jeudi, 06 septembre 2007
La Wallonie sourit à l'investisseur
Le nombre de dossiers en gestation a explosé", affirme Bernard Hanin (ex-Awex).
"Bruxellois, Flamands et Wallons forment une fratrie, ils doivent s'entendre", dit-il.
Nicolas Janssens
Entretien
Directeur général sortant de l'Agence wallonne à l'exportation et aux investissements étrangers, Bernard Hanin, qui a voué toute sa carrière au commerce extérieur (Indosuez, BBL, Cockerill-Sambre, etc.) a retrouvé depuis le 1 er septembre une activité de consultant-expert indépendant (Biach International).
Maître de conférences à l'UCL, il "coache" également des étudiants en entreprises.
Quel bilan dressez-vous de votre activité à l'Awex ?
Quand je suis arrivé aux affaires en 1999, on faisait aboutir 20 à 25 dossiers par an contre 40 aujourd'hui. Non seulement le volume de dossiers en gestation a explosé mais le nombre d'emplois par dossier réussi a grimpé : il était de 17-18 en moyenne, il est de 26,5 à ce jour. Cela peut paraître peu mais c'est en réalité énorme. Finie l'époque où boucler un dossier rapportait d'un coup 1 000 emplois ! Aujourd'hui, l'investissement étranger est considéré, même si notre action est davantage appréciée hors de la Wallonie que dedans ! Pour rappel, le dernier classement Ernst & Young a placé la Belgique en 5e position, après l'Angleterre, la France, l'Allemagne et l'Espagne. La Wallonie arrive en dixième position des régions et la Flandre en huitième. La progression est plus nette chez nous. En son temps, alors qu'avait été mise en place une cellule de liaison fédérale où les trois régions discutaient des actions communes, des missions, etc., plus d'une fois, les Flamands ont salué notre avance.
L'arrivée de Google dans le Borinage, c'est votre plus beau dossier ?
Autant le dossier "Etoys" m'a surpris - du nom de la société américaine qui s'est retirée après trois mois lorsqu'a éclaté la bulle Internet -, autant le dossier Google prouve qu'on a eu raison de se battre pendant dix-huit mois. Pensez-vous : 250 millions d'euros d'investissement et 120 emplois fois quatre dans les années à venir en principe, une concurrence suédoise, française et flamande énorme, etc. Outre le fait que 90 hectares ont pu être mis à disposition, l'ensemble des partenaires économiques et sociaux ont fait un travail d'accueil exceptionnel.
Les tensions politiques ne vont-elles pas mettre en péril la relative harmonie entre les régions ?
Bruxellois, Flamands et Wallons forment une fratrie, ils doivent s'entendre. On a mis vingt ans pour séparer Leuven et Louvain-la-Neuve est aujourd'hui une réussite. Avec trois régions fortes et la survivance du nom Belgique, on devrait pouvoir continuer à avancer.
N'oublions pas que la Belgique est le centre de l'Europe et que la Wallonie est le "jardin de Bruxelles". Nous avons absolument besoin de la capitale pour rayonner à l'étranger et des missions chapeautées par le fédéral, même si chacun est dans son pré et travaille à sa manière.
La Belgique est-elle assez attractive ? Que faire pour la "doper" ?
La Belgique a de l'engineering à revendre, dans le domaine fiscal notamment ! Même les Hollandais envient notre ruling et nos intérêts notionnels. Heureusement, tout exportateur potentiel qui arrive en Wallonie, non seulement trouve jusqu'ici de la place, mais se sent aussi soutenu.
La cadence pourra-t-elle être maintenue à l'avenir ?
La Wallonie est sur la carte de l'investisseur étranger et lui sourit. Il y a à ce jour 210 dossiers en gestation. Vu qu'on en réussit en moyenne un sur trois, on peut tabler sur 50 à 70 dossiers bientôt finalisés, c'est encourageant !
La Chine représente-t-elle toujours un grand espoir ?
Oui ! Ces dix dernières années, on a assisté à une vague impressionnante d'exportations vers la Chine et, à présent, on ressent l'effet bénéfique en retour. Une dizaine de dossiers chinois sont à l'étude, c'est du jamais vu ! Charleroi est concerné au premier chef ainsi que Liège. Lorsque les Chinois auront investi chez nous, ils deviendront exportateurs wallons, ne l'oublions pas !
Quels sont nos handicaps ?
Incontestablement, les problèmes de compréhension, aux niveaux politique et fiscal. On remet chaque fois une couche sans effacer ce qui existait. Chacun se bat pour défendre son petit territoire. On ne parle pas assez d'une seule voix à l'investisseur étranger. Le rôle centralisateur de l'OFI a été apprécié.
La vacance du pouvoir au niveau fédéral perturbe-t-elle les investisseurs ?
Je ne l'ai pas encore ressenti. Leur but, c'est avant tout de faire des affaires après avoir soupesé nos atouts. Ceux-ci sont réels.
Et les "affaires" ? Charleroi ?
Google a traité avec nous pile à ce moment. Jamais un mot.
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