dimanche, 03 août 2014
Opinion : le fameux procès de Karim Wade tant attendu et tant redouté par les libéraux, est enfin arrivé… (Son Excellence Cheickh Sadibou DIALLO)
«Tout ce qui grouille, grenouille et scribouille, n’a pas de conséquences historiques, dans ces grandes circonstances, pas plus que cela n’en eut jamais dans d’autres». Charles de Gaulle.
Depuis l’incarcération de Mr Karim Wade, ancien Ministre d’Etat, ministre de la Coopération internationale, ministre des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, ministre des Transports aériens, ministre des Infrastructures, ministre de l’Energie, sans précédent dans les annales politiques universels, les libéraux très agités n’ont eu cesse de fulminer qu’il n’y aurait pas de procès Karim. Pourquoi toute cette agitation s’ils n’ont rien à se reprocher ? Mais la réalité de ce jour magique de l’ouverture du procès tant attendu, est à marquer d’une pierre blanche dans notre histoire politico-judiciaire. En extirpant définitivement de ses mœurs ses démons, que constituent le détournement des deniers publics et les scandales financiers, le Sénégal sera à la hauteur de cet évènement exceptionnel. C’est toute l’ordonnance de l’œuvre du Président Henri Grégoire Diop, homme pétri d’expérience et de ses assesseurs. Cette action judiciaire qui découle d’un long processus est l’aboutissement des opiniâtretés, inlassablement formulées par le peuple sénégalais, depuis son accession à l’indépendance. Toutes les ébauches, pour lutter contre ses démons précités des régimes qui se sont succédé à la tête du Sénégal de 1960 à nos jours, ont été vouées à l’échec.
Sans vouloir émettre une culpabilité quelconque, de par le respect de cette présomption d’innocence, il me paraît important de rappeler aux Sénégalais que la Cour de Répression de l’Enrichissement illicite, est née d’une loi du 10 juillet 1981, promulguée, pour la première fois au Sénégal, par le Président Abdou Diouf. Cette loi avait pour visée de lutter contre l’argent facile et de condamner les démolisseurs de la République. Deux affaires avaient, à l’époque, pu être élucidées dans la douleur. Cependant, notre distingué ancien Chef d’Etat n’avait pas hésité à avouer publiquement sa désillusion, en ces termes : « Parce que je n’ai pas été suivi, la cohésion sociale a été trop forte, je me suis rendu compte que ceux que je pouvais accuser même de corruption, partageaient cet argent avec la famille et toutes les concessions, toutes les classes de gens qui, évidemment, se liguaient. C’est la période où j’ai eu la campagne de presse la plus dure contre moi, autour de la corruption (…) Alors qu’il y avait dans la loi des délits de corruption qu’on pouvait sanctionnés, que l’on ne sanctionne jamais ! Et comme je ne peux pas obtenir des aveux ni du corrupteur, ni du corrompu, je me suis basé sur les signes extérieurs de richesse. Il faut que la personne incriminée, puisse prouver comment elle a réussi à avoir cette voiture rutilante, comment elle a pu avoir toutes ces villas, compte tenu du niveau de son salaire… Mais j’ai subi un blocage total, de la part des magistrats et des policiers de l’époque, chargés de l’enquête. De grands Chefs religieux se sont même déplacés jusque chez moi, pour me demander de céder sur tel ou tel point…et ils sont repartis fâchés contre moi. C’est pourquoi cette loi, sous mon magistère, est restée lettre morte ».
Sans jamais été abrogée, la loi créée par Abdou Diouf a aussitôt été mise sous le boisseau par Abdoulaye Wade dès son accession au pouvoir. Etait-ce là, un avant-goût, nous alertant la genèse d’une gestion infernale des affaires de la cité ? La résultante ne nous a point disconvenues, de par les interminables branle-bas qui ont rythmé le régime du successeur du dauphin de Léopold Sédar Senghor. Malgré toutes les divagations faisant semblant de vouloir sanctionner les détournements de deniers publics et autres crimes économiques, l’ancien Président, au lieu de réactiver notamment la CREI, avait préféré jeter son dévolu sur d’autres structures : la CVCEP, Cour de vérification et de contrôle des établissements publics, l’IGE, l’Inspection Générale d’Etat, et le drastique régime de droit commun, qui s’applique à cette catégorie de transgressions. Méconnaître les limites de ces procédés juridiques et classiques pour sanctionner les responsables de telles concussions ou enrichissements illégaux, eu égard aux exemptions ou autres artifices dont peuvent jouir les personnages invoqués dans ces variétés d’affaires, est un jeu d’enfant. Trop souvent de simples corrélations, avec une kyrielle de recommandations sont posées sur la table du Chef de l’Etat, laissant à ce dernier la liberté suprême d’instruire des poursuites ou de classer. Alors que si le couple corrupteur-corrompu demeure muet, il est matériellement difficile voire impossible d’établir la caractérisation du délit.
Pour clore ma réflexion, je tiens à exprimer mes vives félicitations à l’un de mes fervents compagnons de lutte, Touradou Sow, membre de l’Apr – Section Strasbourg, émérite juriste, pour sa contribution très appropriée, intitulée : «Le sens du procès de Karim et Cie». Pour rendre hommage à son analyse pertinente j’ai, en tant que doyen, le devoir d’appuyer sa profonde introspection, à travers laquelle il nous démontre sa maîtrise du droit, la logique, la dialectique et la rhétorique, riches d’enseignements : « Devant un tel arsenal, on pouvait croire que notre système juridique à tout pour vaincre le délit d’enrichissement illicite, Mais la prolifération des scandales financiers ou autres détournements de fonds ces dernières années, nous obligent à penser le contraire. A vrai dire, ce ne sont point les lois qui nous manquent, mais une véritable volonté politique de les appliquer, afin de donner un signal fort aux délinquants à col ou grands boubous blancs. La démarche des Présidents Abdou Diouf et Macky Sall, d’instituer une Cour spéciale capable de faire face aux limites de notre système judéo-social, doit être impérieusement comprise sous cet angle.
La décision du Président Macky Sall de marcher sur les pas de l’actuel Secrétaire Général de la Francophonie, en faisant renaître la CREI, malgré la clameur stridente de certains hypocrites individus, est venue à son heure. Plus que jamais légale, sa conformité avec notre système de droit ainsi que son existence juridique ne font plus l’ombre d’un doute, depuis la décision du Conseil constitutionnel, sur la requête fantaisiste du l’ancien Président devant la Cour Suprême, aux fins de constater son inconstitutionnalité. Elle a été rejetée et le contrôle à priori de constitutionnalité n’est plus d’actualité, la loi étant promulguée ».
Pour l’honneur du Sénégal, la CREI, autant que jamais légale, va sereinement effectuer son travail et rendre son verdict, afin que toute la lumière soit enfin faite ! Tous les Sénégalais, j’en ai l’intime conviction, ont parfaitement confiance en la justice de leur pays.
Son Excellence Monsieur Cheickh Sadibou DIALLO
Conseiller Spécial du Président de l’APR
Administrateur de la DSE APR France
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