mercredi, 30 avril 2008
Bruxelles: Les "sans-papiers" malmenés
MARDI, LA POLICE a interpellé 130 manifestants devant l'Office des étrangers à Bruxelles. La moitié, sans papiers, risquent l'expulsion. Parallèlement, une centaine de manifestants se sont rassemblés cette nuit, jusqu'à 5 heures du matin, derrière le Palais de justice pour réclamer leur libération. Deux avocats qui les accompagnaient ont été malmenés par la police.Mardi, 16 h, au pied de l'Office des étrangers à Bruxelles. Des policiers embarquent un groupe de manifestants. Partout des cris et des scènes de violence. Trois fourgons se remplissent, 130 personnes sont arrêtées, dont 90 sans-papiers, parmi lesquels plusieurs enfants, 10 étudiants de l'ULB et 30 autres personnes en situation irrégulière.
Comme chaque semaine ou presque, les manifestants s'étaient rassemblés devant l'Office des étrangers, à l'initiative des collectifs de défense des sans-papiers, pour demander un dialogue sur la politique de régularisation. Chaque semaine, les autorités les laissent faire. Mais pas cette fois.
« Nous autorisons les manifestations dès que nous pouvons. Mais dans ce cas nous n'avons pas reçu de demande. Et les manifestants ont planté des tentes avec l'intention de rester là 24h. Les conditions sécuritaires et sanitaires n'étaient pas respectées », affirme le porte-parole du bourgmestre (PS) de Bruxelles. À la police, on indique que l'évacuation des lieux avant 16h a d'abord été demandée, sans succès. Les policiers seraient donc intervenus vers 17h. Mais du côté du mouvement des sans-papiers, la version est toute autre. Eux affirment avoir déposé une demande d'autorisation à la commune et à la police. Et dénoncent des arrestations violentes, alors que la manifestation était pacifique.
Transferts en centres fermés
Toutes les personnes arrêtées ont été transportées illico dans des cellules situées au Palais de Justice. Parmi elles, Alain Adriaens, conseiller communal Écolo d'Ixelles et ancien député. Il se dit scandalisé : « Nous avons été pris dans une souricière. À aucun moment la police ne nous a demandé de nous disperser. Et une fois en cellule, j'ai vu que la police faisait le tri entre ceux qui avaient des papiers et pouvaient sortir, et les sans-papiers. » Selon l'Écolo, « la commune de Bruxelles a d'abord promis la libération de tous, puis a tout à coup indiqué qu'elle n'avait plus les manettes mais que c'était l'Office des étrangers qui avait le contrôle des opérations. »
À l'Office des étrangers, on indique qu'il ne s'agit que d'arrestations administratives. Mais que les sans-papiers sous le coup d'un ordre de quitter le territoire pourront être mis en centres fermés et que les dossiers seront traités au cas par cas. Pour les militants du mouvement de défense des sans-papiers, il s'agit d'une « rafle ». Et d'une tentative claire de couper la tête de leur mouvement. « Nous sommes quatre porte-parole de l'Udep (Union de défense des sans-papiers) sur cinq à être détenus dont trois sans papiers », indiquait mardi, depuis sa cellule, Gerardo Cornejo, à l'origine de la grève de la faim initiée, rue Royale il y a quelques mois. À l'extérieur, le reste des troupes s'est rassemblé, en soirée, devant le Palais de Justice. Et a tenté de joindre l'Office des étrangers. En vain.
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