en public à l'occasion de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Turin, en février 2006.

Le chanteur avait été opéré d'une tumeur au pancréas en juillet 2006 à New York. Il s'était ensuite retiré dans sa villa de Modène et devait, quelques mois plus tard, annuler sa première apparition en public depuis l'intervention.

"Il est resté optimiste, il était certain de pouvoir surmonter la maladie et était déterminé à revenir sur scène pour pouvoir achever sa tournée d'adieux", raconte son agent.

Pavarotti avait créé une école pour jeunes chanteurs à Modène il y deux ans et donnait plusieurs heures de cours par jours dans sa villa de vacances à Pesaro, sur la côte adriatique, jusqu'à encore quelques semaines avant sa mort.

Selon son agent, le chanteur avait pour projet de terminer un enregistrement de chants sacrés et de dévoiler la prochaine étape d'un concours international portant son nom destiné à révéler les plus belles voix.

En 2003, Pavarotti avait épousé Nicoletta Mantovani, son assistante, de 34 ans sa cadette et plus jeune que les trois filles nées d'une première union du ténor.

Sa nouvelle épouse attendait des jumeaux, un garçon et une fille, mais à la suite de complications le garçon est mort-né, une nouvelle épreuve pour le chanteur qui avait reporté toute son affection sur la petite fille survivante, Alice, pour laquelle il avait enregistré son premier album solo depuis quinze ans, intitulé "Ti Adoro" ("Je t'adore").

Par Gilles Castonguay

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