mercredi, 17 janvier 2007
Pétrole contre nourriture": un ex-directeur de l'ONU accusé de corruption
NEW YORK (AFP) - L'ex-directeur du programme "Pétrole contre nourriture" de l'ONU en Irak, le Chypriote Benon Sevan, a été accusé mardi de corruption par un tribunal new-yorkais qui a lancé un mandat d'arrêt international contre lui.
Selon le chef d'accusation, M. Sevan aurait reçu 160.000 dollars du gouvernement irakien par l'intermédiaire d'Ephraim Nadler, autre Chypriote également accusé mardi.
Benon Sevan, âgé de 69 ans, risque 50 ans de prison. Il avait démissionné de l'ONU en août 2005 après après été mis en cause par la commission d'enquête dirigée par l'ancien banquier américain Paul Volcker. Il avait alors quitté New York pour Chypre.
Dans un communiqué, l'avocat américain de Benon Sevan a réfuté les accusations à l'encontre de son client qu'il a qualifiées de "sans fondement". "La justice américaine a décidé de faire de M. Sevan un bouc-émissaire et de l'utiliser pour détourner l'attention des échecs et de la mauvais gestion américaines en Irak", indique-t-il dans le communiqué.
"Ces accusations ne changent rien au fait que M. Sevan n'a toujours agi qu'en faveur de l'intérêt du programme "Pétrole contre nourriture" et des Nations unies", poursuit le texte.
Son co-accusé Ephraim Nadler est le beau-frère de l'ancien secrétaire général de l'ONU Boutros Boutros-Ghali, qui n'est pas impliqué dans le scandale. M. Nadler risque une peine de 112 années de prison.
La justice américaine a émis des mandats d'arrêt internationaux pour MM. Sevan et Nadler et réclame leur extradition.
"Le programme +Pétrole contre nourriture+ a été mis en place pour fournir de l'aide humanitaire au peuple irakien et non pour aller dans les sacoches de fonctionnaires corrompus", a dit le juge Robert Morgenthau.
La justice américaine a accusé de corruption au total 14 personnes dans cette affaire.
Un porte-parole de l'ONU, Farhan Haq, a indiqué que le secrétaire général, Ban Ki-moon, qui se trouvait mardi à Washington pour des entretiens avec le président George W. Bush et des membres du Congrès, "tient à dire que les Nations unies ont coopéré avec les autorités en ce qui concerne le suivi du rapport Volcker et (...) vont continuer à le faire".
M. Ban réitère l'engagement de l'ONU à respecter "les critères d'éthiques les plus élevés", a ajouté le porte-parole.
Interrogé sur une éventuelle intervention de l'ONU en faveur d'une extradition, M. Haq a répondu que "légalement, l'extradition est une affaire bilatérale entre les pays".
Le programme "Pétrole contre nourriture" avait été établi par le Conseil de sécurité. Il avait permis à l'Irak de vendre sous contrôle des Nations unies, de 1996 à 2003, des quantités limitées de pétrole et d'acheter en échange des biens pour sa population, alors que le pays était soumis à un embargo international après l'invasion du Koweït.
Mais le gouvernement irakien avait perverti le système et plusieurs milliards de dollars avaient été détournés. Le scandale avait été révélé en janvier 2004.
Une commission indépendante d'enquête dirigée par l'ancien banquier fédéral américain Paul Volcker avait été mise sur pied. Elle a produit plusieurs rapports d'enquête dans lesquels elle détaillait de nombreuses faiblesses et erreurs dans la gestion du programme par l'ONU, ainsi que des cas de corruption.
Plusieurs gouvernements ont lancé des enquêtes sur certains de leurs ressortissants à la suite de ces rapports.
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